Dare to Dream

Stan Bush

20/11/2020

Cargo Records

A notre époque, confinés que nous sommes, avec pour seuls droits ceux de travailler et de consommer dans des industries tenues par les marchands du temple, l’heure est clairement à l’introspection et la nostalgie. Lorsque les temps sont troubles, et que l’avenir se dessine en pointillés d’espoirs qui s’effritent, nous avons tendance à nous replier sur nous-mêmes et à repenser à des périodes heureuses de notre vie, lorsque tout était facile et que tout était encore possible. Et en écoutant ce nouvel album du roi Stan BUSH, je ne peux m’empêcher de me replonger dans les années 80, celles de mon adolescence, lorsque pour la première fois, j’ai posé mes oreilles sur un album euphorique et énergique, signé d’un nom assez étrange, STAN BUSH & BARRAGE. Aujourd’hui, tout le monde ou presque connaît l’artiste et cite volontiers « The Touch » comme hit définitif, eu égard à sa présence au générique de Transformers. Mais pour les fans, BUSH représente beaucoup plus qu’un hit-single de blockbuster, il est un compagnon de route qui vous tient la main dans les moments difficiles, et plus simplement, l’un des songwritters les plus doués de sa génération. Certes et j’en conviens sans problèmes, il faut être perméable au Rock FM et à l’AOR pour se laisser imprégner des mélodies du bonhomme, certes, depuis quelques années, voire décennies, il a tendance à voler en pilotage automatique pour recycler des idées déjà largement exploitées, mais chacune de ses œuvres à ce parfum d’enfance et de légèreté qui nous est si cher aujourd’hui. Et en regardant simplement le tracklisting de ce Dare to Dream, je ne peux croire que Stan n’a pas lui aussi cherché à se réfugier dans la nostalgie, nous parlant de rêves à suivre, de moments importants de notre vie, et de ces années 80 qu’il a vécues comme une tornade balayant tous les doutes sur son passage.

Trois ans après Change the World qui malheureusement n’a rien changé à la déprime et à la dérive ambiante, le musicien revient avec onze nouveaux morceaux qui vont nous permettre d’affronter notre quotidien morne. La routine du chanteur étant définitivement plus cosy et brillante que la nôtre, c’est avec plaisir que nous allons replonger dans un bain de jouvence aux sels d’insouciance en mélodies pures, et une fois encore, Stan ne décevra personne avec ces nouvelles compositions qui rejoindront les autres hits sur le manteau de la cheminée. Rien n’a été changé à sa recette depuis fort longtemps, et dès les premières notes de « Born to Fight », nous sommes en terrain connu, tels des Peter Pan refusant de grandir à Neverland. La guitare est là, toujours tranchante, les harmonies bien en place, les claviers discrètement en contrepoint, et la voix, cette voix incroyable sur laquelle le temps ne semble avoir aucune emprise. Délibérément classique, ce nouvel album a pourtant été précédé par l’appropriation par Netflix de cette chanson introductive pour illustrer deux shows d’animation populaires, BAKI et Kengan Ashura. D’un autre côté, l’hymne « The 80’s » s’est vu illustré d’une vidéo, ce qui nous a permis de suivre son actualité en temps réel, et d’attendre ce nouvel album en toute quiétude. Avec Dare to Dream, Stan ne propose rien de neuf, mais recycle avec amour cette science de la composition qui lui a permis de travailler avec Jon Cain, Jim Vallance, Paul Stanley, de figurer sur la BO de plusieurs films de Jean-Claude Van Damme, et surtout, de représenter une certaine idée de l’Amérique hédoniste des années 80, celle qui glorifiait les self-made-men et qui honorait le Rock FM de ses premières places au Billboard.

Et avec le title-track « Dare to Dream », BUSH nous ramène une fois de plus dans son univers merveilleux, coloré de mélodies à tomber par terre, et d’espoir illustré en harmonies et énergie, comme si le temps s’était bloqué aux alentours de 1986 pour nous éviter les affres d’un futur anxiogène et traumatique. Superbement produit, Dare to Dream rivalise sans peine avec tous les albums estampillés 2010 de l’auteur, et boucle la boucle dessinée il y a dix ans via Dream the Dream, un thème obsessionnel chez le chanteur/compositeur. Est-ce à dire que ces onze nouvelles chansons en appellent à un rêve qui sommeille en chacun de nous, la réponse est évidemment positive, chaque chanson formant un chapitre d’un livre à l’écriture entamée il y a fort longtemps, nous incitant à oublier l’impossible pour courir après nos envies. Et en écoutant « The Times of Your Life », il est impossible de croire que Stan lui-même n’a pas repensé à sa gloire des années 80 en composant ce morceau. Tout est là, l’intro douce et délicate, le tempo battant la mesure de sa grosse caisse, et ce refrain en or massif qui transforme tous les autres artistes en vulgaires soldats de plomb. Le Rock de Stan est toujours aussi léger, mais profond dans les sentiments et les arrangements, ciselé à l’extrême mais assez instinctif pour sonner indomptable, et totalement dans le contexte d’une décennie qui n’en peut plus de regarder en arrière.

« The 80’s », l’aveu implicite de ce disque, nous rappelle les Richard MARX, les Henry Lee SUMMER, HEART, JOURNEY, HONEYMOON SUITE, et tous ces artistes défendant un certain idéal mélodique dans une époque rongée par les synthés et les compositions pondues à la chaîne. A la manière du « Summer of 69 » de Bryan ADAMS, ce morceau fonctionne comme une photo du passé remontant à la surface de la mémoire, pour illuminer notre présent d’un soleil d’autrefois. « Live And Breathe », la balade incontournable est évidemment belle, mais une fois encore sublimée par la voix extraordinaire de Stan, qui la chante comme on dirait adieu encore une fois à un amour d’adolescence. Mais comme l’a très bien dit un fan sur un site référentiel, rien chez Stan n’est inédit, rien n’est surprenant, mais tout est d’une telle qualité qu’on s’incline à chaque passage de l’artiste, comme si l‘on retrouvait un ami qu’on croise à intervalles réguliers.  

« Heat Of Attack » aurait pu être interprété par VIXEN, par KISS, et trois morceaux de ce nouvel album contiennent le mot « dream » dans leur titre. Pour beaucoup, cette redondance renverrait à la sénilité d’un message lénifiant de manichéisme, mais pour nous, c’est un rappel à l’ordre, une injonction à ne pas oublier que notre condition humaine ne doit pas nous rapetisser à l’état de marionnettes manipulées, et que notre envie de grandeur ne doit jamais mourir par faute d’être stimulée. « True Believer » s’en fait l’écho, et « Never Give Up » aussi, ne jamais abandonner, ne jamais se rendre, et vieillir sans oublier l’adolescent qui est toujours en nous. Alors oui, Dare to Dream ressemble un peu à ces conseils de grand-père affectueux qui voit toujours l’enfant en nous, mais ces conseils-là, beaucoup aimeraient les entendre encore. Stan est un peu ça, un grand-frère qui revient de temps en temps pour nous rappeler qu’à un moment de notre vie, nous voulions être un héros, comme ces musiciens que l’on écoutait et admirait à longueur de journée.           

              

                                                                                                                               

Titres de l’album:

01. Born To Fight

02. Dare To Dream

03. The Times Of Your Life

04. A Dream Of Love

05. The 80's

06. Live And Breathe

07. Heat Of Attack

08. Dream Big

09. True Believer

10. Never Give Up

11. Home


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par mortne2001 le 04/02/2021 à 14:00
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