La Californie si bien chantée par Julien Clerc n’est plus vraiment ce havre de soleil que les années 80 vendaient comme un gimmick de salle de bronzage. Aujourd’hui, 2024, elle ressemble à la hideuse Floride, terre de cocaïne et d’héroïne que l’on sniffe et qu’on s’injecte, avant de passer l’arme à gauche dans un squat quelconque. Ou dans un caniveau, en mode Slowly We Rot.
En parlant de Slowly We Rot, je note le glissement effectué par la terre Thrash made in Bay-Area, vers un Tampa fétide et putride, du moins, si j’en crois le troisième album de DIGYPUS, dont les doigts suppurent et restent coincés dans votre fondement. Groupe originaire de la baie de Monterey, cadre idyllique pour Rock tranquille et mélodique, DIGYPUS montre la face cachée de l’Amérique souriante et décomplexée, en allant fouiller dans les rapports médico-légaux de quoi alimenter son imaginaire déjà bien développé.
Fondé en 2013, et drivé aujourd’hui par ses deux membres d’origine, Dayan (basse/chœurs) et Sam (guitare), DIGYPUS est l’archétype même du groupe de Death passéiste qu’on adore au premier reniflement. Après deux albums célébrés dans la fange d’une soue immonde (Deathooze, 2019 et Bushmeat, 2021), le quintet renforcé de la présence de Dustin à la guitare, Bog à la batterie et la démente Clarisa au chant passe l’épreuve du troisième longue-durée avec un brio que nombre d’autres groupes confirmés pourraient leur envier.
Distribué par les espagnols de Memento Mori, Dipygus, éponyme en aveu nous massacre les esgourdes de ses rythmiques brutales et de ses harangues cruelles. Evoluant dans un registre très influencé par les débuts de BOLT THROWER et AUTOPSY, sans rechigner à accélérer en mode SUFFOCATION, DIGYPUS fouine dans les profondeurs des marais pour exhumer le cadavre d’un Death Metal des origines, vilain, odorant et suintant, pour le plus grand plaisir des psychopathes du riff morbide.
Efficace et créatif, ce troisième album est une véritable madeleine de Prou(s)t. Avec un bagage technique conséquent, les cinq californiens parviennent à nous faire croire qu’ils ne sont que des brutes épaisses incapables de déchiffrer une partition, alors même qu’ils s’y connaissent en solfège. Mais ils ont choisi la voie la plus violente, celle qui passe entre les allées d’un vieux cimetière pour couper à travers champ et y planquer les restes d’un pauvre hère étant passé au mauvais endroit au mauvais moment.
La fantaisie d’une basse grondante et mixée upfront, la voix particulièrement atroce et gravissime de Clarisa, et l’inventivité d’une paire de guitares qui ne se contentent pas de piocher dans le songbook d’OBITUARY, font de cette nouvelle épreuve un moment de plaisir incroyable, comme si l’éphéméride n’avait pas été actualisé depuis le début des années 90.
Grouillant, rampant, gluant, Dipygus détonne dans la production actuelle, plus prompte à jouer sur les clichés qu’à se démener pour trouver de nouvelles approches. Non que DIGYPUS soit le concept le plus novateur des Etats-Unis, mais avec une imagination un peu plus large que la moyenne, et une envie de jouer autre chose qu’une énième litanie morbide, Dipygus défonce quelques portes et fait honneur à la réputation de son label.
Les intitulés des morceaux vous donnent d’ailleurs de précieuses indications quant aux préoccupations du quintet. Nous sommes loin des images d’Epinal troquées par CARCASS, CANNIBAL CORPSE ou INCANTATION, et comme la musique se met au diapason de cette diversion, l’ensemble sent bon le compromis entre individualité et esprit de meute. Très loin des suiveurs incapables de faire la différence entre un hommage et un plagiat, DIGYPUS ose un poil d’expérimental à l’autrichienne (« The Dover Demon », parfaitement macabre et réjouissant de ses nombreuses cassures), et impose la pression d’un Death lourd et oppressant, durant onze minutes bien tassées et bien corsées (« Sacral Brain », vraiment moche et fier de l’être).
DIGYPUS passe le cap avec une facilité déconcertante. Alors que le Death old-school s’enfonce dans son propre marasme (comme son grand-frère rétro-Thrash), le quintet californien propose une alternative viable et jouissive, et surtout, un album qui sait surprendre tout en enthousiasmant. Une entreprise de salubrité non publique, qui dégouline des égouts, et qui inonde nos toilettes en déjections diverses et fluides corporels plus ou moins contagieux.
Tiens, ça pue. La Californie pue. Chacun son tour.
Titres de l’album:
01. Perverse Termination (Bulb of Force)
02. AquaGenesis
03. Monrovia, LR 1990
04. Vipers at the Pony Keg
05. Огромный Кальмар (Ross Sea Trawler)
06. Bug Sounds II (Megascolides Australis)
07. The Dover Demon
08. Rat Lung-Worm
09. Sacral Brain
10. The Ochopee Skunk Ape
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
09/07/2025, 18:22
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
09/07/2025, 13:16
"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44