On peut rester actif après une bonne bière. On peut aussi rester actif sans donner de nouvelles, et ce, sur plusieurs décennies. C’est le cas du trio allemand DROWNED, présent depuis 1992 et productif dès l’année suivante par le biais de démos. Il y en a d’ailleurs sept au tableau d’horreur de ce groupe de Berlin, étalées sur plus de vingt ans, et qui témoignent de l’importance du concept dans l’underground. Après un EP en 1998, il a fallu attendre 2014 pour que le trio daigne enfin nous gratifier d’un album en bonne et due forme, Idola Specus, qui une fois sorti a initié une nouvelle pause de…dix ans.
DROWNED ne fait donc clairement pas partie du clan des adorateurs de Rogga Johansson, et refuse d’occuper le terrain comme un envahisseur en pays conquis. Non, les berlinois seraient plutôt du genre discrets, mais efficaces, car chacune de leurs frappes est précise, ciblée, et parfaitement programmée.
Procul His, pur produit de la sidérurgie germaine, louche pourtant méchamment du côté de l’Amérique et en direction de la Suède. Une sorte de strabisme divergent, qui permet d’avoir une vue d’ensemble, et de synthétiser tout un pan d’histoire macabre, sans donner l’impression de ne pas pouvoir exister sans ses influences.
Tlmnn (guitare et membre fondateur), G.ST (basse/chant) et T.E (batterie) nous proposent donc une petite marche dans les catacombes de l’humanité, aux parois qui suintent et aux cranes qui suppurent. Le trip est vraiment intense, autant que peut l’être une visite guidée des bas-fonds du Death Metal le plus oppressant et traditionnel, et laisse une sensation de fourmis dans les jambes et de crampes à force de se baisser ou de traîner les pieds.
Aussi classique que peut l’être un crossover international, ce deuxième longue-durée est parfait pour animer vos longues soirées d’hiver monotones, passées à ressasser le passé en écoutant de vieux tubes moisis, quelque part entre INCANTATION, DISMA, ANTEDILUVIAN ou BOLZER.
Du rustre de chez rustre donc, sans aucune bonne manière, garanti décharné comme le cadavre d’un pauvre homme retrouvé dans le fossé dans la banlieue de Berlin. Excellemment produit pour sonner encore plus fané que sa musique, Procul His est un petit concentré de champignons sur un morceau de viande faisandée, et un plan dessiné par ces petits asticots qui grouillent à la surface de la bidoche. C’est donc assez traumatique, les riffs évidemment tournoient comme des rapaces, alors que la voix nous rapproche du CANCER le plus terminal de l’orée des nineties.
Une petite touche de Doom, un soupçon de Black pour corser l’affaire mais surtout, des ambitions qui se concrétisent dans des structures évolutives, presque progressives, et en tout cas suffisamment riches pour apporter à ce disque une grosse plus-value. Avec quelques intéressantes variations de rythme, des accélérations soudaines bien maitrisées et un catalogue d’idées suffisamment large pour piocher sans retenue, DROWNED évite de se noyer dans son propre verre d’eau, et parvient à réconcilier Tampa et Stockholm avec beaucoup de diplomatie.
La caution germaine se cache dans les arrangements rêches et l’attitude inflexible, malgré la présence de quelques mélodies agonisantes qui agrémentent les titres les plus intenses (« Man In Devil In Man »).
Du très bon boulot donc, qui excuse partiellement cette discrétion de publication. D’autant que sur sa longueur, ce nouveau chapitre supporte les itérations et autres répétitions, en variant les riffs et les thèmes, tout en gardant sa logique sous le coude. De fait, le long et final « Chryseos Vas » développe un résumé très probant de toute l’entreprise, excusant la décennie passée dans l’ombre à faire mourir les fans d’inquiétude.
DROWNED revient donc dans la pénombre, en passant fugacement dans la lumière. Un Death crédible, traditionnel, mais joué par des passionnés qui étaient là en temps et en heure. On ne demandera rien de plus à un disque fondé sur une philosophie old-school, l’intérêt étant justement de retrouver des sensations morbides déjà appréciées il y a trente ans.
Oui, le temps passe bien aussi vite, et nous allons tous crever. Alors autant s’y préparer.
Titres de l'album :
01. Star Tower
02. Phantom Stairs
03. Corpse God
04. Malachite Mirror
05. Man In Devil In Man
06. Blue Moth Vault
07. Seed Of Bones
08. Chryseos Vas
J'aurai dû dire "L'un des trucs"...Car l'affiche est une fois de plus laaaaaargement à la hauteur.Employons donc les bonnes formules !
17/06/2025, 08:48
L'un des rares trucs (jamais vu qui plus est) qui me fait littéralement piaffer à l'attente de l'Alcatraz bordel !!!
17/06/2025, 08:46
"Believe in nothing", j'peux comprendre, mais "The plague within"...Ce dernier étant pour moi aussi important que "Faith divides us (...)", j'ai du mal a te cerner cher Simony.
17/06/2025, 08:44
MON groupe de chevet, la voix de Nick et le touché de Greg sont pour moi les clés de mes émotions musicales. Bizarrement, "The Plague Within" et "Believe In Nothing" sont les 2 albums que j'écoute le moins. J'ADORE ce groupe ! Tout simplem(...)
16/06/2025, 21:25
Si ça intéresse quelqu'un ils ont mis l'album en intégralité sur bandcamp :https://agoniarecords.bandcamp.com/album/tetrad-mj'ai pas encore tout écouté(...)
16/06/2025, 19:22
Merci pour cette vidéo qui rend bien hommage à Paradise Lost, qui est un de mes groupes préférés depuis presque 32 ans. Découvert à l'époque grâce à l'émission Headbangersball, j'avais 15 ans et j'&eac(...)
16/06/2025, 12:30
Clairement l'un de mes groupes de chevet.Un talent plus qu'indéniable et malgré ce creux de la vague entre 99 et 2007, des gonzes qui se tiennent encore à ce jour bien droit dans leurs bottes.A propos de cette période que je pouvais, comme beauc(...)
16/06/2025, 11:51
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04