Les vieux font de la résistance, et refusent de partir en EHPAD Metal. Il faut dire que les activités n’y sont guère réjouissantes. Fabrication de badges en acier bio, atelier de cousette pour dossards élimés, et triage des albums photo de périodes de gloire. Pas le genre de retraite que l’on souhaite à son pire ennemi, alors, beaucoup d’anciennes valeurs sures préfèrent rester à l’extérieur, pour prolonger encore un peu la magie. Ce qui fonctionne de temps à autres, pour peu que les anciens en aient encore sous le coude.
Pas encore handicapés par l’arthrite, les RODS continuent donc de nous offrir de la nouvelle musique, une grosse décennie après leur comeback des années 2000. Et pour un groupe formé dans les années 70 dont les membres originels ont tous dépassé les sept décennies, le résultat est plus que convaincant. Loin des serviettes hygiéniques pour incontinents séniles, les trois américains enfoncent encore plus le clou, treize ans après l’avoir planté de nouveau via le marteau Vengeance.
Ainsi, Carl Canedy et David "Rock" Feinstein, respectivement âgés de 71 et 77 ans tentent le coup de la vieillesse amie, et réussissent admirablement bien leur coup. Et cinq ans après le tonitruant Brotherhood of Metal, Rattle the Cage bouffe les barreaux de la prison avec la hargne d’un mâtin brimé pendant des années et cherchant à savourer sa vengeance canine.
Petite nouveauté, Garry Bordonaro a quitté le navire pour être remplacé par Freddy Villano (ALTERED MINDS, AMERICAN MAFIA, TEN MAN PUSH, ex-ROCK ASYLUM, ex-WIDOWMAKER, ex-AVIGAL, ex-LAZARUS, ex-AWAKEN, ex-Dee SNIDER, ex-QUIET RIOT, ex-HOLY WATER). Le changement est évidemment à peine perceptible, tant la guitare de David et la batterie de Carl occupent les avant-postes, et les deux hommes sont très bavards sur cette nouvelle réalisation.
A la manière d’un RAVEN qui n’a de cesse de prolonger sa carrière en sortant des albums franchement explosifs et exubérants, THE RODS continue de caresser son chien à trois têtes, qui n’a guère gagné en amabilité depuis la fin des seventies. Entre Heavy Metal méchant et grognant, Hard-Rock fluide mais rentre-dedans, et lourdeur héritée du SAB le plus pilonné, le trio nous propose une bordée de nouveaux titres, tous plus probants les uns que les autres. Alors qu’on était en droit de craindre le pire entre deux crises de goutte, le duo historique semble plus en forme que jamais, et toujours capable de pondre de sacrés hits qui sonnent déjà comme des classiques de concert (« Rattle the Cage » binaire up tempo qui court comme un cabot).
D’ailleurs, David ne se gêne pas pour expliquer la genèse de ce titre atomique :
En préparation de ce nouvel album, j'ai reçu un message de Carl m'informant qu'il avait une idée pour une nouvelle chanson. Il m'a envoyé le titre et quelques idées de paroles, et bien sûr, j'ai trouvé que le titre et le concept qu'il avait créés étaient géniaux. Il a ensuite laissé à mon imagination le soin d'ajouter d'autres idées lyriques et de compléter le travail musical.
La chanson parle d’une personne ordinaire qui se sent piégée par ce qu'elle subit dans sa vie. Quel que soit le travail, le besoin de soulagement est nécessaire. C'est aussi une question de liberté et de défendre ce que l'on ressent. Faites trembler la cage et soyez entendu. Faites connaître vos sentiments et défendez vos droits. Cela s'applique vraiment à la vie de tout un chacun.
Et bien que les RODS n’aient jamais été enchaînés ou mis en cage, ils n’en revendiquent pas moins leur droit à l’évasion, en moins de cinquante minutes. Les deux vieux amis et partenaires s’en donnent à cœur joie, et donnent par la même occasion une belle leçon à la génération vintage qui brade les antiquités pour un prix dérisoire. Reproduire est chose facile, être crédible aussi, mais respirer le Metal par tous les pores ne peut-être imité de quelle que façon que ce soit. Et le tandem historique de le démontrer avec sa fougue coutumière, le long des sept minutes de l’impérial « Cry Out Loud », bande-originale d’un péplum grandeur nature avec son emphase rythmique et son chant vraiment méchant.
Tout est passé en revue, et tous les albums du trio ont droit à leur citation. Mais les américains ont joué une carte difficile, celle de la tradition revue et corrigée de saison. Remportant leur pari avec panache, ils peuvent alors apprécier l’accueil réservé à un album parfait, dont tous les morceaux sont des invitations au headbanging.
Bien qu’évidemment les textes se focalisent sur la philosophie Metal la plus éculée, le groupe nous fait adhérer à sa cause grâce à quelques brulots bien troussés dont certains jouent avec la vitesse et la fumée (« Metal Highways »). Et si chaque segment ressemble à un poncif mis en musique, si chaque intitulé nous ramène aux eighties bardées et cloutées, le plaisir ressenti est décuplé par un son vraiment béton, puisque le mixage et le mastering de Chris Collier permettent à Rattle the Cage de sonner plus moderne que ses racines.
On aime cette alternance de tempi, cette manière de revisiter le Heavy de papy pour le faire sonner comme le Hard du fiston, et surtout, cette énergie incroyable de la part de deux musiciens qui ont dépassé leurs trimestres depuis longtemps et qui devraient jouir d’un repos bien mérité.
Ne comptez pas sur les RODS pour raccrocher leurs instruments et partir à la pêche. Non, leur seule passion reste ce Metal non édulcoré (« Play It Loud »), bien corsé et bien speedé (« Hearts of Steel ») qui nous fait vibrer depuis la nuit des temps.
Enfin, un peu moins longtemps quand même.
Titres de l'album :
01. Now and Forever
02. Wolves at the Door
03. Cry Out Loud
04. Rattle the Cage
05. Can’t Slow Down
06. Metal Highways
07. Hell or High Water
08. Play It Loud
09. Shockwave
10. Hearts of Steel
Voyage au centre de la scène : Le Metal français des années 80' / Seconde partie
Jus de cadavre 10/06/2024
Voilà, Chair de poule pour moi ! Et énormément de fierté ressentie pour le groupe, pour le Metal français, et la scène Metal dans son ensemble. J'ai adoré ! Et la scénographie était top ! Puis c'était du Gojira pur ju(...)
27/07/2024, 01:13
Il y aura toujours des pisse-froid pour critiquer mais putain, quelle carrière !
26/07/2024, 20:01
J'ai rien contre Agell, mais passer après Wagner, c'est une putain de gageure...A voir (ou plutôt à entendre) ce que cela vaut avec Reagers... ... ...
23/07/2024, 07:43
L'intermède du projet parallèle Corrupter annonçait assez bien cette suite pour le principal. C'est une forme de retour aux sources du Death le plus obscur, mais par un chemin un peu différent que les premières publications du groupe Cévenol au (...)
22/07/2024, 19:23
ce serait sympa un nouvel album de Tiamat !Tiens d'ailleurs, quelqu'un aurait-il un retour à faire de leur concert au Hellfest ?Merci d'avance !
21/07/2024, 13:53
La signature chez Prophecy laissait supposer un changement de style, on n’est plus en effet sûr du black up tempo. Pas sûr qu’ils aient dû garder le même nom.
20/07/2024, 14:45
En même temps, fallait pas espérer qu'ils reprennent 666 millions d'esclaves et de déchets de Peste Noire.
19/07/2024, 15:49
On me dit dans l'oreillette que la femme de Rob (qui est française) est fan d'Indochine et qu'elle ne serait pas étrangère à cette décision de reprise... L'amour rend aveugle, mais sourd aussi apparemment.
18/07/2024, 14:59
"Kirk et Rob reprennent "L'Aventurier" d'Indochine"... ... ...Le groupe qui aime à se tirer une balle dans le pied quoi !Après l'ignominie de la reprise de Johnny il y a quelques années...A la prochaine date franç(...)
18/07/2024, 09:35
Pour ma part :Jeudi : Ashinhell / Immolation / Brujeria / Megadeth (aïe aïe) / Shining (le groupe norvégien) / Sodom / Cradle of FilthVendredi : Fear Factory / Savage Lands / Kanonenfieber / Satyricon / Emperor / Machine Head (la fin vite fait pour boire un coup) / (...)
17/07/2024, 01:16