Fates

Crimson Sun

24/01/2020

Autoproduction

La Finlande et ses quatre milles groupes de Metal et assimilés pour un si petit pays. On en connaît évidemment une grosse poignée, AMORPHIS, CHILDREN OF BODOM, NIGHTWISH, APOCALYPTICA, IMPALED NAZARENE, ENSIFERUM, HIM, LORDI, BEAST IN BLACK, SONATA ARCTICA, pour les plus connus évidemment, mais il est toujours incroyable de constater la productivité musicale d’une terre d’à peine 338 145 km2 qui fut un temps n’était qu’une petite anecdote dans la grande saga du Rock et du Metal. Aujourd’hui, plus personne ne regarde la Finlande avec condescendance, loin de là, et chaque groupe émergeant est traité avec curiosité et intérêt, puisque tout le monde sait très bien de quoi les musiciens locaux sont capables. Aujourd’hui, nouvelle/ancienne entrée à ajouter à cette longue liste de réussites avec les locaux de CRIMSON SUN, qui s’ils ne sont pas forcément les porte-étendards d’une nation ont les arguments pour la défendre sur la scène internationale avec leur Metal bien dans son époque qui pourtant ne date pas d’hier. Formé en 2001 sous un nom inconnu, puis transformé en LUCRETIA de 2003 à 2004 avant de se baptiser CRYPTIC, puis CRIMSON en 2005, pour finir par y accoler SUN et devenir CRIMSON SUN, ce quintet a donc connu un parcours assez chaotique avant de connaître son ultime métamorphose il y a quinze ans. Durant ces quinze années, le groupe a donc tapé un peu de tous les côtés, utilisant les démos pour se faire connaître avant de lâcher un premier EP en 2013 avec The Border, mais surtout, un premier longue-durée deux ans plus tard et Towards the Light. Un autre format court vit le jour en 2017, The Spirit of Unchainable, mais trois ans plus tard, c’est un nouveau LP qui tape le marché, ce Fates qui risque bien de faire éclater le groupe au grand jour. CRIMSON SUN, dans les faits, c’est un peu la synthèse de tout ce qui se fait en Finlande depuis une ou deux décennies. On y trouve les accointances Pop de HIM, l’univers légèrement gothique du NIGHTWISH le moins symphonique, une chanteuse au timbre intéressant, mais aussi pas mal de modernité dans la tradition, pour un Heavy Metal joué nouveau siècle mais parfaitement conscient des traditions du précédent.

C’est donc efficace à défaut d’être original, bien écrit à défaut d’être culotté, et surtout, puissant, légèrement modulé, moderne sans être opportuniste, et assez traditionnel dans la forme. Un mélange de riffs up in time sur up tempo bondissant, quelques arrangements électroniques pour assumer le côté contemporain, et une façon de traiter le Metal façon Pop, l’une des méthodes les plus symptomatiques des groupes nationaux. Rien qui ne change quoi que ce soit, mais des chansons courtes et soignées, sorte d’hymnes décomplexés en hommage à l’hédonisme musical Modern Metal, sans prétention, mais avec quelques ambitions. Le quintet (Sini Seppälä - chant, Joni Junnila - guitares, Jukka Jauhiainen - basse, Antti Rantavuo - batterie et Miikka Hujanen - claviers) s’épanouit donc dans une forme très consensuelle de Hard Rock estampillé 2K, et si la production est parfaitement adaptée à son époque, on comprend assez vite que nombre de titres ont été bâtis sur le même moule de hits potentiels, avec la même approche et le même développé/couché. La recette est simple et rapidement assimilable, des couplets sobres mais électriques, des riffs génériques, des nappes de claviers à intervalles réguliers qui assurent le lien, et un chant médium souligné de chœurs qui catapultent des refrains hautement mémorisables. C’est ce qui est expliqué sans détours sur « The Beast Within », qui pose les jalons et les bases, et il est certain que le groupe dévie rarement de cette technique pour s’aventurer en terre moins foulée. A vrai dire, il est même difficile de faire la différence entre les morceaux, tant ils se ressemblent, et heureusement, « We Are One » offre un peu d’air frais avec son mid tempo syncopé, alors que « The Prison » tente d’emballer les débats en durcissant les secteurs de jeu sans vraiment chambouler la donne créative. Ce qui pèche est évidemment cette linéarité de surface, mais aussi le niveau médium des musiciens, qui ne parviennent pas à transcender leur inspiration pour la rendre plus effective. On sent que les riffs sont plus ou moins anonymes, que les parties de batterie sont plus ou moins jouées en mode pilote automatique, et le chant de Sini Seppälä, séduisant et légèrement acidulé convainc sur les premiers instants, mais manque cruellement de modulation sur la durée. C’est certes contemporain, joyeux, entraînant, mais un peu trop conformiste pour vraiment se détacher et se rapprocher des valeurs les plus sûres du pays.

En refusant le sens de l’emphase dramatique de NIGHTWISH, les excès cinétiques en gimmicks d’AMARANTHE, Fates - au-delà de sa très jolie pochette bleutée à la brume pénétrante - joue la consensualité un peu gênante, et incarne une sorte de middle of the road du Metal moderne, plus Pop dans les faits que réellement agressif. D’ailleurs, on pense parfois à une version légèrement durcie de ROXETTE ou à un pendant féminin de HIM (« Fate of Nora »), mais ce qui représente clairement le talon d’Achille de cette réalisation est cette utilisation systématique d’un mid tempo qui se répercute d’un titre à l’autre et qui ne varie que très peu sa frappe. La voix très générique de Sini fait aussi penser à une version occidentalisée d’un J-Rock un peu trop calibré pour le marché, et si le tout s’écoute sans déplaisir, on en vient rapidement à isoler ses deux ou trois morceaux préférés pour réduire l’album à des proportions plus raisonnables. Heureusement, les inserts plus longs permettent de s’aérer un peu, même si le modèle ne dévie pas vraiment, et « Distant Stars » de nous permettre de respirer un peu entre deux réflexes conditionnés. Je me montre un peu dur dans mon jugement, mais on l’est d’autant plus avec les groupes dont on sent le potentiel encore très mal exploité. Certes, les astuces sont parfois finaudes (l’intro très syncopée de « Essence of Creation »), mais l’homogénéité de l’ensemble empêche encore les finlandais de franchir un cap. Ils ont toutefois l’intelligence de terminer leur second LP par une chanson plus douce et sombre, sorte de Power ballad progressive qui finit par se vouloir plus puissante qu’un ouragan, avec ses chœurs opératiques et son atmosphère délicieusement ténébreuse et romantique. « The Last Day on Earth » nous permet donc de rester sur un sentiment moins tranché, mais en restant honnête, si Fates laisse augurer d’un destin commercial enviable, il préfigure une réussite artistique beaucoup moins flagrante.               

                                    

Titres de l’album :

                            01. The Beast Within

                            02. Virtual Reality

                            03. We Are One

                            04. The Prison

                            05. Overcome

                            06. Fate of Nora

                            07. Trailblazer

                            08. Distant Stars

                            09. Essence of Creation

                            10. The Last Day on Earth

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 06/06/2021 à 14:03
70 %    654
Derniers articles

Gojira Carcassonne

RBD 02/08/2025

Live Report

Run For Your Lives

Simony 28/07/2025

Live Report

Massacre + Deathbringer

RBD 24/07/2025

Live Report

DRI (Dirty Rotten Imbeciles)

RBD 14/07/2025

Live Report

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
RBD

Il est impossible que j'aie grossi. J'oubliais de signaler que Robert Plant aussi est venu cette ann&(...)

04/08/2025, 14:50

Humungus

1) "Donc il n'y a pas de son dégueulasse ou pas en fait. C'est à juger au cas par cas"Bien évidement que quelquefois cela dépend de l'endroit où on se situe en salle...Mais si les 3/4 des gens présents et ce à(...)

04/08/2025, 08:36

Guy Nesse

Une review est tjs très subjective et peu importe l'expertise qu'on essaie d'y mettre du haut de nos "je suis fan depuis x années" "j'ai fait x concerts". Je n'ai fait que le concert du dimanche et c'était mon 3e sur la tournee a(...)

04/08/2025, 06:33

DPD

Ceci dit je maintiens "La ligne entre reformation et tribute band devient de plus en plus floue et j'aime pas ça, j'y trouve un manque d'honnêteté."Même récemment les groupes qui jouent d'anciens titres sur la nostalgie et qui (...)

03/08/2025, 21:47

DPD

Ouais en fait t'as probablement raison sur toute la ligne, fait chier pour mon argument.

03/08/2025, 19:34

DPD

@UdufruPas en désaccord sur ce point vu comme il retape ses vieilleries.

03/08/2025, 19:29

Humungus

- "Des ados peinturlurés façon Abbath dans un t-shirt de Korn qui posaient très sérieusement. Les pichous du village attendaient à la sortie pour casser du Metalleux histoire de briser l'ennui, et la police fouillait ma R5 à la lampe-torche quan(...)

03/08/2025, 08:36

Invité

Merci Captain Obvious...

02/08/2025, 14:19

Eddiehead

"habitué à 1h30 rappels compris"...?????  J'en suis à 23 shows, et jamais ils ne font moins de 1h45 "rappels compris....Les critiques sur Dave, je ne comprends pas trop. Je l'ai trouvé excellent les 2 soirs (et également &agr(...)

02/08/2025, 14:14

Gargan

Juste les lettres o et p qui se touchent sur un clavier…

02/08/2025, 12:35

Invité

Oublié leur premier album depuis février ? Les ravages de la drogue surement...

02/08/2025, 08:59

Udufru

@DPD : pathétique? Honnête plutôt. Il est très certainement passé à autre chose et n'a surement pas l'envie de ressortir des vieilleries de 30 ans (eh oui, 30 ans) et je le comprends parfaitement. Bref, le contraire de Cavalera qui doit vivre dans(...)

02/08/2025, 07:23

DPD

Je ne suis pas égalitariste il est évident que certains méritent plus mais bon tout ces gens vivent dans une social-démocratie, c'est pas comme si ils peuvent pas tirer du fric de l'Etat en cas d'urgence.

02/08/2025, 00:59

DPD

@OlivC'est ce que je me tue à dire, les cachets indécents des gros font que les groupes plus UG touchent les miettes. La scène n'a pas à être comme ça. Vite dit basiquement vous payez principalement pour Dimmu Borgir que vous le voulez ou (...)

01/08/2025, 21:39

DPD

@UdufruJe trouve pathétique qu'il aye refusé de bouger son gros cul de son studio, étant la moitié du projet. Je connais mal le groupe mais bon....il aurait pu faire l'effort La ligne entre reformation et tribute band devient de plus en plus floue et j(...)

01/08/2025, 21:32

senior canardo

effectivement bien black speed thrash crade ! la bonne recette lol merci pour la decouverte

31/07/2025, 18:02

Udufru

No Newport, No Nailbomb

30/07/2025, 21:00

Humungus

J'étais pour ma part présent le samedi...J'emmène ma gamine de 9 piges à un "gros" concert chaque année et ce depuis 3 ans, donc c'était forcément une obligation pour moi en 2025 que de lui faire enfin voir la b&ecir(...)

30/07/2025, 09:58

Ivan Grozny

Je t'en prie @Simony   et merci à toi pour ce live report car j'étais curieux de l'avis de quelqu&ap(...)

30/07/2025, 00:27

Simony

Ah pardon, je n'ai pas entendu ces mots là, effectivement ça change l'interprétation de ce qu'il a voulu dire.... sacré Bruce. Le "pour être exact" c'était plus pour moi, pas pour toi @Ivan Grozny

29/07/2025, 21:49