En voilà un que j’attendais comme le loup blanc. Je patientais dans l’ombre pour voir le canidé s’extirper de son sommeil, prêt à sauter au visage des fans d’un Heavy Metal noble et classieux, mais aussi enragé et furieux. Il faut dire que les annonces distillées sur les réseaux sociaux mettaient la bave aux lèvres en annonçant la sortie du premier album solo d’un des plus grands chanteurs de Heavy de notre beau pays, dont la réputation a depuis longtemps franchi les frontières de l’Europe. Et lorsqu’on parle de chanteur français – et les meilleurs évidemment – le nom de Jo AMORE revient assez fréquemment, ce qui n’est que justice.
A&MORE, amour à mort, AMORE, l’occasion était trop belle pour mon clavier. Mes doigts courraient déjà sur les touches pour rédiger cette hagiographie musicale totalement méritée, Jo étant l’un de mes chanteurs préférés bien coincé entre Christian Augustin et Renaud Hantson. Depuis des décennies, Jo nous a fait profiter de son timbre exceptionnel au sein de NIGHTMARE, groupe essentiel de la scène française des années 80. Mais Jo ne se résume pas à cette unique expérience, puisqu’il a mis son talent au service d’autres ensembles comme NOW OR NEVER, ÖBLIVÏON, TEMPLE, TOWER OF BABEL, et KINGCROWN. Mais aujourd’hui, c’est sous son seul nom qu’il s’avance au-devant de la scène, toutefois accompagné par des fidèles et même un membre de sa famille proche.
Jo a donc décidé de faire équipe avec David, son frère, qui tient ici les baguettes. Une histoire familiale donc, pour un talent reconnu, et un premier album flamboyant, époustouflant, carré mais fluide, mélodique mais agressif, et symptomatique des inclinaisons de Jo depuis le début de sa longue carrière.
Les deux frangins ne sont pas seuls dans l’aventure, et sont même secondés par une sacrée doublette de guitaristes. Fabrice Lacourt et Vincent Agar œuvrent donc pour leur leader afin de lui offrir le tapis de riffs dont il avait besoin pour tester la puissance de sa voix, et autant dire que le quatuor dégage un parfum d’osmose parfaite, comme si ces quatre musiciens se connaissaient depuis des siècles.
Il ne fallait rien attendre d’autre de la part de Jo qu’un pur album de Heavy Metal noble, ample, sophistiqué mais débridé. Et le chanteur a composé les morceaux les plus emblématiques de sa passion, quelque part entre le maître DIO et le disciple Jorn LANDE. En bonne compagnie en termes de références, Jo se laisse donc aller et nous offre une prestation époustouflante, ou chacun tire la couverture à soi à parts égales. Ainsi, si les parties vocales sont le diamant de cette boite de Pandore, les soli qui giclent du disque sont dignes des meilleurs shredders de la planète.
Un tout pour une somme de parties incroyables, et Legacy de se poser comme héritage laissé par Jo à la jeune génération, qui se doit de respecter ses aînés comme ils le méritent.
Mais Legacy n’est pas un radotage de vieux héros de retour d’une énième bataille. Non, c’est un plan de guerre honnête, précis, qui rend hommage à un passé pas si éloigné, tout en vivant confortablement dans son époque. Ainsi, pas de passéisme à outrance, pas de grandiloquence déplacée, mais beaucoup d’émotions, une certaine vision de la virilité instrumentale, pour un résultat qui laisse pantois, la seule attitude possible après avoir encaissé le rude « Sacred Tie ». La mise en place est parfaite, les watts décomplexés, et la voix de Jo en mode roue libre, puissance optimale d’un coffre qui a de quoi donner des suées aux plus grands vocalistes de l’histoire du Heavy Metal.
Athlétique et racé, Jo se souvient de ses débuts dans le Metal, et nous déroule le tapis rouge de la perfection, en osant à peu près toutes les figures de style possible. Le cri à la Rob Halford, la stabilité lyrique d’un Michael Kiske, et la passion d’un Ronnie James, celui des années BLACK SABBATH et des premiers efforts en solo. Sacrées comparaisons j’en conviens, mais viables, puisque Legacy assume ces parrainages avec une franchise désarmante, osant même parfois lâcher la vitesse pour privilégier quelques instants de sensibilité (« The Last Island »).
A&MORE est donc beaucoup plus qu’un premier travail en solo pour notre chanteur aux poumons d’acier. C’est une déclaration d’amour rédigée avec les tripes et l’âme, et surtout, un disque époustouflant de certitudes et de passion, qui nous ramène aux plus grandes heures de la légende des chevaliers Heavy partant en croisade pour pourfendre du traître au kilomètre.
Sans s’engluer dans le traditionalisme, Jo revisite quelques méthodes bien connues du Power Metal à la PRIMAL FEAR, et nous frappe en direct de crochets bien sentis, entre un « Disturb Your Mind » bodybuildé, et un « Out of Time » méchamment remonté.
Le tracklisting ne laisse aucune place à l’approximation, encore moins aux erreurs, et toise le reste de la production européenne d’un regard plein de morgue. Si les interventions multiples de Fabrice et Vincent permettent à l’œuvre de faire preuve d’une pression incroyable, si le jeu de batterie ferme et définitif de David assure une assise rythmique solide comme le Rock, c’est évidemment la voix de notre hôte qui nous fait dresser les poils sur les bras. Il est incroyable de se dire que ce chanteur officie depuis des décennies sur la scène, alors que son timbre rivalise sans forcer avec les jeunes gloires actuelles.
Quelques allusions plus Hard-Rock mélodique (« Under the Moonlight »), un peu de noirceur syncopée pour équilibrer (« When Pain Delight Unite »), du chaloupé appuyé (« Welcome to Wonderland »), imposent une diversité délicieuse. Le but était donc de synthétiser toutes les expériences du maestro du micro, et en ce sens, le but est atteint avec brio.
Avec une pointe de sensiblerie romantique et légèrement jaunie (« No Need to Cry »), et une attaque finale frontale et affiliée aux incontournables HELLOWEEN, STRATOVARIUS et SCANNER (« Liquidators Sacrifice »), Legacy ne lèse aucun de ses héritiers, et fait le point d’un parcours atypique, qui réserve à n’en point douter de nouveaux épisodes passionnants.
A&MORE, j’adore. But I beg for more!
Titres de l'album :
01. Sacred Tie
02. Disturb Your Mind
03. Life’s Not a Crime
04. The Last Island
05. Out Of Time
06. Under the Moonlight
07. When Pain Delight Unite
08. Welcome to Wonderland
09. No Need to Cry
10. Vile and Sinful
11. The Only Legacy
12. Liquidators Sacrifice
Excellent
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00