Voici un cas très intéressant à traiter, un cas se situant en convergence de plusieurs courants, et qui dévoile toute sa richesse au travers de titres complexes et francs à la fois. Si la Grèce fut autrefois parent pauvre de la scène Metal européenne, la barre a été redressée et le pays se présente aujourd’hui presque comme un leader, même si la tendance contemporaine privilégie les groupes progressifs, épiques, ou plus purement Heavy. Et même si les DESOLATE PLAINS le sont, ils ne se contentent pas de le rester, et explorent les recoins Death de la vague Thrash, tout en ménageant des parties mystiques et envoutantes, qui empêchent de les classer avec fermeté dans un créneau.
Formé l’année dernière, le combo n’aura pas traîné pour nous exposer ses vues sur un Metal atemporel, tout aussi hargneux et féroce qu’il n’est mélodique et coriace. Lampros Potamianos (guitares, basse, composition, paroles), Aliki Katriou (chant et bruitages, paroles et musiques additionnelles) et Hugo Ribeiro (batteur de session) se définissent donc comme un projet musical métallique rendant hommage à l’esprit humain, et son évolution constante à travers les siècles. Pour ce faire, ils ont choisi une voie plutôt inhabituelle, fortement influencée par le Death technique et progressif, qu’ils mâtinent de Thrash véloce et saccadé, mais aussi d’arrangements orientaux fascinants et oniriques qui confèrent à leurs chansons un aspect presque onirique et surréaliste.
Practicing the Inner Arts est donc une quête initiatique, qui nous fait traverser les époques et les styles avec une aisance déconcertante, et qui refuse le statisme d’un ancrage trop prononcé dans des balises temporelles. On pense au gré de l’écoute à un genre de SANCTUARY du sud, ou à un MEGADETH teinté de MYRATH, avec toutefois une emphase mise sur la violence que des harmonies de guitare viennent apaiser avec régularité. Il faut dire que les trois musiciens sont à l’aise avec leur instrument, même si la voix étrange d’Aliki perturbe parfois l’oreille de ses intonations lyriques.
Difficile toutefois d’en apprendre plus sur eux, tant les infos manquent. Une simple page Facebook pas très fournie, une chaîne Youtube qui ne nous en dit pas plus, pour un premier jet qui ne se révèle qu’après de nombreux efforts.
Tout n’est certes pas parfait ici, et certains plans ont tendance à se recouper avec un peu trop d’évidence, spécialement au niveau des riffs les plus saccadés qui partagent un ADN commun. Mais la belle énergie de la rythmique qui se meut avec intelligence et imprévisibilité, et un chant qui oscille entre nappes harmoniques et grondements sourds et rauques permettent de pardonner quelques erreurs d’errance, et de rester attentif tout au long des quarante-deux minutes de ce premier jet.
Si l’on ajoute à ce bilan des soli très capables et une production tout à fait honnête (mais qui frise un peu dans les aigus), on obtient une première œuvre très riche, qui intéressera les plus aventureux d’entre vous. Ne vous laissez d’ailleurs pas amadouer par « The Return to Normalcy », l’ouverture vous aiguillant sur la piste d’un Thrash progressif à tendance Death, puisque là n’est pas la ligne directrice globale du LP. Mais en tant qu’entame franche et brutale, ce morceau fonctionne à plein régime, et nous embarque dans un voyage qu’autrefois NOCTURNUS avait entamé avec la fierté de claviers en contrepoint d’une brutalité outrancière.
Et dès « Being Of Despair », les choses deviennent moins claires et l’horizon se brouille d’un Heavy lyrique assez étrange, un peu CREMATORY sur les bords, mais dénaturé par un chant traité à la CYNIC tout à fait particulier.
Morceaux la plupart du temps courts et incisifs, agressifs, à l’image de l’impitoyable « The Rising », qui thrashe tout ce qui bouge, avec pertinence et violence, tout en assortissant sa brutalité de fioritures techniques appréciables, sans tomber dans le Techno Death roboratif et répétitif. Les trois hommes jouent vite et ferme, mais savent distiller les mélodies lorsqu’il le faut, pour ne pas nous lasser d’une routine un peu trop prévisible. De temps à autres, la montre laisse courir les aiguilles, et le temps le laisse à un « Shadow Of Eternity », qui une fois de plus puise son inspiration dans le Techno-Thrash des années 80, qu’il lifte d’un coup de jeune boostant. Guitares hachées menu, soudaines accélérations, break synthétique impromptu, pour un presque instrumental à peine survolée de quelques chœurs épars et oniriques.
« Practicing the Inner Arts » est un autre joli exemple de la science évolutive des grecs, qui n’hésitent pas à imposer des ambiances différentes pour coller à leur concept, et de multiplier les attaques percussives pour donner une impulsion démarquée à leur Thrash/Death original et déformé. Le talent d’interprète de Katriou est d’ailleurs un atout clé pour la formation, tant ses digressions vocales nous font penser à une mise en scène théâtrale et musicale, dans laquelle il se positionnerait en tant que sujet d’étude de l’âme humaine en incarnant justement l’humanité dans toute sa diversité.
Difficile de se montrer négativement critique à l’égard des DESOLATE PLAINS, puisque malgré une formation récente, les trois instrumentistes possèdent déjà une empreinte personnelle très profonde. Et même lorsque les titres se restreignent en deçà des trois minutes (« On The Verge »), les plans, breaks et idées se percutent à grande vitesse pour nous faire tourner la tête à 180 degrés. Nous avons même droit à un final tonitruant, « When Birds Gather Low », qui suggère autant TESTAMENT que MEGADETH, OPETH, ou une touche de Thrash/Doom à la TOURNIQUET, avec quelques similitudes de timbre qui valident cette comparaison.
Mais inutile de trop chercher à comparer ce trio à d’autres références, puisque leur originalité crève les oreilles, et rend ce premier album assez unique en son genre. Il reste encore des choses à affiner, notamment dans ces atmosphères un peu trop systématiques, mais en l’état, le chantier musical est très abouti, et repose sur de solides fondations.
Une sortie surprenante, qu’on découvre avec plaisir, et qui annonce l’émergence d’une nouvelle tête de liste en Grèce. Un pays qui décidément, n’en finira pas de nous surprendre…
Titres de l'album:
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@Bones : merci pour Hail of Bullets, je préfère ce que je suis en train d'écouter (le premier) à ce Necroceros. Ca m'emballe bien plus alors je pense rattraper mon retard du côté de HoB plutôt que d'Asphyx.
27/01/2021, 08:07
Ouais dsl j'ai été un peu sec, mais l'autre andouille est venu gratuitement me baver sur les rouleaux... J'aurais dû employer l'adverbe "cordialement" à la fin de mon précèdent post.
26/01/2021, 16:03
Mouais, mais par contre je vais rapidement le réécouter pour voir si mon approche a évolué. C'est vrai qu'il est réputé... j'ai sans doute raté le coche.
26/01/2021, 13:14
@Humungus : SIC... And Destroy ! Comme disait Coluche : la politique ? C'est quand on est poli et qu'on a(...)
26/01/2021, 10:45
@Humungus : je confirme pour The Rack. Plusieurs fois j'ai essayé mais sans jamais accrocher.Y a des albums comme ça
26/01/2021, 07:56
Toujours "intéressant" (SIC !!!) quand la politique s'insère ici... ... ...
26/01/2021, 07:38
Ne pas "rentrer" dans "The rack" ?!?!Bizarre étant donné la monstruosité de cet album...Quoi qu'il en soit, je plussoie sur HAIL OF BULLETS !Pis n'oublions pas le merveilleux GRAND SUPREME BLOOD COURT non plus hein !!!(...)
26/01/2021, 07:35
@Bones : merci pour l'idée, vais m'écouter les trois albums de Hail of Bullets, juste histoire de rattraper mon retard concernant le père Van Drunnen.
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