Le lundi matin, c’est généralement la sale épreuve de la semaine. La reprise du taf, la tête dans l’oignon, le déplaisir de retourner sur son lieu de travail et d’y croiser des collègues que l’on avait oubliés pendant deux jours. En gros, une semaine qui démarre et l’assurance d’une routine pénible et inamovible. Beurk.
Alors, autant trouver la musique idéale pour accompagner ce moment, et le rendre plus supportable. Certains opteront pour du feel-good, d’autres choisiront une pièce classique de choix, et quelques-uns, le défouloir indispensable à l’encaissement d’un gigantesque coup de pied dans les roustons. Excusez-moi d’avoir fait ce choix, mais je savais qu’avec les lillois de LOVE SEX MACHINE, je partirais du bon pied. Dans les roustons justement.
LOVE SEX MACHINE. Quel drôle de nom pour un groupe aussi peu porté sur les choses de l’amour et de la tendresse. On imagine plus volontiers un démarquage de James Brown, une relecture des canons post-gothiques de THE CULT, ou un machin dégoulinant de stupre entre les jambes d’un danseur de disco du samedi soir. Ils m’ont donné la fièvre ?
Oui, et pas qu’une petite qui passe avec un Advil.
Trve est déjà le troisième album du trio (Camille - batterie, JB - guitare, et Yves - guitare/chant). Enfin déjà…façon de parler puisque le premier accuse aujourd’hui douze ans d’existence, alors que le second fête ses huit ans cette année. C’est dire si ce troisième chapitre était attendu comme le loup blanc, et que le trio ne pouvait se permettre de se trouer sur ce coup-là.
Mais penser que les LSM pouvaient manquer le coche aurait été d’une inconscience crasse. Avec un Sludge qui empeste les égouts et la désolation humaine, le groupe roule encore sur du verre pilé, et nous entraîne là où beaucoup ont trop peur de marcher. « Fucking Snakes » est d’ailleurs le meilleur avertissement que les lillois pouvaient nous adresser, de sa méchanceté ferme et de son approche Noisy. Toujours aussi peu portés sur l’empathie et la discrétion, les musiciens nous donnent encore une fois une grosse leçon de lourdeur, en plein dans l’estomac pour bien marquer le coup. « Test26 » et ses sonorités dignes des SWANS officiant dans un vieil hôpital expérimental marque son territoire en pissant sur la pitié sonore, et nous exhorte à bien empaqueter nos illusions pour partir sur la voie de la paranoïa.
Produit conjointement par le groupe, l’ingé-son et propriétaire du studio Frédéric Pecqueur et le producteur Sanford Parker (EYEHATEGOD, YOB, HARM’S WAY), Trve n’est pas forcément une allusion directe à la scène BM nordique des années 90, mais il incarne une sorte de traduction de sa violence dans un vocable plus Hardcore et moins portée sur les églises et autres grenouilles de bénitier.
Disons-le, ce troisième album est un gigantesque traumatisme. Un état catatonique post accident de la route, un coma artificiel avant débranchement des machines, et une sacrée calotte derrière la nuque. Loin de se contenter de pilonner non-stop, LOVE SEX MACHINE appuie toujours au mauvais endroit, déclenche des douleurs insupportables, avant d’insister d’un plan sadique qui laisse la guitare hésiter entre deux tonalités.
Rythmiquement pesant, mélodiquement absent, Trve est le genre d’album qu’on écoute quand tout va mal, et qu’on souhaite que la situation s’aggrave. « Trapped For Life » décrit très bien ce processus avec son ambiance à la NEUROSIS des jours de pluie, et ses vocaux décharnés comme une charogne en plein désert. On plonge dans cet album comme on trempe ses orteils dans l’acide de l’existence, avec résignation, mais avec un certain masochisme. Inutile de le nier, il faut l’être pour supporter tant de noirceur, d’autant que le trio n’a pas joué les prolongations inutiles en concentrant ses idées sur une poignée de minutes seulement.
Entre les syncopes sévères, les riffs qui répondent comme un écho, et des textes bien sur cruellement réalistes, Trve impose de nouveau le nom de LOVE SEX MACHINE en première page de la scène Sludgecore, celle qui va encore plus loin que les plus insistants des bourrins, et qui vous calme deux ou trois neurones au passage (« Body Probe »).
Bien dosé, mais lourd sur l’âme, suffisamment varié pour ne pas qu’on ait l’impression de faire du surplace, mais esthétiquement classique, Trve est l’image sonore de son titre, une vérité énoncée sans fard, et qui tient lieu de postulat pour toute une scène.
« Broken Code », aussi tendre qu’un barbelé déchirant la peau de votre cuisse, « Carbonic Beast » au groove hallucinogène et aux itérations glauques, « Autism Factor » et ses clins d’œil discrets au Post-Punk de papa, tout contribue à vous mettre mal à l’aise, vous placer dans une situation inconfortable, et même parfois de vous bousculer près du ravin (« Hollywood Story », et en le faisant exprès en plus).
LOVE SEX MACHINE est de retour, et un lundi en plus. Ce jour infect que l’on affronte comme un diagnostic terminal, et qui laisse un goût amer dans la mémoire du dimanche. Mais finalement, n’est-ce pas toujours dimanche lorsqu’on répète les mêmes actions quotidiennement ?
Et sans roses blanches pour sa jolie maman.
Titres de l’album:
01. Fucking Snakes
02. Test26
03. Trapped For Life
04. Body Probe
05. Canopy
06. Broken Code
07. Carbonic Beast
08. Autism Factor
09. Hollywood Story
10. Mask
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31