Lion Heart

Pride Of Lions

25/09/2020

Frontiers Records

Avant de commencer cette chronique, j’aimerais adresser une requête - plutôt une supplication - à Jim Peterik. Jim, je sais que tu as de la bouteille et que tu en as vu d’autres, mais par pitié, change de look et de coupe de cheveux. Tu ressembles à un mauvais sosie de Geddy Lee déguisé en musicien de PRETTY BOY FLOYD pour un numéro chez feu Michou. Je n’ai rien contre un peu de fantaisie chamarrée, mais là, tu atteints les limites du ridicule, spécialement lorsque tu poses pour des photos promo aux côtés de ton compère Toby Hitchcock, beaucoup plus sobre avec ses cheveux courts et sa veste en cuir. En dehors de ce regrettable aparté un peu triste, fêtons comme il se doit le retour d’une des associations les plus viables des combinaisons intergénérationnelles, et le retour de PRIDE OF LIONS, qui célèbre avec Lion Heart son sixième album depuis sa création en 2003. PRIDE OF LIONS comme tout le monde le sait, est le partenariat tissé entre un guitariste/multi-instrumentiste de génie (Jim Peterik, violet et avec un boa blanc, mais au CV mentionnant des activités de chanteur, compositeur, claviériste, producteur, et les noms de THE IDES OF MARCH, LIFEFORCE, WORLD STAGE, SURVIVOR), et un chanteur au timbre chaud et au feeling éclatant (Toby Hitchcock, POWERHOUSE). Depuis l’orée des années 2000, le duo nous a gratifiés d’albums impeccables, tous voués aux gémonies d’un Rock mélodique légèrement agressif et d’un AOR de très haute volée, tout au long d’une discographie immaculée (Pride of Lions, The Destiny Stone, The Roaring of Dreams, Immortal, Fearless), qui aujourd’hui se voit augmentée d’un nouveau chapitre une fois encore au-dessus de tout soupçon. Evidemment, les réfractaires argueront du fait que les albums du concept se ressemblent tous et ne proposent rien de plus que ce que les cadors des FM eighties proposaient déjà, mais le métier et le talent des deux musiciens font qu’on se laisse prendre au jeu du formalisme, pour apprécier de véritables chansons que le TOTO le plus Hard aurait pu signer durant son âge d’or.

Aucune surprise donc de constater qu’une fois de plus, la qualité est au rendez-vous, et que Jim s’est déchiré pour nous offrir de véritables hits vintage pour un Billboard qui aurait recouvré la mémoire. Toujours impeccablement soutenu par l’un des chanteurs les plus doués de sa génération (souvent comparé d’ailleurs à Bobby Kimball), le guitariste et touche-à-tout a encore puisé dans ses capacités pour composer des chansons dignes du répertoire AOR historique, se montrant tout à tour puissant, nuancé, modulé, tendre, et allusif aux plus grands modèles des années 80, ceux-là même qu’il a côtoyés. Mais après tout, l’homme n’a pas accouché de tubes comme « Eye of the Tiger », « Burning Heart », ou « Heavy Metal » avec Sammy Hagar par hasard, alors comment trouver étonnant que Lion Heart sonne aussi professionnel et attachant, même si depuis quelques années, on sent Jim un peu en roue libre, se rattachant à des astuces éprouvées pour continuer sa carrière. Nul ne reviendra sur le fait que les deux premiers albums du duo sont en quelque sorte le sommet de l’iceberg d’une seconde partie de carrière, et si l’on notait quelques signes d’essoufflement sur Fearless il y a trois ans, l’impression reste la même lorsqu’on aborde le cas de Lion Heart, qui sonne plus ou moins comme une synthèse globale. Certes, la voix impressionnante et gorgée de feeling de Toby permet souvent d’éviter au dernier moment l’écueil de la niaiserie harmonique, lorsque la pression décroit et que les récifs des ballades lacrymales se rapprochent (« Sleeping With A Memory »), mais autant dire que la plupart du temps, les classiques en sont vraiment, mais brillent comme des originaux repris à leur compte par un compositeur qui se contente des figures imposées les plus traditionnelles.

On sait Jim capable du meilleur, et c’est sans doute pour cette raison qu’on ne lui pardonne aucune facilité. Oh bien sûr, nous sommes encore loin d’un accident industriel, et l’illusion est parfaite pour un fan lambda de Rock mélodique qui appréciera à leur juste valeur ces chansons ciselées. Un fan lambda qui se prosternera devant les notes de synthé en intro de « Lion Heart », qui n’est quand même pas la mise en jambes rêvée pour un sixième album, et qui résonne comme une entrée en matière facile et un peu molle du genou. Riff convenu, mélodie rabâchée, mais le talent individuel aidant, les deux hommes parviennent à faire passer ces citations pour des déclarations originales, encore une fois grâce à des refrains irrésistibles, constellés de chœurs efficaces. Heureusement pour nous, certains titres parviennent à faire surnager l’ensemble, spécialement lorsque la guitare se décide à mordre vraiment de toutes ses cordes, mais il y a toujours un détail qui choque, comme ces synthés qui imitent le brio du keyboard cat sur « We Play For Free », qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un tube signé Desmond Child pour BON JOVI ou Bonnie TYLER. Alors, on finit par se rabattre sur les allusions les plus nerveuses, pas les plus originales certes, mais assez jumpy pour nous faire oublier les convenances un peu lénifiantes, et « Heart Of The Warrior » d’animer cette première partie d’album avec son humeur joyeuse et son refrain optimiste. Mais il faut aller chercher au fond de l’album de quoi le sauver de cette politesse un peu trop prononcée, lorsque Toby singe les tics vocaux de Jon Bongiovi sur la ballade puissante (« Unfinished Heart »).

A l’opposé du spectre « Flagship » ose enfin s’écarter un peu du droit chemin avec son optique Pop-Rock, et ses cassures presque progressives, tandis que « Give It Away » nous ramène enfin à l’époque bénie des Dieux, friands de ces arrangements de sitcom et de ces harmonies à se pâmer. Et si « Now » en clôture choisit la voie de l’émotion pour refermer ce sixième chapitre, nous évitons quand même l’agitation des mouchoirs sur le quai d’une gare anonyme. En toute honnêteté, je suis bien obligé de reconnaître que Lion Heart reste un excellent disque de Rock mélodique, ce qu’il est assurément, mais je ne peux m’empêcher de penser que la magie s’évapore petit à petit, à force d’user de ficelles un peu trop rongées par le temps. Jim est bien sûr le compositeur rêvé pour ce genre de répertoire, mais on le sait capable d’accomplir des choses plus risquées, et plus stimulantes. Alors, par pitié, Jim, laisse tomber le violet et les fanfreluches, retrouve ton énergie, et ponds nous un album digne de ton nom. Inutile d’insister, tu ne feras jamais partie de PRETTY BOY FLOYD, et ce qui peut t’attendre de mieux avec une dégaine pareille, c’est de finir dans un tribute band à STEEL PANTHER.

                                                  

Titres de l’album:

01. Lion Heart

02. We Play For Free

03. Heart Of The Warrior

04. Carry Me Back

05. Sleeping With A Memory

06. Good Thing Gone

07. Unfinished Heart

08. Give It Away

09. Flagship

10. Rock & Roll Boomtown

11. You're Not A Prisoner

12. Now


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 12/10/2020 à 15:32
78 %    877

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52