Apocaholic

Velozza

05/03/2021

Autoproduction

Reprenons les choses en main avec un peu de sérieux, pour revenir dans le giron d’un Thrash furieux. Ma quête sans fin m’a donc rapproché d’un collectif batave proposant son premier album en 2021, et développant de beaux arguments classiques traités d’une façon particulièrement énervée. Je bats donc le rappel des troupes des enfants du Thrash boom des années 80, qui à n’en pont manquer se fédèreront à cette troupe de guerriers francs du collier qui n’ont rien oublié des plans de bataille allemands de l’âge d’or de la guerre contre la modération rythmique.

Formé en 2016 à Roermond, ce sympathique quatuor (Ron - basse, Bill - batterie, Danny - guitare et Joost - guitare/chant) a pris son temps pour construire un répertoire digne de ce nom, avant de lâcher un EP un an à peine après sa naissance. Excluded Human Being proposait donc trois titres assez symptomatiques de la démarche de front des hollandais, et restait collé à des principes de classicisme de violence en vogue dans la dernière partie des années 80. Et quatre ans plus tard c’est en format long que nous retrouvons la bande, pas du tout calmée, et toujours fermement décidée à en découdre. 

Les Pays-Bas étant frontaliers de l’Allemagne, il n’est guère étonnant de constater que VELOZZA rappelle bien des combos germains de l’histoire d’outre-Rhin de la bestialité rythmique. Il y a du KREATOR là-dessous, du ASSASSIN aussi, un poil de DESTRUCTION, des chœurs symptomatiques de la fête de la bière Hardcore, mais aussi un petit soupçon de brutalité de l’est, pour un cocktail revigorant ne rechignant pas à utiliser la fluidité américaine pour enchaîner les plans sans appuyer sur les freins. Très compétents dans leur domaine respectif, les musiciens se lâchent donc et proposent quelques accalmies Heavy de fort bonne facture, pour ne pas passer pour une assemblée de gentils bourrins élevés à la bière d’une gretchen coulant du téton gauche. A ce titre, Apocaholic a parfois de faux airs du séminal et initial The Upcoming Terror des terrifiants et radicaux ASSASSIN, avec ce savoir-faire en plus qui nous éloigne des approximations brutales de la vague la plus tranchante allemande. 

Ici, pas question de rater la croche à la fin d’un fill, ou de plaquer un riff à la louche histoire de sonner plus evil que son voisin. La précision est de mise, mais jamais au détriment de la folie instrumentale, et à l’image d’un EXODUS des premières années, les bataves peuvent s’appuyer sur l’organe vraiment dément d’un vocaliste possédé, qui hurle et vomit ses tripes à la moindre occasion. Saluons de fait l’énergie et l’investissement déployés par Joost, qui incarne LE frontman Thrash par excellence, et qui mène ses troupes au combat avec une foi aveugle. D’ailleurs, ses acolytes le suivraient jusqu’à la mort, ce que prouvent ces chœurs qui interviennent pour souligner le caractère bestial des intentions, plaçant parfois le tout sous des auspices de Crossover pas totalement assumé.

Portés sur la vélocité modérée, les hollandais savent aussi ralentir le rythme pour s’enfoncer dans les marais d’un Heavy vraiment sombre, comme le démontre avec brio et insistance le hit pesant « Cut the Cord ». On constate donc que les VELOZZA sont des musiciens tout terrain, qui n’hésitent pas à moduler, au risque d’avoir recours à des saccades presque Fusion dans l’esprit sur le roublard « Heads & Tails ». Loin de se contenter d’une charge frontale diabolique et intense, le quatuor joue donc la carte de la diversité dans la bousculade, abordant à mi-parcours une tonalité différente du début d’album. Car si les trois premiers morceaux laissent augurer d’une œuvre radicale et unidirectionnelle, le reste du répertoire fait preuve d’ouverture, et se montre allusif à la période de transition américaine des TESTAMENT et FORBIDDEN, lorsque les groupes nationaux se rendaient compte que les BPM n’étaient pas la solution miracle, et qu’un bon riff redondant pouvait parfaitement s’accommoder d’un mid tempo appuyé.

C’est en tout cas ce qu’on constate en savourant le très Mosh « Talking Shit » qui passe par toutes les ambiances possibles, pour s’arrêter avec conviction sur la case OVERKILL. Et lorsque le timing s’étire pour laisser le chrono tourner, le talent n’est pas absent, et c’est avec insistance et persistance que le quatuor nous écrase de ses coups de boutoir sur l’atomique « Silence Is Silver ». A partir de la moitié du métrage, la physionomie de l’album change donc, et passe d’un axe ASSASSIN/KREATOR à un essieu OVERKILL/NUCLEAR ASSAULT, pour le plus grand bonheur des fans de métissage.

Très bien construit, ce premier effort témoigne donc d’une créativité indéniable dans le formalisme, et remet au goût du jour cette versatilité caractéristique des dernières années de la troisième vague Thrash de l’orée des nineties. On y retrouve cette propension à jouer avec le tempo, cette versatilité dans les riffs, et cette décision de corser le Heavy Metal pour s’éloigner des facilités Thrash à la Pleasure to Kill ou Reign in Blood. Rien de vraiment fondamental, mais un plaisir passéiste dont il serait assez stupide de se priver, puisque les VELOZZA se sont suffisamment creusé la tête pour ne pas passer pour de simples frères jumeaux de Petrozza.             

        

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Apocaholic          

02. Closing the Border          

03. Mental Hijack

04. Cut the Cord

05. Heads & Tails      

06. Talking Shit         

07. Silence Is Silver   

08. Moral Superiority

09. There Is No God

10. The Gap


Bandcamp officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 08/05/2022 à 18:14
78 %    443

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


LeMoustre
@93.4.16.166
09/05/2022, 14:37:35

Ca donne envie, vais écouter voir

Ajouter un commentaire


Derniers articles

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12

grinder92

Pas de groupes irlandais alors ! 

16/04/2024, 11:24