Pas un jour ne passe sans charrier son lot de nouveaux groupes, qui tentent de se faire une place au soleil de l’actualité. Entre les gros labels, les indépendants, l’autoproduction, le choix est vaste, mais il est aussi ardu. Comment faire le tri sans avoir à se mettre les mains dans le cambouis ? Comment séparer le grain de l’ivraie ? Comment repérer les têtes d’affiche de demain, les espoirs à confirmer et les scories tout juste bonnes à combler une fissure dans un muret ?
Il n’y a pas de solution miracle. Il faut se relever les manches, et faire confiance à son instinct. Tout en prenant garde aux détails. Et ce matin, deux détails ont attiré mon attention vers les canadiens de DISSIMULATOR.
Malgré un nom clichesque au possible, ce trio a en effet deux avantages à mettre immédiatement en avant. Leur musique évidemment, étiquetée Death/Thrash technique, et leur label, 20 Buck Spin, grand pourvoyeur de brutalité devant l’éternel. Largement de quoi tendre une oreille, qui finalement vous remercie de votre vigilance. Car ce premier album, modeste dans les proportions, se montre très généreux dans la distribution, de pains évidemment, dans un registre casse-gueule et plutôt entre deux chaises.
Claude Leduc (guitare/chant), Antoine Daigneault (basse) et Philippe Tyrant Boucher (batterie) flirtent ensemble depuis 2021, année de publication de leur première démo qui a alléché les maisons de disques. Faisant état d’un potentiel non négligeable, les trois montréalais s’épanchent dans un registre complexe et touffu quelque part entre SUFFOCATION et DEMOLITION HAMMER, le tout recouvert d’un glaçage SADUS et d’une cerise MORBID ANGEL. Du beau monde dans les vestiaires donc, pour un résultat en tout point enthousiasmant. De la violence intelligente et lettrée, qui nous ramène tout doit au début des années 90, lorsque les musiciens injectaient une grosse dose de finesse dans leur boucan d’enfer.
Lower Form Resistance et sa pochette énigmatique est donc une sorte de mini-révélation 2024. L’assertion de résistance de musiciens exigeants, et peu enclins à se jouer de la facilité old-school pour sortir de leur tanière. Dominé par un guitariste/chanteur qui connaît son boulot, le trio canadien nous joue une partition dense, truffée de breaks, de plans évolutifs, de cassures nettes et de dérivations alambiquées, comme un CORONER boosté au Red Bull et aux amphétamines.
La formule est connue mais efficace, et chaque morceau compte un nombre d’idées assez effarant. Singeant parfois les tics froids et cliniques du VOÏVOD des grandes années, pour mieux pulvériser la statue d’un coup de boutoir typiquement floridien, les DISSIMULATOR ne dissimulent finalement pas grand-chose, et nous percutent de plein fouet de leur brutalité calculée et incroyablement précise.
Testez votre résistance sur le monstrueux et imbriqué « Automoil & Robotoil », petit chef d’œuvre en up tempo qui ose le binaire appuyé et le catchy enrobé. Entre cette base Thrash qui provoque les syncopes et cette préparation Death riche et épaisse, l’entre-deux est parfaitement rodé, et les échos porteurs. Les trois acolytes ont donc décidé de jeter toutes leurs forces dans la bataille menée contre la médiocrité vintage, osant même défier les cadors les plus capés du conservatoire Techno-Death.
Avec une production rude et rêche, les canadiens jouent l’honnêteté et la proximité. Avec en insert quelques mélodies pures et développées, des allusions plus ou moins poussées à la Californie mais aussi l’Angleterre, et quelques signes de la main aux héros de TESTAMENT (« Cybermorphism Mainframe »), Lower Form Resistance est totalement irrésistible, fascinant, passionnant de son entame à son épilogue, et mis en forme par des musiciens vraiment investis dans leur sujet.
Le retour en arrière est immersif, et cette brutalité élitiste systémique. On sent le legs du PESTILENCE des années 90, mais aussi l’opacité d’un MORBID ANGEL occupé sur tous les fronts, dans cette guerre contre la morosité d’antiquaires plus prompts à refourguer de la camelote sans intérêt qu’à dénicher les perles en acajou sans encaustique.
Disponible intégralement sur YouTube (dites merci à tonton 20 Buck Spin), Lower Form Resistance annihile toute résistance mentale et s’insinue dans le cerveau comme un virus inconnu. Et entre les insistances insidieuses de « Neural Hack » et l’attaque frontale de « Hyperline Underflow », le bilan est lourd, et les neurones méchamment sollicitées.
Mais comme il faut bien trouver quelque chose à redire, je pointerai du doigt le son un peu trop grotesque de cette grosse caisse qui tambourine comme un fusil mitrailleur de dessin animé. Là est le seul (petit) point négatif d’un album qui fait preuve de culot et qui affiche des prétentions claires. Bousculer mais avec classe, raser mais avec précision, et apprendre quelques astuces acrobatiques, mais en toute humilité.
La grosse claque, qui justifie amplement les plombes passées sur le net pour trouver de quoi gloser.
Titres de l’album:
01. Neural Hack
02. Warped
03. Outer Phase
04. Automoil & Robotoil
05. Cybermorphism Mainframe
06. Hyperline Underflow
07. Lower Form Resistance
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique.
La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36