DEPRESSED fait partie de ces groupes qui ont eu besoin de temps pour véritablement asseoir leur réputation. L’histoire avait pourtant bien commencé avec la sortie d’une démo référentielle, Diabolical Servents of the Cross en 1999 qui leur permis de propager leur bonne parole brutale, mais las, les choses ne se passant jamais comme prévu, c’est quinze années supplémentaires qu’il leur fallut attendre pour enfin exposer leurs vues sur longue-durée. Pourtant ces vues étaient claires dès la formation du groupe, et assumées par Giovani Venttura (chant) and Rodrigo Jardim (guitare). Jouer un Death Metal agressif et authentique, non édulcoré, et proposant un survol de toutes les tendances brutales d’un sous genre fatal. Alors, en 2015, lorsque le temps fut venu d’enregistrer le premier LP, il n’y avait plus de temps à perdre sur un quelconque passé révolu, et il fallait foncer. Chose fut faite avec le terrassant Afterlife in Darkness, distribué en indépendant et qui mettait les choses clairement au point. On sentait le groupe affuté, et galvanisé par des premières parties grappillées les années précédant l’album en ouverture de KRISIUN et ROTTING CHRIST. Aujourd’hui, quatre ans plus tard le groupe s’est imposé sur la scène extrême lusophone grâce à des concerts dantesques et une réputation de machine à broyer tout sauf usurpée, et c’est donc via un second LP que les brésiliens nous récompensent de notre fidélité, sans changer d’un iota leur approche, toujours aussi brutale. Beyond The Putrid Fiction se présente donc sous la forme de douze morceaux promus par le label Black Lion Records, certainement très satisfait de sa signature. Car le Death qui anime les sillons de cette seconde réalisation est évidemment sans compromission ni compassion pour nos oreilles, tout en respectant un code de modération qui n’édulcore pas la bestialité ambiante. En gros, du boucan organisé, mais pas stérilisé.
Au menu, douze morceaux sans compromis, tous animés d’une rage sous-jacente prête à exploser au moindre break et à la moindre accélération. Doté d’une production énorme, aux graves agressifs et aux aigus régressifs, Beyond The Putrid Fiction fait chaque seconde honneur à sa superbe pochette signée par Mark Cooper. On y sent le background d’un groupe né à l’agonie des nineties, et désirant en retrouver le souffle épique et morbide. Avec des influences assez évidentes, nageant dans les eaux troubles de HATE ETERNAL, DEICIDE et autres KRISUIN, ce second LP est une démonstration de savoir-faire cruel et puissant, à la rythmique concassante et aux guitares à la gravité délicieuse. Pas avares de leur créativité, les brésiliens nous assomment donc d’une douzaine de compositions à l’énergie ne se démentant jamais, quoique l’agression globale tolère très bien quelques aménagements plus lents. Mais la vitesse de croisière reste tout de même assez élevée, et les riffs, adeptes d’un vibrato hystérique comme l’exige la tradition, confèrent à l’ensemble un parfum de folie générale le confinant à la partouze de démons lubriques. Ce qui frappe au prime abord, et au second aussi d’ailleurs, c’est cette sensation de rage qui anime les musiciens, comme s’ils étaient conscients de l’enjeu et de la revanche à prendre sur le destin. Cette rage se manifeste dès les premières secondes de « Beyond the Putrid Fiction », qui ne prend que quelques instants pour planter le décor avant de lâcher une pluie de blasts dévastatrice. Personne n’est donc pris en traître, et le Death des années 90/2000 nous prend immédiatement à la gorge dans une étreinte sadique, mais terriblement joussive. Les multiples changements de line-up ayant constamment ralenti la marche en avant du groupe ne sont désormais plus qu’un lointain souvenir, même si Giovani Venttura (chant, ex-CORPSES CONDUCTOR, ex-VIOLENT, ex-CHAOS INC, ex-GOLEM, ex-PAINLESS, ex-ATOMIC MASS, ex-COGUMELO DIABOLICO, ex-DEPRESSED GOD) reste le seul membre d’origine et le garant de la légende passée. Mais les légendes peuvent parfois connaître une suite selon l’opiniâtreté de leurs rédacteurs, et gageons que celle de DEPRESSED est loin d’être achevée.
Alternant la violence crue et la violence brute, le quintet brésilien (Giovanni Norbiatto - basse, Giovani Venttura - chant, Murillo Hortolan & Douglas Ratam - guitares et Rodrigo Butcher - batterie, le petit dernier arrivé en 2019) se montre aussi à l’aise dans la boucherie haut rendement que dans le dépeçage patient, et un morceau comme « Into the Realm of Abhorrence » prouve que les lusophones sont certes des brutes épaisses, mais des brutes intelligentes et conscientes de l’impératif de variété. C’est ainsi que le désir initial de couvrir tout le spectre d’un Death brutal est toujours assouvi en 2019, et que ce second LP à des allures de synthèse globale et parfaite d’un mouvement cruel, mais agencé. On aime évidemment ce turn-over constant de plans qui s’entrechoquent, dans la plus grande tradition extrême des trente dernières années, mais surtout cette utilisation d’un mid tempo vraiment étouffant que des blasts sans pitié viennent accentuer avec une folle régularité. Le chant de Venttura, toujours aussi grave et en dualité confère à l’ensemble une aura vraiment morbide de psychopathe en goguette, mais c’est le travail global qui marque les esprits, avec une cohésion d’ensemble le confinant à un maelstrom de violence à peine interrompu par des soli mélodiques à souhait. Tout est efficace, pertinent, et si les titres sont d’une durée raisonnable, les plus longs ne manquent jamais de jus et nous proposent des motifs catchy facilement reconnaissables (« Blame it on Hate » dont la redondance du motif central laisse les oreilles qui saignent mais l’âme sadique satisfaite de tant d’égards). Certes, les musiciens ne traînent pas en route, mais lorsqu’ils temporisent, ils le font par volonté et avec flair, et non comme simple réflexe. Ce qui permet au monstrueux « Mandatory Coexistence » de multiplier les coups de vibrato et de nous aplatir d’une épaisseur conséquente.
Sans révolutionner le petit monde du Death Metal barbare et brutal, les DEPRESSED y laissent une empreinte durable et profonde, maintenant constamment la pression pour ne laisser qu’un champ de ruines, d’os et de sang derrière eux. Une bien belle réalisation qui sent la barbaque, qui casse la baraque, et quelques cervicales au passage. Une façon très brésilienne de voir les choses, mais qui accepte le legs américain en la matière. Souhaitons à ces maniaques du plan fatal une longue carrière parsemée de morts musicales violentes et autre souffrances harmoniques.
Titres de l’album :
01. Marching into Damnation
02. Beyond the Putrid Fiction
03. Into the Realm of Abhorrence
04. Delight in Pain
05. Blame it on Hate
06. Unholy Conveant
07. Mandatory Coexistence
08. Descending into Madness
09. Thy Fragment of Light
10. Cease and Decease
11. Cult of Treason
12. Satanic Riots
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
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26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20