Trve

Love Sex Machine

12/04/2024

Pelagic Records

Le lundi matin, c’est généralement la sale épreuve de la semaine. La reprise du taf, la tête dans l’oignon, le déplaisir de retourner sur son lieu de travail et d’y croiser des collègues que l’on avait oubliés pendant deux jours. En gros, une semaine qui démarre et l’assurance d’une routine pénible et inamovible. Beurk.

Alors, autant trouver la musique idéale pour accompagner ce moment, et le rendre plus supportable. Certains opteront pour du feel-good, d’autres choisiront une pièce classique de choix, et quelques-uns, le défouloir indispensable à l’encaissement d’un gigantesque coup de pied dans les roustons. Excusez-moi d’avoir fait ce choix, mais je savais qu’avec les lillois de LOVE SEX MACHINE, je partirais du bon pied. Dans les roustons justement.

LOVE SEX MACHINE. Quel drôle de nom pour un groupe aussi peu porté sur les choses de l’amour et de la tendresse. On imagine plus volontiers un démarquage de James Brown, une relecture des canons post-gothiques de THE CULT, ou un machin dégoulinant de stupre entre les jambes d’un danseur de disco du samedi soir. Ils m’ont donné la fièvre ?

Oui, et pas qu’une petite qui passe avec un Advil.

Trve est déjà le troisième album du trio (Camille - batterie, JB - guitare, et Yves - guitare/chant). Enfin déjà…façon de parler puisque le premier accuse aujourd’hui douze ans d’existence, alors que le second fête ses huit ans cette année. C’est dire si ce troisième chapitre était attendu comme le loup blanc, et que le trio ne pouvait se permettre de se trouer sur ce coup-là.

Mais penser que les LSM pouvaient manquer le coche aurait été d’une inconscience crasse. Avec un Sludge qui empeste les égouts et la désolation humaine, le groupe roule encore sur du verre pilé, et nous entraîne là où beaucoup ont trop peur de marcher. « Fucking Snakes » est d’ailleurs le meilleur avertissement que les lillois pouvaient nous adresser, de sa méchanceté ferme et de son approche Noisy. Toujours aussi peu portés sur l’empathie et la discrétion, les musiciens nous donnent encore une fois une grosse leçon de lourdeur, en plein dans l’estomac pour bien marquer le coup. « Test26 » et ses sonorités dignes des SWANS officiant dans un vieil hôpital expérimental marque son territoire en pissant sur la pitié sonore, et nous exhorte à bien empaqueter nos illusions pour partir sur la voie de la paranoïa.

Produit conjointement par le groupe, l’ingé-son et propriétaire du studio Frédéric Pecqueur et le producteur Sanford Parker (EYEHATEGOD, YOB, HARM’S WAY), Trve n’est pas forcément une allusion directe à la scène BM nordique des années 90, mais il incarne une sorte de traduction de sa violence dans un vocable plus Hardcore et moins portée sur les églises et autres grenouilles de bénitier.

Disons-le, ce troisième album est un gigantesque traumatisme. Un état catatonique post accident de la route, un coma artificiel avant débranchement des machines, et une sacrée calotte derrière la nuque. Loin de se contenter de pilonner non-stop, LOVE SEX MACHINE appuie toujours au mauvais endroit, déclenche des douleurs insupportables, avant d’insister d’un plan sadique qui laisse la guitare hésiter entre deux tonalités.

Rythmiquement pesant, mélodiquement absent, Trve est le genre d’album qu’on écoute quand tout va mal, et qu’on souhaite que la situation s’aggrave. « Trapped For Life » décrit très bien ce processus avec son ambiance à la NEUROSIS des jours de pluie, et ses vocaux décharnés comme une charogne en plein désert. On plonge dans cet album comme on trempe ses orteils dans l’acide de l’existence, avec résignation, mais avec un certain masochisme. Inutile de le nier, il faut l’être pour supporter tant de noirceur, d’autant que le trio n’a pas joué les prolongations inutiles en concentrant ses idées sur une poignée de minutes seulement.

Entre les syncopes sévères, les riffs qui répondent comme un écho, et des textes bien sur cruellement réalistes, Trve impose de nouveau le nom de LOVE SEX MACHINE en première page de la scène Sludgecore, celle qui va encore plus loin que les plus insistants des bourrins, et qui vous calme deux ou trois neurones au passage (« Body Probe »).

Bien dosé, mais lourd sur l’âme, suffisamment varié pour ne pas qu’on ait l’impression de faire du surplace, mais esthétiquement classique, Trve est l’image sonore de son titre, une vérité énoncée sans fard, et qui tient lieu de postulat pour toute une scène.

« Broken Code », aussi tendre qu’un barbelé déchirant la peau de votre cuisse, « Carbonic Beast » au groove hallucinogène et aux itérations glauques, « Autism Factor » et ses clins d’œil discrets au Post-Punk de papa, tout contribue à vous mettre mal à l’aise, vous placer dans une situation inconfortable, et même parfois de vous bousculer près du ravin (« Hollywood Story », et en le faisant exprès en plus).

LOVE SEX MACHINE est de retour, et un lundi en plus. Ce jour infect que l’on affronte comme un diagnostic terminal, et qui laisse un goût amer dans la mémoire du dimanche. Mais finalement, n’est-ce pas toujours dimanche lorsqu’on répète les mêmes actions quotidiennement ?

Et sans roses blanches pour sa jolie maman.         

  

Titres de l’album:

01. Fucking Snakes

02. Test26

03. Trapped For Life

04. Body Probe

05. Canopy

06. Broken Code

07. Carbonic Beast

08. Autism Factor

09. Hollywood Story

10. Mask


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par mortne2001 le 15/04/2024 à 19:06
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