En imaginant un NEUROSIS ou un ISIS marchant sur les traces du Diable dans l’au-delà, il est facile de se faire une idée de la démarche des allemands d’HÄXENZIJRKELL. La lancinances, les stridences, les cris enterrés dans le mix, les points communs sont nombreux, et ce Black Metal cryptique et coincé sur des considérations de vie après la mort est une philosophie assez intéressante pour ceux qui aiment leur extrême atmosphérique, écrasant, emphatique et déplaisant.
Deux ans après leur premier long Die Nachtseite, P (batterie) et MK (chant/guitare) reviennent donc, avec un nouveau chapitre à ajouter à leur histoire glauque. Une histoire qui continue donc de façon très logique via Urgrund, qui lui-même reprend les mêmes recettes que son aîné : trois morceaux seulement, longs, très longs même, formant un triptyque voué aux gémonies de l’assourdissement global, loin des facilités harmoniques du Post, mais loin aussi de l’académisme d’un BM allemand rude et impitoyable.
Soutenus encore une fois par la structure nationale Amor Fati, les deux allemands explorent donc les mêmes territoires, pour en revenir avec les mêmes énigmes. Existe-t-il une vie après la mort, et si oui, de quoi est-elle faite, que ressent-on, possède-t-on toujours un libre arbitre, et quel est le décor proposé ? La musique de ce deuxième album tente d’apporter des réponses, à la manière d’un Fulci nous décrivant l’au-delà comme le tableau d’un peintre maudit et condamné par la plèbe bienpensante.
A savoir, de gigantesque riffs monolithiques, un rythme immuable, une pesanteur extrême, et des sens constamment titillés par un thème unique, développé pendant de longues minutes. Presque arty dans son déroulé, Urgrund n’en reste pas moins un modèle de puissance, comme un Sludge noirci qui trainerait son désespoir dans les cimetières urbains, à la recherche d’une petite pointe d’humanité à souiller.
« Die Entschleierung » est évidemment le point fort de cette réalisation. Avec ses dix-huit minutes en forme de mantra, ce morceau d’ouverture est un modèle de statisme qui s’accroche à ses gimmicks comme un diable à ses âmes perdues, et qui ne dévie jamais d‘une ligne de conduite obstinée, et presque bornée. Processionnel, lent, mais impeccablement produit, c’est une reprise de contact sans bonne manière ni tic de langage inutile, qui replace le BM dans son contexte le plus osé : matérialiser la violence et la froideur sans abuser de la violence proprement dite.
A la limite d’un symphonique non avoué, « Die Entschleierung » est constellé de samples, de chœurs étranges, de cris qui glacent les sangs, et de percussions tribales qui en fin de parcours signalent l’arrivée dans un autre monde. Celui qui n’existe pas pour les vivants, et que personne n’a jamais pu vraiment décrire.
Il faut évidemment avoir envie de plonger son regard dans les abysses pour supporter cette attaque permanente, mais le résultat est cathartique. Doom, Black, Post Hardcore, Post Metal, Sludge, tout y passe, tout est mouliné, puisque l’autre monde n’est sans doute que le reflet du nôtre, en plus obscur. « Von Zeit und Form » offre donc une extension notable à ces dix-huit minutes introductives, en reprenant le thème pour l’étirer encore un peu plus.
Aussi malsain qu’il n’est fascinant, ce deuxième album d’HÄXENZIJRKELL est mono-expressif, mais hypnotique. MK, en leader de l’ombre, donne parfois à sa guitare des accents plus Metal pour apprivoiser les récalcitrants, mais l’ensemble reste sous l’égide d’une lourdeur omniprésente, qui raréfie l’air et nous offre une claustrophobie à supporter dans un néant d’inconnu. Et à ce petit jeu de l’inconfort, les allemands jouent une carte maîtresse, celle de l’immobilisme de surface, que seuls quelques samples viennent contredire.
Il est évidemment possible de trouver le jeu vain ou stupide, mais grâce à l’épilogue « Der Pfad der Finsternis », HÄXENZIJRKELL tient sa chute éternelle. Chaotique au possible, ce dernier titre offre une explosion conséquente, et nous enterre sous un monceau de violence enfin avouée. C’est une façon de terminer sur une note plus explicite, qui ne contredit toutefois pas les propos tenus précédemment.
Monstre de froideur et d’obsession, Urgrund est un gigantesque pavé qui replace les allemands d’HÄXENZIJRKELL au cœur de l’actualité extrême. Un duo étrange, aux desseins clairs, mais qui propose autre chose qu’une simple litanie prédigérée ou une énième digression sur un même thème.
Titres de l’album :
01. Part 1: Die Entschleierung
02. Part 2: Von Zeit und Form
03. Part 3: Der Pfad der Finsternis
C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.
28/03/2024, 16:07
Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)
27/03/2024, 00:16
Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...
26/03/2024, 13:16
Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)
25/03/2024, 20:05
C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...
25/03/2024, 09:21
Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.
24/03/2024, 19:53
J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)
24/03/2024, 13:34
"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules
22/03/2024, 09:04
A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.
20/03/2024, 12:18
Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)
19/03/2024, 14:50
Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)
19/03/2024, 12:13