The Overview

Steven Wilson

15/03/2025

Fiction Records

Question fut posée à un astronaute après une mission :

« A quel moment la terre est-elle devenue ronde ? »

Il fut incapable de répondre, trop occupé à ses tâches. Mais la question est d’importance. A quel moment la terre est-elle devenue ronde ? Au moment où Ératosthène l’a démontré, il y a de ça quelques millénaires ? Non, les platistes étant encore nombreux à cette époque. Scientifiquement parlant, il est assez facile de situer l’appréhension de notre planète. Spirituellement parlant, les choses sont bien plus complexes. Tout en sachant vivre sur une énorme boule qui tourne non seulement autour d’elle-même, mais aussi du autour du soleil, nous envisageons les trajets de façon linéaire, puisqu’il nous manque un élément essentiel de compréhension. La distance. Cette distance prise par les astronautes lorsqu’ils s’élèvent et peuvent enfin avoir une vue globale. On appelle ça l’effet de vue d’ensemble. Ou, dans la langue de Shakespeare, The Overview. Une situation qui permet d’appréhender la vie de façon plus générale et de comprendre, confronté à l’espace et à l’infini à quel point nos existences sont dérisoires.

De cet effet, Steven WILSON a pondu un album, suite à une conversation passionnée avec son ami Alex Milas (fondateur de Space Rocks). Un album qui s’inscrit dans la plus droite lignée de ses travaux existants, mais qui renoue avec le passé sans vraiment renier les travaux les plus récents, plus ouverts, et disons-le, plus électroniques et Pop.

N’ayant pas connu cette époque, je ne saurais être affirmatif et catégorique, mais il me semble que nous attendons un nouvel album du maître avec la même impatience qui rongeait les fans de PINK FLOYD, David BOWIE, ou YES et GENESIS. Steven est depuis longtemps intronisé au fantasmé Progressive Hall of Fame, et nous dévore de ses réflexions toujours géniales, souvent imprévisibles, mais immensément enrichissantes. Si ses deux derniers travaux ont divisé la communauté - et plus particulièrement The Future Bites au lourd parfum Electro-Pop et rétro-Wave - le musicien n’a jamais perdu l’affection et la passion d’un public qui n’aime rien tant qu’être surpris et bousculé. Et en se plongeant dans son album le plus ambitieux, l’anglais savait que sa fanbase allait devenir extatique. Pensez-donc. Seulement deux morceaux, un concept clair, une évasion post-atmosphérique, et un voyage proposé en pointillés pour découvrir le sens de la vie.

Tout du moins : un sens de la vie.

L’homme n’a jamais caché sa fascination pour Roger Waters et David Gilmour. On sait de source sure que le poly-instrumentiste est totalement passionné par la légende PINK FLOYD, et affirmer que The Overview est son plus bel hommage à l’institution progressive est d’une lénifiante évidence. L’impression est à ce point saisissante, qu’on a le sentiment d’être projeté dans une galaxie parallèle, dans laquelle Dark Side of the Moon sonne différemment, mais pareil à la fois. Comme ces deux et uniques compositions à tiroir qui aménagent le même genre d’ambiances, et qui ressemblent aussi à des crash tests parfait pour matériel hi-fi très haut de gamme.

Bien entouré (Adam Holzman: claviers, Craig Blundell: batterie, Nick Beggs: basse et Randy Mcstine: guitares), le chef d’orchestre laisse libre interprétation de sa vision par procuration, et nous envoie dans les étoiles pour constater leur brillance, et leur immensité face à la petitesse humaine qui court à sa perte, de façon très empressée. Très loin d’un quelconque dogmatisme, The Overview propose, mais n’impose pas. Il déroule des plans, explique des possibilités, incorpore l’électronique avec parcimonie, laisse la guitare rendre hommage au travail d’orfèvre de Gilmour, mais ne se gêne pas pour faire allusion à des tentatives précédentes. On trouve en entame de « The Overview » des séquences que les groupes Krautrock et expérimentaux affectionnaient particulièrement dans les seventies. Mais aussi de sublimes envolées lyriques avec mélodies éthérées et oxygène raréfié, avec pour seul point de focalisation : ce ballon tout rond, qui pose encore question.

Le désir de grandeur et de liberté qui a toujours animé Steven WILSON est ici totalement sublimé. Si les deux compositions sont énormes, elles n’en sont pas moins découpées en  petits chapitres qui s’imbriquent avec une logique désarmante. Loin des appartenances, loin des chapelles fermées et intimistes, Steven nous fait découvrir l’univers, son gigantisme et établit le parallèle avec son art, la musique. La musique qui elle aussi est régie par des règles harmoniques et rythmiques, et qui, sans recul, peut paraitre évidente ou encore pire : facile.

Avec ce nouvel album, l’anglais offre à ses fans la distance dont ils ont besoin pour envisager son œuvre et sa personnalité. Non par fierté, mais par obligation, comme pour justifier de quelques errances passées qu’ils ont eu du mal à appréhender. Mais aussi différent soit-il de ses aînés - et proches d’albums extraordinaires et à l’avis unanime comme Hand.Cannot.Erase. ou The Raven That Refused to Sing - The Overview est une façon d’envisager les choses de façon plus globale, comme un puzzle que l’on assemble pièce par pièce, révélant des morceaux de vérités, avant de dévier vers quelque chose de plus général : la futilité, le plaisir, la rationalisation et l’abandon de soi.

Le puzzle Steven WILSON est à ce jour encore un mystère, comme notre univers. Il n’est sans doute pas infini, et connaîtra sa conclusion un jour plus ou moins proche, mais il se complète avec une élégance rare, et des couleurs hésitant entre contraste affirmé et pastels dégagés.

The Overview est de ces disques que l’on pose religieusement sur sa platine, en mode vinyle évidemment, et qu’on réécoute ad nauseam pour en saisir la substance. Contrairement à d’autres, il ne contient ni single, ni titre fort, ni fulgurances géniales. Il est une osmose entre l’homme et l’immensité, entre l’électronique et l’analogique, entre le Rock et toutes ses engeances, et entre nous et lui. Certains trouveront ça terriblement pompeux, d’autres au contraire seront touchés par l’humanisme de la démarche, et sa remise en perspective.

Je n’ai jamais eu la chance - et je ne l’aurai jamais -  de découvrir ce moment fugace durant lequel la terre se change en énorme boule de bowling. Une wrecking ball qui tourne et tourne encore, ne se préoccupant pas du sort des espèces qu’elle héberge à titre gracieux. Je le regrette sincèrement, l’expérience devant être celle d’une vie, mais Steven WILSON m’a permis, pendant ces quarante minutes, d’en approcher la magnificence. The Overview, en laissant cohabiter les claviers, le saxo, la guitare et le piano a traduit pour nous cette vision d’ensemble que peu d’humains ont eue. Et pour ça, je le remercie. 

There is no dark side of the moon, really. As a matter of fact it's all dark.

Alors, que la lumière soit.

                                                                           

Titres de l’album:

01. Objects Outlive Us

   .No Monkey's Paw

   .The Buddha Of The Modern Age

   .Object: Meanwhile

   .The Cicerones

   .Ark

   .Cosmic Sons Of Toil

   .No Ghost On The Moor

   .Heat Death Of The Universe

02. The Overview

   .Perspective

   .A Beautiful Infinity I

   .Borrowed Atoms

   .A Beautiful Infinity II

   .Infinity Measured In Moments

   .Permanence


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par mortne2001 le 25/03/2025 à 19:36
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