Quatorze ans de silence, c’est beaucoup, et ça ne s’explique pas avec une simple allusion au confinement. Nous étions donc sans nouvelles des tchèques de SHAARK depuis 2006 et la publication de leur dernier pamphlet en date, Again with Hatred, et autant dire que leurs fans commençaient à trouver le temps long. Et c’est via un mail du label slovaque Slovak Metal Army que j’ai appris le retour des hordes barbares sur nos plages auditives, avec dix nouveaux morceaux bien décidés à en découdre et à replacer le groupe dans une actualité qu’il mérite. Il faut dire que depuis 1991, le parcours du groupe n’a été ni linéaire ni de tout repos, et que son line-up a connu quelques problèmes de stabilité. On retrouve aujourd’hui au casting des acteurs sérieux de l’extrême, avec au générique d’anciens MASTER et KRABATHOR, ce qui constitue un argument de poids au moment de juger du contenu éventuel de cette cinquième œuvre. Vingt-cinq ans après leurs débuts discographiques et la sortie du brutal Sinn Fein, les SHAARK reviennent encore plus affamés pour nager dans les eaux internationales à la recherche d’un nageur égaré assez inconscient pour se frotter à eux d’un peu trop près. C’est ainsi qu’après avoir connu une distribution digitale en indépendant, Deathonation connaît les honneurs d’une seconde jeunesse, que les accros au Death Thrash le plus impitoyable apprécieront à sa juste valeur. Ainsi, Alex Nejezchleba (ex-MASTER, ex-DEATH STRIKE, guitare), Zdeněk Pradlovský (ex-MASTER, ex-DEATH STRIKE, batterie) Radek Bája Kutil (ex-KRABATHOR, basse) et Ctibor « Peroon666 » Palík (chant) nous proposent donc une immersion dans leur univers de brutalité, qui ne manque pas d’épaisseur, mais qui fait preuve d’une ambition très modérée.
Autant le reconnaître tout de suite, si SHAARK n’a jamais eu les honneurs de la première division Thrash, il y a une bonne raison à cela. Sans jamais avoir démérité ni sorti d’album honteux, le groupe n’a toujours représenté qu’un honnête second couteau, de ceux qui surnagent dans les eaux de la mémoire d’une poignée d’inconditionnels, et pour cause. Leur musique, aussi puissante soit-elle manque d’imagination, de culot, et se contente de répéter des astuces bien connues des connaisseurs. Ce cinquième album, malgré son line-up de renommée ne déroge pas à la règle, et reste dans des balises de Thrash option Death tout à fait raisonnables, mais tout à fait prévisibles aussi. Ainsi, après avoir encaissé les premiers assauts, l’organisme se remet très rapidement, comme si une sale impression de « déjà entendu » servait de pansement aux blessures infligées. Alors OK, le chant de Ctibor est méchamment hargneux, la rythmique propulse le tout à bonne vitesse, les riffs piochent chez SLAYER de quoi rendre à KREATOR, les mélodies se taillent parfois une petite place, mais le tout est trop convenu, et manque clairement de panache. La maison de disques à beau étaler le parcours du combo en précisant quelques premières parties fameuses (SODOM, EXODUS, TESTAMENT, HOLY MOSES), arguer du fait que le groupe a connu une période faste avec deux chanteurs sur scène (une particularité assez rare dans le Thrash il faut l’avouer), on peine à adhérer au propos passéiste et complaisant. Pourtant, tout commence bien avec la tartine bien beurrée de « Union of Pain » au rythme soutenu et aux soli prolixes. La sauce prend pendant quatre minutes, et l’attention supporte très bien la transition vers le lourd et haineux « Monsteroid ».
Mais, puisqu’il y en a un, une fois trois ou quatre titres dégustés en plein dans la face, on reprend conscience, et les coups portés sont moins percutants. La linéarité s’installe, comme si le groupe tentait de synthétiser la précision historique de SLAYER et la grossièreté de MASTER (logique en soi), et la sentence tombe très vite : on finit par bailler ferme. Pourtant, dans la forme, rien de fondamental à reprocher au groupe qui se démène comme un beau diable, et qui joue même avec les limites de vitesse à l’occasion de « Deathonation », hymne bien frappé comme on les aime. Mais au fur et à mesure, les harangues de Ctibor finissent pas sonner trop similaires, perdent de leur impact, et lorsque le quatuor sombre dans la mièvrerie mélodique de « Trapped In The Net Part I », la patience finit par être si usée que la corde pour se pendre s’effrite. Peu à l’aise en terrain lourd et marécageux, trop restreints sur les mouvements rapides et courts, les thèques se mordent vite la nageoire et finissent par ressembler à un requin gonflable échoué sur les plages de La Baule. On peut invoquer plusieurs facteurs à cette constatation un peu sévère, une production totalement anonyme qui appuie trop les graves et enterre les riffs dans un conformisme désolant, une influence SLAYER un peu trop mal digérée, mais surtout des compositions interchangeables qui ne donnent pas vraiment de relief à l’ensemble. Alors, ingurgité en plusieurs bouchées, le plat passe mieux, mais il n’en reste pas moins plus proche de la baraque à frites que du restau trois étoiles, et on repart la faim au ventre, malgré quelques plans qui méritent d’être soulignés.
SHAARK nous offre quand même une petite glace avant de partir, avec une reprise assez rigolote du « Speed King » de DEEP PURPLE, interprété façon MOTORHEAD qui n’a pas le temps de s’éterniser, mais il faut reconnaître que quelque part, cette cover est un peu plus que la cerise sur le gâteau. Elle représente au moins un quart de l’intérêt que vous pourriez porter à cet album, qui déçoit après tant d’années d’absence. Dommage, mais ce requin aux dents émoussées n’impressionnera que les surfeurs Thrash les plus timorés.
Titres de l’album:
01. Adventus Mali
02. Union Of Pain
03. Monsteroid
04. Corruption
05. Trip To No-Return
06. Deathonation
07. Trapped In The Net Part I
08. Trapped In The Net Part II
09. Friends Of Evil
10. Speed King
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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