Démos....des mots

Misery, Bloody Run, Clock Strikes Lightning, Moor, Lymbolic Scythe, Death File Red

08/08/2022

Autoproduction, Autoproduction, Masters Of Kaos, Distant Voices

Bloody Run - Bloody Run Demo

Vous avez tous connu cette situation, où lors d’une conversation, votre interlocuteur vous sort à plusieurs reprises, « excuse-moi, mais j’ai pas compris ». Et bien cette situation qui peut devenir traumatique dans le cas d’une communication avec un malentendant ou un quidam lors d’une soirée bruyante vient de trouver sa meilleure illustration sur la démo des américains de BLOODY RUN. Ce groupe/concept de Pittsburgh, Pennsylvanie se présente sous l’étiquette « Pittsburg Thrash », et pourtant n’en joue pas. Et sincèrement, même après avoir écouté ces trois morceaux, je continue de répondre« excuse-moi, mais j’ai pas compris ».

Mais cette incompréhension n’est pas entièrement de mon fait. Ce nouveau combo sorti de nulle part nous propose avec Bloody Run Demo un produit court à tenir sur une disquette 5’25 pouces, remplie de trois titres de fortunes diverses. Si évidemment « War Metal Massacre » en représente l’acmé avec ses trois minutes et quelques, le tout dégage un fort parfum de Black/Thrash/Noise, avec un son digne d’une démo BM des années 2000, et des prétentions artistiques nihilistes au possible. Difficile donc de juger du potentiel de BLOODY RUN, qui pratique une forme de Black Metal sourd, diffus et incompréhensible, comme si les terrifiants REVENGE s’emparaient du répertoire de MERZBOW en douce. C’est du boucan comme dirait le regretté Ronnie James, on a un peu de mal à deviner les intentions, et ça reste anecdotique, malgré son caractère sympathique. Next.            

 

         

Titres de l’album :

01. The Call to Action

02. Genocides Heard, But Never Seen

03. War Metal Massacre


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Clock Strikes Lightning - Demo 2022

Plus compréhensible et classique, cette démo 2022 de CLOCK STRIKES LIGHTNING nous présente une sorte de Mathcore ébouriffé et amplifié par une saine colère. Entre Black Thrash technique et Mathcore diabolique, CLOCK STRIKES LIGHTNING lâche les watts, se laisse aller à des constructions complexes et des interventions teigneuses, et nous offre donc quatre morceaux pour quatre minutes de barouf, qui fait un bien fou. Avec des proportions dignes d’un Grind pressé, ce groupe américain joue le jeu de l’intensité totale, et nous foudroie de la brièveté de son intervention.

On aurait aimé un développé plus prononcé, une poignée de morceaux en cadeau, et pourquoi pas, un hit de trois ou quatre minutes pour juger d’un potentiel certain. Mais cette brièveté fait aussi la force de cette démo unique, totalement barge, qui transforme la batterie en mode d’expression pour lapin Duracell nucléaire. Avec une production très sèche, des morceaux composés et enregistré en 2020 et un chant couché sur bandes en 2022, CLOCK STRIKES LIGHTNING fait tourner la pendule à une vitesse folle, et prépare le terrain pour un éventuel premier album. Premier album qu’on pressent évidemment sauvage, violent, déstructuré, et susceptible de renvoyer le comeback de BOTCH au rang des petites notules sans importance. La suite, et aussi intense s’il vous plaît     

 

         

Titres de l’album :

01. Never Too Old To Party With Satan

02. Woodstock Ninety-Nine

03. Battle In The Cocktagon

04. Marshall Applewhite's Nikes


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Moor - Beneath The Graven Totem Demo EP

Départ des Etats-Unis pour la Norvège, avec toutefois une escale à Bogota, Colombie. Etrange voyage que celui proposé par cette démo plus conséquente que les précédentes, puisqu’elle déroule cinq morceaux pour plus de vingt minutes de musique. D’un côté un groupe, MOOR, originaire de Norvège, de l’autre, un label, Masters Of Kaos, pour une association qui va faire beaucoup de bruit, au sens propre comme au figuré. MOOR, comme beaucoup d’autres groupes n’en est pas un, mais bien un one-man-band, qui au travers de Beneath The Graven Totem Demo EP exprime ses vues sur le naturalisme norvégien en vogue dans les années 90, sans fard, sans artifices, sans effet de studio.

Crédible et authentique, cet EP nous renvoie dans les forêts norvégiennes de la côte ouest, et développe de beaux arguments rudes et old-school. Evidemment, les surprises n’en sont pas, et l’originalité n’est pas plus de mise que le costard. Cette musique âpre sent bon les slips de peau et les gourdins truffés de clous, les photos noir et blanc nocturnes, et la misanthropie typiquement nordique. Les riffs concentriques et mélodiques empruntés à MAYHEM et DARKTHRONE imposent leur loi tandis que le son global, pas si rachitique que ça, fait immanquablement penser au BEHERIT le plus roots ou à BURZUM avant incarcération, pour un résultat global très équilibré, avec basse méchamment proéminente et astuces de claviers ludiques.

Du True Black dans toute sa splendeur, étonnamment digeste et même recommandable. J’en veux pour exemple le traumatique « II », qui ose des chœurs en arrière-plan et un barouf de premier absolument délicieux. D’un autre côté « IV » montre le visage grimaçant d’un fan de BM des années 92/94, et l’un dans l’autre, ce Beneath The Graven Totem Demo EP tient finalement plus du EP légitime que de la démo. Mais qu’importe puisqu’il est vendu comme tel, et qu’il s’épanouit dans une violence crue et blafarde.  Recommandé à tous les nostalgiques des premières années de corpsepaint.   

 

         

Titres de l’album :

01. I

02. II

03. III

04. IV

05. V


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Misery - Absoute

Des Etats-Unis à la Norvège, et de la Norvège à la France. Le périple continue, et reste pour l’instant le plus sombre possible. Car après le BM roots à la norvégienne, le DSBM frenchy mélancolique et morbide à souhait. Peu à se mettre sous la dent à propos du concept, si ce n’est qu’il est pour le moins prolifique, et qu’il ne doit son existence qu’à l’imagination de son maître, Fille de Misère aka Thomas Bel, toulousain pur jus. Créé en 2005, MISERY est l’archétype du projet solitaire, généreux dans son désespoir (pas moins de six longue-durée, sept EP’s et autres démos de début de carrière), et porté sur une mélancolie violente qui sert même de leitmotiv et d’argument promotionnel. S’épanouissant dans une musique forte, amplifiée et assez symptomatique d’un DSBM brut et violent, MISERY nous évite les atermoiements habituels à base de cris suicidaires sur fond de piano désaccordé, et développe de beaux arguments carnassiers, malgré la brièveté de cette réalisation dont l’aboutissement s’est étalé dans le temps.

Il faut dire que cette démo date de 2012, année à laquelle elle a été composée et enregistrée, avant d’être exhumée et restaurée en octobre 2020. Le mastering a lui eu lieu l’année suivante, avant qu’elle ne heurte le marché cette année 2022. C’est donc face à une petite relique que nous nous trouvons, un genre d’artefact qui remonte aux jeunes années du groupe, à l’époque de l’album Miséricordes.

Je ne saurais que trop vous engager à suivre ce chemin escarpé, puisqu’il a de faux air de pèlerinage, et plus simplement, parce que cette musique âcre et blafarde représente tout un pan de la culture DSBM française. La misère d’accord, mais alors à l’ombre. Parce qu’elle est moins triste au soleil, ce qui est intolérable.

 

         

Titres de l’album :

01. Absoute


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Lymbolic Scythe - I

Difficile de faire plus underground que ce coup-là. Duo originaire des Pays-Bas, LYMBOLIC SCYTHE propose sa première démo à dix exemplaires tape homemade, ce qui nous ramène aux grandes heures du tape-trading des années 80, lorsque la seule façon de découvrir de nouveaux groupes était de connaître un anglais, un américain, un allemand ou un hollandais justement. Je me rappelle la déchirure fébrile des enveloppes contenant le ou les précieux sésames, et leur écoute religieuse en espérant être tombé sur un groupe d’avenir, future référence de la scène et déjà culte dans l’underground justement.    

  

LYMBOLIC SCYTHE est underground, et il est fort possible qu’il soit déjà culte au vu de la musique proposée sur cette cassette. Un Funeral Doom certes pesant sur les tympans, mais agréablement enjolivé de mélodies d’un côté, ou au contraire, enlaidi par une voix de sorcière de l’autre. Dix-huit minutes pour un seul morceau, les standards sont respectés pour le genre, mais il est certain que « The Shores of Death » a quelque chose de totalement hypnotique pour les fans. Entre ces blanches à la caisse claire et ces coups de toms sentencieux, ce riff monolithique comme gravé sur un gramophone entre 1878 et 1985, et cette progression qui n’en est évidemment pas une, les hollandais nous donnent une leçon d’Ambient statique, genre de mantra répété à l’envi mais ne permettant pas la lévitation.

Néanmoins, cette démo à les qualités de ses limites, un son rachitique évidemment, une basse à l’économie pas toujours sur le temps, et deux musiciens (Laurence Kerbov - chant/guitare/basse/batterie, Sagittarii - chant/synthés/batterie) qui se pavent une belle carrière dans le créneau du Funeral Doom. Attendons de voir si cette première démo débouche sur une seconde, un EP ou un LP. Mais en l’état, cet unique morceau est savoureux, délicieusement rance, et reste dans les oreilles comme un cri lointain venu du fond des temps.

         

Titres de l’album :

01. The Shores of Death


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Death File Red - P95

En tombant sur cette dernière démo, j’ai cru dur comme fer qu’elle était le fuit de l’imagination d’un seul homme. Raté, puisque DEATH FILE RED est un véritable groupe, composé de cinq musiciens teigneux et visiblement légèrement misanthropes. Né à Austin au Texas, DEATH FILE RED (Vincent Lozano - chant, Charlie Hofer - batterie, Shar Clay & Zenn Angel Vazquez - guitares et Fernando Garcia - basse) n’est pas du genre grandes étendues et mélodies pastorales, mais plutôt profanation d’un vieux cimetière de Floride ou d’Oregon, ce que confirment les quatre morceaux de cette première maquette. Se targuant d’être un combo pur Ignorant Death Metal, DEATH FILE RED joue donc un Death éminemment violent, gentiment dégueulé, mais agrémenté de riffs pas si bêtes que ça, et de changements de rythme fort à propos.

Si au départ, et pendant les quelques premières mesures de « Dead in a Cage », on pense à un Death terriblement underground et braillard, entre la crise existentialiste d’un zombie végan et la prise de conscience des dividendes du CAC 40, le reste de cette énigmatique P95 nous entraîne sur la piste d’une musique plus fouillée qu’il n’y parait, agencée, construite et même subtilement progressive dans les intentions. Alors évidemment, les cinq trublions sont de vrais sagouins, torchent leurs shunts comme un gamin qui enregistre un exposé pour sa prof d’anglais, optent pour une production qui dissimule toute tentative technique, mais ne leurrent personne : ils sont très capables, et leur maquette mérite amplement d’être chroniquée un peu partout.

Les avides de viande faisandée se rueront sur l’infect mais inoubliable « Blood Reaper », alors que les amateurs d’ambiance glauque lui préfèreront « P95 », title-track limite Noise mais aux harmonies solides. Et tout le monde de s’accorder sur la brutalité d’un final au titre révélateur (« Snuff Film on a Sunday Evening »), qui risque en effet de faire quelques victimes, mais hors caméra. Une première démo goûtue et épaisse comme une côte de bœuf saignante, mais déjà périmée. Un album vite, que l’on puisse aller dégobiller.

 

         

Titres de l’album :

01. Dead in a Cage

02. Blood Reaper

03. P95

04. Snuff Film on a Sunday Evening


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par mortne2001 le 10/08/2022 à 19:58
70 %    538

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Simony
membre enregistré
11/08/2022, 08:20:01

Je retiens MOOR et DEATH FILE RED avec LYMBOLIC SCYTHE dans un coin de la tête parce qu'il y a quelque chose je trouve dans cette démo...
Merci Mortne2001 pour cette mise en lumière des suintantes abimes du Metal

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