Dans la catégorie « long silence troublant », les suédois de NUBIAN ROSE se posent là. Dix ans sans musique, sans présence artistique, voilà qui a de quoi ruiner de bonnes réputations initiales. Car même si le nom de NUBIAN ROSE s’est propagé comme un feu de poudre au début des années 2010, la densité de la production actuelle ne permet pas toujours de rester aux aguets pour surveiller les agissements des musiciens les plus méritants.
Mais 2024 a enfin sonné le rappel des troupes. Nous attendions ce clairon depuis 2014 et la publication de l’excellent Mental Revolution, et autant dire que l’appel du matin ne décevra personne. Car si le groupe suédois est resté fidèle à sa recette, il n’en a pas moins procédé à quelques ajustements. Ce qui arrive lorsque des artistes s’éloignent des obligations contractuelles envers leur public qui aimerait qu’ils ne changent pas. NUBIAN ROSE n’a donc pas hésité à tailler dans le gras et à emprunter des chemins de traverse pour être en adéquation avec ses influences et ses croyances. De fait, Amen, qui sonne comme la fin d’une prière est en fait un nouveau départ, tonitruant, et certain de ses capacités.
Amen sonne différemment, mais d’une façon positive. En tant qu’êtes humains nous changeons constamment. Alors pourquoi notre musique ne pourrait faire de même ?
Cette question est tout à fait légitime, alors, si d’aventure vous vous attendiez à un Mental Revolution bis, vous en serez pour vos frais. Les suédois ont pris la tangente, modifié leur son, et revu leurs ambitions. Ainsi, et pour la première fois de sa carrière, le groupe a osé une composition de proportions dantesques, avec un déroulé de quasiment dix minutes. Ce qui en dit long sur le pari effectué par ce troisième album, étape cruciale d’une carrière.
Sofia Lilja (chant), Christer Åkerlund (guitare/basse/synthés) et Micael Karlsson (batterie) nous proposent donc des variations sur plusieurs thèmes. Avec un port d’attache mélodique mais des plans de navigation multiples, le trio nous emmène donc loin, très loin, là où les sirènes chantent pour duper les marins. Cette sirène, c’est évidemment Sofia, dont la voix est toujours aussi envoutante et puissante. La chanteuse a tout donné pour son art, et Amen creuse un fossé entre sa famille et le reste de la fratrie suédoise. Loin des facilités nostalgiques en AOR copié/calqué, NUBIAN ROSE impose un crossover magique, fait de synthés vintage, d’allusions New-Wave, Disco et Pop-Rock, pour mieux nous surprendre d’une distorsion atténuée, mais toujours présente.
Les fans et néophytes auront peut-être du mal à encaisser le choc sismique de « Running », qui évoque les années 80 avec plus d’authenticité qu’un maxi 45 tours de YAZOO, mais l’un dans l’autre, NUBIAN ROSE a fait le choix de la diversité, pour éviter une routine ronronnant comme un vieux chat près de la cheminée. Et quelque part entre NIGHT FLIGHT ORCHESTRA et W.E.T, Amen impose le métissage.
CHEAP TRICK, David BOWIE, John CARPENTER, DALBELLO, Stevie NICKS et Donna SUMMER, telles sont les influences revendiquées par cet album qui affiche une confiance déconcertante. Pedro Ferreira a accompli un travail exemplaire en enregistrant et mixant cet album, lui offrant une patine old-school réaliste, profitant de la profondeur de compositions qui sont bien plus qu’un assemblage de gimmicks. Et si « Dramatic Day » garde contact avec le groupe populaire des années 2012 de sa guitare agressive mais polie, « Lost in the Mist » nous en éloigne plus efficacement qu’une tornade envolant tout sur son passage.
Titre à tiroir par excellence, « Lost in the Mist » est la grosse surprise d’un disque qui ne ménage pas ses effets. En quasiment dix longues minutes, NUBIAN ROSE franchit un cap, et s’affiche comme la confirmation des espoirs hier. Plus proche du Progressif à la scandinave que jamais, le trio mixe les synthés avec une guitare inventive, laissant son interprète sublimer des thématiques simples, mais efficaces.
Produit hors du temps, malgré ses références eighties, Amen est aussi moderne qu’il n’est détaché de son époque. Les notes sont toujours justes, les silences logiques, et la passion, intacte. Nous n’en attendions pas moins d’un collectif incroyablement créatif, mais admettons tout de même que la surprise est de taille.
Rassurons les fans de la première heure : le groupe que vous avez aimé est toujours-là. Il a juste muri, s’est adapté à ses envies, et propose aujourd’hui bien plus qu’une suite logique. Une nouvelle direction à suivre, quelque part entre Pop, New-Wave et Hard Rock moderne, mais toujours très mélodique. NUBIAN ROSE ne s’est pas contenté de citations dans le texte ou d’annotations de bas de page pour assumer sa passion des années 80, et a transcendé le rétro-Rock d’une inspiration nouvelle.
« Red Sky », apaisé et évolutif, « Desert Night », bondissant comme un tube de U2 revisité par BON JOVI, « Holy Roar », fragile comme la flamme d’une bougie la fenêtre ouverte avant d’enfiler ses baskets pour arpenter les rues, le tracklisting est diversifié, mais l’impact est considérable. Si l’on a parfois du mal à reconnaître les traits pourtant familiers d’un trio que l’on a promu au rang d’espoir de sa génération, l’ADN se cache toujours sous ces strates de sons qui font de cet album l’un des plus riches de ce début d’année 2024.
Du mieux pour du bien. C’est un peu osé comme constat, mais très proche de la situation d’un orchestre qui ne s‘est rien refusé, au point de reprendre le classique de DALBELLO déjà lifté par QUEENSRYCHE il y a fort longtemps. Cette version de « Gonna Get Close to You » est encore plus synthétique, et donc plus proche de l’original, dont elle a gardé l’ambiance oppressante et la menace de synthés dignes d’une B.O de John CARPENTER.
NUBIAN ROSE est, et sera toujours NUBIAN ROSE, même changé, plus âgé ou plus exigeant. Comme un enfant que l’on a regardé grandir, et qui a tout à coup basculé dans l’âge adulte.
Titres de l’album:
01. Memorial
02. Dramatic Day
03. Break Down the Walls
04. Running
05. Lost in the Mist
06. Red Sky
07. Desert Night
08. Holy Roar
09. Bright Lights
10. Gonna Get Close to You (Dalbello cover)
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04