Et si nous allions deviser dans le lyonnais pour nous rappeler à quel point la violence locale se porte bien ? Pourquoi le lyonnais ? Simple, puisque cette ville est le berceau de DESTINITY, un de nos bambins les plus colériques. Vous savez, ce groupe hyper productif qui nous avait gratifiés de cinq albums en autant d’années ? Il est de retour aujourd’hui, espaçant ses interventions, mais toujours aussi solide en arrière-plan, pour fêter la sortie d’Ascension, son dernier né aux cris stridents et à la musculature proéminente.
C’est inscrit en gros un peu partout sur les pages du sextet, comme un argument promotionnel incontournable :
Mixé et masterisé en Suède, aux Fascination Street Studios.
Alléchant, mais surtout d’une logique implacable, puisque nos six amis pratiquent depuis un certain temps un Death mélodique hérité de l’activisme ininterrompu de Göteborg. Dans un registre d’adaptation des standards de SOILWORK et AT THE GATES, DESTINITY se débrouille toujours comme un chef, mais à l’audace d’y ajouter cette french touch qui permet de ne pas bêtement singer les réflexes conditionnés.
Morteüs (claviers/programmation/chant clair), Zephiros (guitare), Mick (chant), Seb V.S. (guitare), Dave (basse) et Zaimar (batterie), soit la moitié du line-up d’origine continuent donc d’explorer la face la plus violente de la mélodie méchante, et se livrent avec Ascension à un exercice de style plus complexe qu’il n’y paraît. En gardant cette trame héritée d’une formation en 1996, le sextet brode des déviances plus explicites, et moins systématiques. Professionnel jusqu’au bout des ongles, le groupe se permet donc quelques aménagements à la limite du Rock et du Death subtilement gothique, pour accoucher du tubesque « Children of the Sun », parfaitement irrésistible. Le timing est d’ailleurs intéressant, à l’heure ou CRADLE OF FILTH sort son meilleur album depuis des années, tant la comparaison semble viable. On citera aussi pour l’occasion KATATONIA, CREMATORY, ATROCITY, sans oublier la personnalité profonde des lyonnais qui sont passés par plusieurs stades avant d’atteindre la maturité.
D’une source Black Metal à des envies symphoniques pour finalement se saisfaire d’un Death harmonieux et proche d’un Thrash teigneux, DESTINITY a suivi sa route sans se poser de questions inutiles. Et en 2025, le collectif semble plus soudé que jamais, et surtout, de plus en plus ferme sur ses options, ne tenant pas compte du qu’en-dira-t-on au moment d’insérer quelques passages au chausse-pied.
Ce nouvel album est une bête de compétition. Le genre de taureau musclé comme un compétiteur hâlé, qui de sa carrure impressionne même les autres cornus. Avec un sens de la cohésion indéniable, et une envie de ne pas toujours proposer la même chose, le concept lyonnais prouve qu’il est l’une des forces les plus vives de la scène européenne, et un pur-sang qui ne troque pas sa classe contre un populisme crasse. Certes, les influences se font sentir, et ce dès « Light Up Your Sky », mais elles sont inévitables, et parfaitement assumés et amalgamées. Le direct et emphatique « Final Fiction » les mélange avec une belle poigne, en usant d’effets rotatifs et autres écrasements dramatiques découlant du passé symphonique du groupe.
Clippé en deux occurrences, Ascension a fière allure et tient tête à la légende suédoise. Si d’aventure, vous aviez du mal à me croire sur parole, essayez « Silver Shades », aussi efficace et concis que n’importe quelle bourrinade scandinave, avec cette légère mélodie qui traîne en arrière-plan, et soudainement mise en exergue par un solo de toute beauté. La dextérité des musiciens, jamais exploitée à de basses fins démonstratives permet de varier l’approche avec beaucoup de subtilité, en s’appuyant sur une production précise et ventilée.
De fait, les parties individuelles sont évidemment intouchables. Mais la cohésion d’ensemble l’est tout autant, chacun mettant au service des autres ses capacités. On le comprend très rapidement, et on finit par se dire que ce dixième album - déjà - est peut-être l’apogée d’une recette et le meilleur d’une discographie pourtant très riche. Mais foin des constats définitifs, seul compte le plaisir d’écoute, et cette manière d’actualiser des sonorités anciennes popularisées par AT THE GATE et CALLENISH CIRCLE.
Entre désir d’aplatir tout ce qui bouge et peindre le ciel dans des teintes rouges et grisées, DESTINITY se fend de quelques interventions homériques, dont « Hollow Intent » est un exemple très probant. Rythmiquement inattaquable, d’un niveau instrumental stratosphérique, Ascension renoue sans avoir à faire d’effort avec la période la plus prolifique du sextet, et pérennise l’héritage laissé en 2021 par In Continuum.
« Everdark », plus ambiancé permet de moduler le tempo avec beaucoup de flair, imposant ces accélérations si typiques de l’art du Death mélodique des années 90. Large d’épaules, cet album ne pérore pas dans le vide pour le plaisir de la frime gratuite, mais soulève la fonte avec une belle conviction. Professionnel, naturel, évitant le piège du pilotage automatique, il est un apport en vitamine C assez impressionnant, l’énergie se déversant à bonne vitesse via l’injection « The Wolf Within ».
Un retour en forme qui fait vraiment plaisir à écouter. Les lyonnais sont toujours aussi passionnés et s’aménagent un retour en live des plus fameux. Sans renier leurs origines mais en renouvelant un peu la mythologie, DESTINITY profite d’un destin favorable pour s’imposer définitivement comme le cador de la scène Melodeth française et européenne.
On a toujours besoin d’un pote aux mensurations généreuses pour traîner dans la rue sans jouer les pleureuses.
Titres de l’album:
01. Ascension
02. Light Up Your Sky
03. Dying Light
04. Crimson Portrait
05. Children of the Sun
06. Final Fiction
07. Silver Shades
08. Hollow Intent
09. Everdark
10. The Wolf Within
11. In Thorns
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15