Plantons le décor. Gargouillis, goules s’échappant d’une émanation gazeuse sortie de nulle part, et une poignée de fossoyeurs s’octroyant sur leur temps libre une pause nécrophile et nécrophage, s’enivrant d’effluves nauséabonds fuitant d’une vieille sépulture au ciment ébréché par le temps. Enfin, pour être plus précis, un seul fossoyeur, qui fait aussi office d’embaumeur dans son patelin perdu de l’Illinois, et qui visiblement, se sent irrémédiablement attiré par les aspects les plus ignobles de son travail, au point de les ériger en vices majeurs et en déviances de malheur. On pourrait presque sentir l’odeur de la mort au détour de ses grognements malsains, mais voir son visage d’ordinaire impassible se déformer de plaisir en assouvissant ses plus bas-instincts est un spectacle assez plaisant en soi, et surtout, réminiscent de traditions perpétrées par ses lointains ancêtres scandinaves et américains. Pour le coup, on se croirait presque coincés dans un DTV filmé à la hâte pour flatter les perversions les plus dégueulasses de spectateurs en mal de snuff, et qui par dépit préfèrent se contenter d’une pellicule tout aussi moribonde, mais encore plus intolérable, un genre de Nekromantik pour les barges préparé avec encore moins de soin, mais des accessoires taillant dans le gras du glas du réel. Ainsi va donc la mort pour ce projet sorti de nulle part, qui fonctionne un peu comme un zombe déambulant au hasard dans les rues pour trouver de quoi satisfaire sa faim éternelle de neurones à peine en état de fonctionnement. Mais telle est la règle du jeu dans le Death Metal de tradition, celui-là même qui refuse toute forme d’évolution, et qui se contente d’un pathos Eros/Thanatos éprouvé, mais toujours aussi bien tourné.
Pas grand-chose à révéler sur l’identité de ROTTED, mis à part qu’il s’agit d’un nouveau one-man-band, piloté par le sacrément barge et passionné Dylan Jones, qui outre l’écriture et la (dé)composition, s’autorise aussi une pratique instrumentale globale. Né en 2016, ce projet trouve ses racines dans celles du genre qu’il taquine de sa gravité ultime, et il n’est pas vain de préciser que les fans d’AUTOPSY, GRAVE, UNLEASHED se trouveront séduits par ces sonorités ultimes et putrides, et par ce refus obstiné d’adapter sa vilénie à des standards plus contemporains. Typique de la seconde vague de Death old-school américaine, ROTTED peut se concevoir comme un archétype, un stéréotype, ou un acmé de violence sourde et putréfiée, tant les dix morceaux de ce premier longue-durée ne dévient jamais d’un sillon bien creusé, et se transforment au gré des minutes passées à l’écouter en sépulture fraichement creusée, et prête à accueillir dans son sol souillé la première victime qui aurait eu le malheur de s’égarer. Tout ici est calculé pour se montrer répugnant, malséant, et les influences plus ou moins revendiquées de l’auteur s’inscrivent dans une logique respectée (CANNIBAL CORPSE, DEATH, GORGUTS, INFESTER, PURTENANCE, DEMILICH, SUFFOCATION, CIANIDE, DISEMBOWELMENT, GRAVE, GUTTED, OBITUARY, UNDERGANG, DERKETA/MYTHIC, SPECTRAL VOICE, TEITANBLOOD, PHRENELITH), que le musicien se plaît à recréer de riffs glacés et de rythmiques en état de décomposition avancé. Le cadavre du Death originel est donc encore une fois de plus malmené, mais admettons quand même qu’au-delà du respect des anciens affiché par Dylan, l’homme se montre à l’aise dans tous les compartiments de jeu, évoluant au gré des extrêmes onctions d’un Death lourd et malmené à un Death Doom vraiment étouffé, qui nous procure la même sensation qu’un cadavre en train de se fondre dans une terre profanée, attendant en vain la lumière tant désirée qui ne viendra jamais. Le climat est étouffant, les options inexistantes, et surtout, la procession longue et douloureuse, sans pour autant se montrer d’une banalité trop affligeante pour espérer être exhumée.
Mais après tout, un album de la trempe de Pestilent Tomb a tout à fait sa place dans une époque qui commence à méchamment sentir le rance et les illusions cramées, et une intro de la rudesse et franchise de « To Die… » aurait largement eu sa place sur les plus déviantes exactions du genre, d’autant plus qu’elle découle très logiquement sur « Stench Of Death », qui de son titre et son parfum de fin nous entraine dans les confins de la folie. Beat lourd et martelé avec résignation, chant qui cherche dans ses inflexions les plus graves de quoi annoncer le ton, riff gelé comme un matin de décembre passé à pelleter, et breaks en parcimonie, histoire de ne pas faire flamber le prix de la cérémonie. Jones ne joue aucunement les petits malins, et assume ses instincts, parfaitement révélés à la face d’un monde médusé via « …And Now I Rot », qu’on aurait pu trouver sur un split LP entre GRAVE et DISEMBOWELMENT, sans pour autant que la qualité putride n’en atteigne les sommets déments. Mais rythmiquement parlant, le projet se montre convaincant, en creusant la piste déjà bien entamée sur Pestilent Promo, la démo publiée l’année dernière qui mettait déjà les choses au point. Et entre des accélérations nous bousculant violemment (« Festering In Slime », ou comment rendre hommage aux figures de pères des CARCASS sans en avoir l’air), des poussées de fièvre post-mortem qui détendent la rigor mortis pour permettre à la silhouette dégingandée d’un mort-vivant de se hisser hors de son cercueil mal refermé (« Diseased »), des projections astrales qui prônent une certaine forme de brutalité histoire de noyer le poisson dans l’eau croupie laissée à stagner (« Beyond The Grave »), et un final qui ose la révérence en s’essayant à la reprise pas aussi facile que de recoudre un cadavre juste autopsié (« Day Of Mourning », cover de GRAVE plutôt bien sentie et qui provoque un joli dégueulis), ce premier album du side-project ROTTED s’impose comme témoignage de son temps, et marque les esprits au fer rouge d’un Death vraiment prenant, et surtout, glaçant.
Et comme il s’accompagne en sus d’une splendide cover signée Jessica Baron, et qu’il est disponible en format tape, vous comprendrez qu’il sait respecter toutes les formes de tradition. Même les moins avouables, qui vous font vous abandonner aux plaisirs parfumés de rapports pas vraiment consentis entre des lambeaux de chairs moisis et une bouche au solide appétit. Mais ainsi vont la mort et la vie, philosophie dont ROTTED se veut un ambassadeur méchamment perverti.
Titres de l'album:
Très chouette quand le boulot de mortne2001 est reconnu par les artistes eux-mêmes !
18/07/2025, 19:45
Pink Floy et Black Sabbath sont sans doutes les groupes les plus surestimés de tout les temps.
16/07/2025, 08:53
Si tu veux des vieux trucs qui tiennent le coup tu as Joy Division Pornography de The Cure, ou le premier Christian Death. Il y a bien plus intéressant.
16/07/2025, 08:51
Mais quel troll ? au mieux je vous fait chier et j'en rajoute parce que ça me fait marrer, mais je pense tout ce que je poste. J'en ai jamais eu rien à foutre de Iron Maiden que j'ai toujours trouvé médiocre, de même que Black Sabbath dont la quali(...)
16/07/2025, 08:43
@DPD : Tu passes beaucoup trop de temps à justifier tes trolls, mon jouvenceau.
16/07/2025, 07:47
Sinon oui j'apprécie déjà pour les news ou ils sont généralement au taquet, pour les chronique j'ai parfois des goûts différents mais ils font le boulot. Je suis pas là pour sucer mais je suis venu parce qu'il manquait un manqu(...)
15/07/2025, 22:07
Bouhou le monsieur a dit du mal d'un groupe que j'aime il doit être pédé (j'ai du mal à faire le lien mais ok).
15/07/2025, 20:24
@dpd : non, t'es là car c'est le dernier webzine où tu peux commenter et troller sans inscription avec une modération proche du néant. Partout ailleurs, tu te serais fait dégager et tu n'aurais plu qu'à tirer des pipes dans un bois que(...)
15/07/2025, 20:18
Si tu veux du troll tu as un post qui parle de Liturgy (que je n'écoute pas), et de la personnes transgenre derrière le projet en inventant une fantaisie sexuelle bizarre dans laquelle je serais impliqué. ça c'est du troll. Pas ce que je poste.
15/07/2025, 20:04
Pleurs pas tout ira bien, ils s'en remettront. J'ai des critiques, certaines virulentes envers la scène (enfin ce qu'il en reste), et un côté provoc assumé (ceci dit je ne mens pas, je pense vraiment ce que je dit), et je pense que ce soit une mauvaise ch(...)
15/07/2025, 19:59
Quand je vois la quantité et la qualité du travail qui est abattu par ceux qui tiennent ce site comparées à certains commentaires qui s'apparentent au fond de cuve d'une vieille fosse à merde... ça me rappelle que certains webzines / sites sont (...)
15/07/2025, 19:42
Je sais qu'il faut se reconvertir à un certain âge de nos jours, le marché du travail est mouvant et tout sauf garantit dans certaines professions, ceci les animateurs club med sont décidément mal formés de nos jours. Je vais leur en toucher un mot.
14/07/2025, 19:53
@DPD : fais gaffe, avec ton jeune âge, tu pourrais être une cible de choix pour un pédophile de LFI. Remarque, ça te ne choquerait pas beaucoup, vu que tu dois être du genre à sucer en fond de gorge le travelo de Liturgy.
14/07/2025, 19:38