Conveyance In Death

Rhûn

26/01/2024

I.k. Productions

Attention. L’homme est seul, s’appelle Aaron Charles et joue un Black Metal fièrement guerrier et subtilement mélodique. Jusque-là, rien de bien inhabituel, mais l’homme vient de Portland. Et là, les visages s’éclairent à mesure que les ténèbres s’épaississent. Car cette ville de l’Oregon est un réservoir inestimable et inépuisable d’atrocités sonores, que ce soit en termes de Hardcore, de Death Metal ou de Black Metal. Alors autant prendre le cas au sérieux, et aborder l’écoute de ce premier album avec beaucoup d’attention.

Monté il y a deux ans, le projet solitaire RHUN se présente officiellement sur la scène BM nationale par le biais de Conveyance In Death, en six titres bien tassés. Et si les one-man-bands sont légion dans la tanière du Metal noir, nombreux sont ceux qui ne valent pas tripette et servent juste à flatter l’ego nihiliste de sauvages mal éduqués. RHUN est donc différent de la masse. Eu égard à sa créativité tout d’abord, mais aussi sa musicalité. Souvent à la lisière du Death des années 2000, le concept propose un Metal fortement influencé par la scène suédoise, avec DISSECTION en tête de liste, et bien évidemment, un parrainage indirect et post-mortem de BATHORY.

Puissance, harmonies et lancinance, telles sont les trois mamelles de ce premier jet très professionnel. Tellement qu’il donne le sentiment d’avoir été joué par un groupe à part entière, tant ses idées sont riches et ses arrangements luxuriants.

Une très bonne surprise de l’underground donc, et un disque qui risque de rester dans vos playlists noires des mois durant. Bien loin du lo-fi ou du Trve un peu trop trou, Conveyance In Death ressemble beaucoup aux productions Memento Mori et Sentient Ruin, et pourrait même réconcilier les deux écoles. Celle bruitiste et avant-gardiste et l’autre plus traditionnelle et fidèle aux dogmes. 

De l’excellent boulot, et une majesté qui nous ramène aux grandes heures des Acteurs de l’Ombre. Même grandiloquence de ton, même port altier des riffs acharnés, même chant décharné, pour un résultat identique : de la classe dans l’attaque, et de la fermeté dans le propos musical.

En refusant de rester statique ou unidirectionnel, RHUN nous offre donc un spectacle intégral, redoutablement bien mixé pour équilibrer les ingrédients. Dès « Morningstar », le ton est donné, et l’ambiance est surchauffée. A la manière d’une chaudière industrielle tournant à plein régime, Conveyance In Death n’offre que peu de respirations, mais évite le côté monolithique des sorties old-school un peu trop linéaires. On s’en rend évidemment compte assez vite, mais encore plus en testant le quasi Indus « Bone Ornament », qui après quelques mesures martiales, laisse un lick hautement redondant faire son office.

Et ce mélange de fournaise rythmique et d’aération mélodique est assurément le point fort de ce premier album. Peaufiné, bichonné, tout en restant très sauvage, il s’inspire de trois décennies de courants divers pour faire passer son message, digne des superproductions mondiales. On soulignera avec délice la multiplication des plans au sein de chaque morceau, ces soli harmonieux qui caressent les tympans, et ces reprises sans pitié qui nous écrasent les os. Et l’un dans l’autre, on se dit qu’Aaron Charles se passe allégrement d’acolytes et autres sidekicks.

En moins de quarante minutes, le talent de l’américain s’impose. Si les quelques inflexions MARDUK et MAYHEM permettent de situer la narration, si « Howl of Gleaming Swords » tambourine velu de sa propre colère, le tracklisting fait la part belle à des exigences formelles, incarnées par des suites évolutives ambitieuses, mais modestes en termes de durée.   

Libre mais concis, personnel mais cohérent et universel, Conveyance In Death utilise les astuces Death les plus accrocheuses, les guitares acoustiques inquiétantes, les silences pesants, et accepte tacitement d’incarner la nouvelle garde US du Black de première division. On regrettera juste l’absence d’un morceau vraiment épique, mais en savourant le fielleux « Citadels in Ruin », aussi oppressant qu’un thorax coincé par la douleur, on se dira que le tout est franchement bien foutu, et quasiment imperfectible dans son style.

Portland, encore et toujours. Cette ville inspire les esprits les plus vils, et leur confère des pouvoirs quasiment surnaturels. RHUN pérennise donc l’héritage de l’Oregon, et sonne le canon, pour rappeler à tous les autres que les maîtres n’ont pas déménagé.

Et ne comptent pas le faire.     

 


Titres de l'album :

01. Morningstar

02. Tomb of Andesite

03. Bone Ornament

04. Howl of Gleaming Swords

05. Citadels in Ruin

06. Night's Glacial Passing


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 13/04/2024 à 17:51
78 %    444

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Labbé
@165.225.205.40
15/04/2024, 15:01:53

je plussoie ! cet album est effectivement fort fort bon... mention spéciale pour Howl of Gleaming Swords. 

Merci pour la découverte ! 

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