Mission

Chabifönk Experience

20/11/2017

Dooweet Agency

Les trucs barrés, c’est ma came, et aucun effet de manche dans cette déclaration, puisque tout le monde est au courant. Généralement, lorsque je fais partie d’un collectif rédactionnel, les machins inclassables, c’est pour moi. Tango-Grind, Menuet-Core, Psycho-Funk à tendance paranoïdo-avant-gardiste, ou Blues-Musette Djent pour adolescents à TOC enfermés dans leur piaule qui sent le renfermé, je prends, j’ingurgite, et je régurgite une rhétorique à l’épreuve des balles, et à la hauteur des trous. De balle. Evidemment, mais magnez-vous de lire ce calembour, il faut que je le rende à Arno Strobl. Tiens, en parlant de CARNIVAL IN COAL, ce soir, je tiens un truc qui aurait pu faire un bout de chemin avec eux, sur les routes de Navarre et de moutons, genre la première partie qu’on a pris par sympathie, parce que le bassiste connaît le facteur qui apporte ses recommandés au cousin de la nièce du coiffeur de l’autre guitariste. Un salmigondis presque familial, puisqu’on sait tous ces dégénérés du bulbe consanguins jusqu’au moindre break. Et friands des mêmes ingrédients qui font mijoter le Rock dans un bouillon expérimental. MAIS musical. Parce que c’est quand même le point principal, sinon, ça devient vite n’importe quoi.

Les CHABIFÖNK EXPERIENCE ne sont justement pas n’importe-qui, ni la dernière bande à qui on dit quoi, comment pourquoi, et merci. Trio d’iconoclastes qui ne conçoivent la musique que sous un couvert fromager de raffinement en cave, on pourrait presque affirmer sans passer pour des caves qu’ils ont croisé un chabichou avec un Funk Electro évaporé, sans pour autant se prendre un pain en lorgnant sur leurs baguettes. Ils ne sont pas franchouillards pour autant, et leur culture ne navigue pas à vue au travers d’un brouillard hésitant. Non, les mecs connaissent leurs classiques, les repiquent, dans une terre fertile qui donne lieu à une floraison de boutons qui éclosent ou restent à l’état d’embryon, mais dont les fleurs du mal nous font beaucoup de bien.

Quelles références ? Celles avouées dans une bio rapidement torchée, DUB TRIO, OZRIC TENTACLES, Jimi HENDRIX, HILIGHT TRIBE, AFRO DIZZI ACT, PINK FLOYD, en gros, tout et son contraire, et surtout, une liste complètement pas exhaustive qui pourrait aussi inclure les flingués de PRIMUS, de IWRESTLEDABEARONCE, THE NUMBER TWELVE LOOKS LIKE YOU, ZEUS, tout en multipliant les allusions à Zappa, Eno, les PEROPERO, Steve Vaï, WHALE, j’en passe pas mal et des encore plus stade anal. Sauf qu’ici, tout comme chez les agencés de l’annuaire de l’étrange déjà énoncés, la blague passe bien, parce qu’elle est érudite et futée. Pourtant, les mecs sont des curieux, parfois mal lunés, et sont tout sauf onctueux. Ils ne nous caressent pas dans le sens du poil, et ont choisi la difficulté d’une musique instrumentale bien pesée, qui se passe très bien de chant pour s’affirmer. Il faut dire qu’entre les plans rythmiques de funambule, le groove incrédule, en passant par les riffs teigneux et soli précieux, les breaks en équilibre, les accélérations indélébiles, et les accords qui changent d’humeur comme de chemise, il n’y a pas vraiment de place pour un vocaliste egocentrique qui a la trique de voir toute l’attention reportée sur sa chemise satinée. Alors, va te faire repasser l’étoffe sale brailleur bien peigné, ici, on joue, et c’est tout. Et franchement, c’est déjà vraiment pas mal. Même bien, tiens, puisqu’il faut bien s’engager de temps à autres.

L’espace, son infini, les galaxies, les civilisations du cosmos, les mayas, les incas, les runes, Stonehenge, les cercles de culture, le bouillon de culture, Bernard Pivot, enfin, en gros, de quoi alimenter le mystère qui joue pourtant parfois franc jeu, sans en avoir l’air. En mixant dans un même robot Electro Underground, Dub, Jungle, Techno, Trance, Rock, Funk, Démence, Résurgence, Stance, et expérimental à outrance, le trio vient d’accoucher d’un EP qui risque fort de séduire tous les agités, fils de, neveux de, qui affectionnent les traitements de choc, à base d’hologrammes de Jimi tapant le bœuf avec des DOWNSET psychédéliques tentant le coup de la reprise de James Brown dans une capsule perdue dans l’espace-temps.

Lequel ?

Bah justement, bonne question, puisque je ne sais ni quand, ni où. Dans ma tête en tout cas, et quelque part dans une galaxie séparant les volutes de RUSH des émanations de NO DREAM THEAMEANS NO, avec un batteur qui pulse, un guitariste qui s’amuse avec les gammes, les attaques et les effets, et un bassiste qui tente de réconcilier les deux autour d’un bol de samples bien frais. Alors, les trois ensembles s’entendent comme larrons foireux, mais le rendu de ce Mission, qui semble en effet investi d’une quête d’affiliation de filiation et de foi (de volaille, évidemment), propre à convertir même les plus sages des rois.

Eux, s’en vont et viennent comme des princes, et se foutent complètement de ce qu’on peut penser d’eux. Et de. De quoi ? De leur style, qui n’en est pas un.

En même temps, un groupe qui écrit en gros dans son nom EXPERIENCE, va forcément être attendu au tournant, et à l’avance. Le clin d’œil à Hendrix étant trop tentant, tonton tente tant bien que mal d’entrer en tata, et l’équation tance les tentes sous lesquelles s’agitent les tartes qu’on se colle dans la tronche béante. Beat chaloupé, parfois binaire mais toujours souple et coulé, riffs parfois d’enfer, à la Néo-Rock sauvage des héritiers du MC5 et des STOOGES toujours pas enterrés, parfois en con slair, en son clair pardon, pour quelques arpèges apaisés, interventions en solitaire qui n’évoquent aucun onanisme instrumental mais bien un organisme ornemental, pour quelques coups de coudes à David Gilmour qui ne doit plus en retrouver son diamant qui brille au soleil du côté sombre de la lune. Ils nous montrent la leur d’ailleurs, en plus d’une occasion, comme de sales gamins qui font le tour de la place du centre-ville en roulant au ralenti, et cassent l’avancée de latences mélodiques qui font rêver, avant qu’un gros coup de boule électrique ne vienne nous réveiller. Aussi Rock qu’il n’est Funk, aussi psychédélique qu’il n’est électrique, aussi inventif qu’il n’est relatif, ce nouvel EP s’amuse à brouiller les pistes, pour nous faire oublier que la musique est souvent un art figé, trop respectueux des codes pour les détourner. Ici, on s’amuse sérieusement, et on travaille en rigolant, puisque telle est la devise de cette partition qui s’envole régulièrement vers des paradis lysergiques qui dénaturent les sens par essence. Du LSD sonore ? Non, pas encore, parce que l’ensemble est cohérent, et que rien n’est gratuit, même si l’ensemble est dément. Juste assez pour envoyer chier la routine, mais pas trop pour ne pas courber l’échine. Bilan ?

Le bilan est simple. Je n’ai pas cité un seul morceau, ni un seul musicien, je n’ai pas parlé de leur passé, puisqu’une seule chose m’intéresse. Leur présent. Ce Mission qui remplit la sienne comme moi, en vous aiguillant une fois de plus vers un truc puissant. Et ça n’est pas Arno Strobl qui va dire le contraire. Trop occupé à se recoiffer pour une photo de famille, sur laquelle on pourrait retrouver, en arrière-arrière-plan-plan les bargeots de CHABIFÖNK EXPERIENCE.


Titres de l'album:

  1. Fly'n'Furious
  2. Motri6té
  3. Delicate Sex Machine
  4. Droïd
  5. 4ème Dimension

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par mortne2001 le 10/12/2017 à 17:19
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