Almas Negras

In-dios

27/05/2019

Cuervo Records

Certains groupes laissent dubitatif, d’autres intriguent. Pour certains, on se demande, d’autres ajustent des influences, et certains ne se laissent pas identifier facilement. Pour d’autres par contre, on dirait chez nos amis anglais qu’ils wear their heart on their sleeve, ce qui est indéniablement le cas de nos amis argentins de IN-DIOS. Avec un premier album de la trempe d’Almas Negras, pas de tergiversation possible, et encore moins après s’être avalé « Almas Negras », le titre d’ouverture. En quelques secondes, et sans avoir besoin d’une bio, l’impression est saisissante. Celle de se retrouver trente ans en arrière, juste après avoir posé Painkiller sur sa platine et encaissé le choc du title-track. Même intensité, même allégeance à un Heavy pur et dur tirant sur le Thrash, même claque puriste qui fait du bien au petit cœur de Metal. Mais les argentins n’ont jamais eu pour intention de nous surprendre avec leurs inclinaisons, bien au contraire. Depuis la formation du groupe en 2012, la franchise est de mise. IN-DIOS n’est pas là pour amuser la galerie ou faire montre de prétentions progressives et/ou évolutives, mais pour rendre hommage à un style qu’ils adorent, et qu’ils manient mieux que quiconque. Dont acte, et ce premier album après sept ans d’activité et de rares traces discographiques. Jusqu’à présent, seuls deux EP’s étaient venu nous fracasser les oreilles, la faute à un line-up hésitant et à des départs imprévus. Mais aujourd’hui, le groupe de Buenos Aires est fin prêt à envahir la planète de ses riffs virils et de ses envolées vocales typiques, en faisant l’un des représentants les plus fiables d’une musique indémodable et inusable. A ce titre, Almas Negras est plus un archétype qu’un simple premier album, une génuflexion face à la statue inoxydable de JUDAS PRIEST. Et Dieu, que ça fait du bien.

On le sait, la mode est au rétroviseur et aux conceptions rétrogrades. Rien de bien neuf à ce niveau, et ce quintet (Daniel Medina - chant, Alejandro Figueroa & Pablo Digiuseppe - guitares, Marcelo D'Auria - basse et Jonathan Sandez - batterie) s’inscrit dans une tradition noble, sans chercher le moins du monde à s’en extirper ou à s’y affilier d’office. Car ce qui frappe sur cet album, c’est cette franchise et cette sincérité qui transforment tous les morceaux en manifestes, mais aussi cette façon de jouer avec les limites des genres pour les réconcilier. En optant pour un durcissement permanent, les argentins nous offrent donc un effort estampillé Power Metal, unissant le Thrash et le Heavy comme le PRIEST, METAL CHURCH, ICED EARTH ou PRIMAL FEAR ont pu le faire avant eux. Formé par Daniel Medina (ex-JERIKO, ex-BUENOS AIRES, ex-CUERO) IN-DIOS est une curiosité délicieuse dans le paysage musical actuel. Refusant toute concession et toute édulcoration, le quintet avance bille en tête, et soigne son allure, misant sur son intégrité et son sens de la composition classique pour séduire les fans de Heavy Metal pur et dur, un peu perdus dans la vague old-school actuelle. Pourtant, cet album ne sonne pas old-school pour autant. Il est à l’aise dans son époque, mais conscient d’anciennes valeurs, ce qui lui confère une dualité intéressante. Si artistiquement, le pari n’était pas très risqué, le résultat est d’importance, et lorsque la bande s’autorise des incartades plus contemporaines, le résultat dépasse les espérances et les limites de puissance. Ainsi, « Lengua De Fuego » est un petit bijou d’agressivité intelligente, avec ses riffs purement Thrash soutenant un chant lyrique et dramatique. Dans la lignée des plus grands vocalistes du genre, les Jorn Lande, Ralf Scheepers et Rob Halford, Daniel Medina s’affirme comme un énorme vocaliste au timbre chaud et velouté, et aux harangues crédibles et viriles. Utilisant sa tessiture comme un prêtre sa bible, le chanteur se pare d’atours de seigneur, et nous convainc de ses lignes de chant aussi efficaces qu’impressionnantes. Derrière, le backing band fait plus que de la simple figuration, et lâche les chiens, s’adaptant à l’ambiance désirée. Car le but avoué de cet album est de passer en revue tous les aspects d’un style qui en compte beaucoup, et c’est donc sans étonnement que la mélodie parvient souvent à se frayer un chemin, pour nous offrir des combinaisons homériques (« Autocompasión »).

Enregistré au studio Aural 2 par Maximiliano Batista, Almas Negras décrit avec acuité la facette la plus sombre et noble du Heavy Metal de la fin des années 80/début des années 90 avec énormément de conviction, et nous offre des moments de gloire bruts mais peaufinés. La production, bien sûr énorme et aux muscles bandés convient parfaitement à ces chansons solides, qui n’hésitent jamais à provoquer la vitesse pour mieux accentuer la foi, et le spectre des Power Metal bands des nineties pointe souvent le bout de ses chaînes pour nous accompagner dans cette quête de pureté (« Libertad »). Impossible, une fois la philosophie comprise et acceptée de réfuter les théories présentées, ou accuser le projet d’une quelconque linéarité. Certes, le Heavy est classique, mais il joue tellement avec la frontière Thrash qu’il en devient imparable, inattaquable et tellement persuasif qu’on en serait presque tenté de ressortir ses vieux clous pas encore rouillés (« Golpeador Golpeado »). En accentuant l’importance des chœurs sans tomber dans les travers alcooliques du Metal germain, les argentins se montrent sous leur meilleur jour, gravant hymne après hymne dans le grand livre de la postérité, utilisant les vieux trucs de MEGADETH (la grosse basse Punk lourde de « Peace Sells » trouve un écho indéniable sur « Canibal »), pour mieux suggérer une union entre le Heavy mélodique hispanique et la sidérurgie britannique (« Lengua De Fuego »). Certes, avec près d’une heure au compteur, ce premier album est long, mais jamais gâché par des fillers faciles. Et même lorsque le classicisme atteint une sorte d’apogée (« Violencia »), les musiciens ne sont jamais à court d’astuces d’arrangements pour relancer l’attention.  

Aussi à l’aise dans les instants les plus radicaux que dans les moments travaillés, le quintet nous offre même des moments de pure grâce Metal, avec l’envoutant « Ganar El Juego », qui profite d’une longue intro hypnotique et orientale pour imposer un mid tempo costaud. IN-DIOS, sept ans après sa création s’affirme donc comme un sérieux outsider sur la scène Heavy nostalgique mais pas dupe, avec un premier album frisant la perfection dans le style. Et si les influences trop évidentes ne sont pas un écueil pour vous, alors savourez à pleines oreilles. La pureté se paie comptant de nos jours.                                             

Titres de l’album :

                       01. Almas Negras

                       02. Golpeador Golpeado

                       03. Canibal

                       04. Lengua De Fuego

                       05. Autocompasión

                       06. Libertad

                       07. Empujando Al Viento

                       08. Violencia

                       09. Blanco Tormento

                       10. Ganar El Juego

                       11. Sintiendo El Metal

Facebook officiel


par mortne2001 le 11/05/2020 à 18:12
82 %    1102

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past

SÉLECTION METALNEWS 2023 / Bonne année 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2024

Interview
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Arioch91

J'avais aimé le premier Vltimas. Il fait partie de cette tonne d'albums que l'on oublie mais qu'on ressort de temps à autre pour se les repasser et se dire "ah ouais, c'est pas mal" avant de les remettre en place.J'ai écout&eacut(...)

19/03/2024, 07:43

Arioch91

Ils n'ont pas encore viré la "nouvelle chanteuse" ?

19/03/2024, 07:39

DPD

Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.

18/03/2024, 17:37

stench

J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)

18/03/2024, 13:13

Gargan

Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)

18/03/2024, 08:05

pierre-2

Pourquoi tout ce venin ???Y font ce qu'ils veulent non ?

17/03/2024, 14:26

Fran

J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse  leurs tubes.

17/03/2024, 14:07

Nounours dit grizzly le magnifique

J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)

16/03/2024, 11:55

Sphincter Desecrator

UHL: un groupe qui, quand il n'est pas là, manque.Désolé...

14/03/2024, 19:31

Humungus

Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.

13/03/2024, 07:24

Désanusseur de mère

groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR

13/03/2024, 06:17

jo666

ça a l'air bien ce truc, en plus ils passent en mai à Grrrrnd Zero (69)

12/03/2024, 14:33

Cupcake Vanille

Vraiment une bien triste nouvelle...  RIP Blake 

12/03/2024, 08:25

MV

Sympa la fowce <3 

11/03/2024, 18:24

LeMoustre

Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable 

11/03/2024, 15:32

LeMoustre

Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire

11/03/2024, 14:55

senior canardo

toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout  ...

11/03/2024, 07:39

LeMoustre

Miam

08/03/2024, 14:22

Seb

Titre ultra-classique, mais c'est bon !

08/03/2024, 11:23

Gargan

Plus de 400 bpm pur le deuxième extrait ? Pas hyper convaincu mais ça reste tout de même impressionnant par moments ! &nb(...)

08/03/2024, 06:03