Parlez de Rock français à des étrangers, ils vous riront au nez. Parlez de Rock français à des artistes étrangers, ils resteront cois et ne sauront quoi dire à part faire quelques allusions qu’ils veulent cocasses à Edith Piaf ou Maurice Chevalier. Certains sauront parler des RITA MITSOUKO, voire de l’écurie Boucherie Productions, mais la plupart seront incapables de citer ne serait-ce qu’un seul nom pour illustrer la thématique. Mais parlez de Rock français en France, et le résultat ne sera pas plus brillant. Pour beaucoup, le Rock hexagonal se limite à Johnny Hallyday et quelques suiveurs yé-yé, à TELEPHONE évidemment, et une poignée oseront même citer les BB BRUNES ou les NAAST. Peut-on leur en vouloir alors que les médias ont joué le jeu de l’uniformisation pendant des années, nous laissant à croire qu’en France, seule la variété avait droit de cité et d’exister ? Alors, lorsqu’on aborde le sujet encore plus délicat du Rock progressif national, la question devient encore plus épineuse qu’un massif de rosiers. Le Rock progressif a-t-il existé un jour en France en dehors des valeurs sûres d’ANGE et MAGMA ? Bien évidemment, et c’est à un certain travail de réhabilitation que s’est attelé François Robinet, qui avec son ouvrage Rock progressif français - Une histoire discographique a ouvert les vannes (qu’il me pardonne ce jeu de mot) de la vérité en dressant un portrait presque exhaustif de la scène française, des origines à nos jours.
Né en 1993 à Dunkerque mais Auvergnat depuis de nombreuses années, François Robinet est professeur agrégé d'histoire et chercheur en histoire contemporaine ; il étudie les mouvements dits populistes qui apparurent à la fin du XIXème siècle en France, en Espagne et aux Etats-Unis, et par extension, la sociologie électorale. Rédacteur en chef d'Albumrock depuis 2020, il rédige régulièrement des chroniques pour ce webzine dans les styles qui le passionnent - Rock progressif, Hard rock, Heavy traditionnel, Rock sudiste, Blues rock - et couvre autant l'actualité qu'il revisite le passé, notamment les 1970's.
Cette biographie de l’auteur fournie par la maison d’édition nous permet de comprendre que François n’est pas le premier venu pour parler de musique, aussi pointue soit-elle. Car le progressif français fait partie de ces catégories de musique qu’on évoque dans les cénacles les plus secrets, un trésor qu’on ne partage qu’entre initiés, et qui a le mérite d’être exposé au grand jour une nouvelle fois, de façon plus concise, mais tout aussi passionnée.
Car il est difficile de brosser un portrait couvrant quatre ou cinq décennies sans tomber dans le roboratif. Plus qu’un livre, cet ouvrage est à considérer comme un dictionnaire aux multiples entrées, une saga presque objective résumée à ses faits, et au recensement des albums ayant jalonné le parcours des groupes français parmi les plus passionnants que notre culture ait connus. Evidemment, pour en arriver là, il faut avoir en amont accompli un travail de recherche assez conséquent, sous peine de passer pour un cuistre. Alors, si d’un côté il est inutile de vous attendre à une exhaustivité qui n’est pas de mise, sachez que de l’autre vous ferez connaissance avec ces groupes que l’histoire a malheureusement rangés sur les étagères de l’oubli, pour diverses raisons, dont la durée de vie est la principale. Mais en sortant de la lecture de cet ouvrage, vous réaliserez à quel point la scène progressive française a été aussi riche que son homologue anglaise, et que sa rivale italienne, les deux références géographiques en la matière. Si les groupes français ont vite imité les références étrangères, comme l’avaient fait leurs grands frères yé-yé dans les années 60, d’autres ont au contraire créé leur propre langage, à l’image des mythiques MAGMA ayant accouché d’un style et d’un vocable à part entière.
Traité chronologiquement, l’ouvrage est donc décomposé par périodes, mais n’en a pas pour autant une structure gênante d’annuaire. Les périodes s’accompagnent d’ailleurs souvent d’un ancrage de style, que l’on parle de la scène de Canterburry ou du mouvement RIO (Rock in Opposition), jusqu’au renouveau du Néo-progressif des années 90. Evidemment, au vu de leur durée d’existence, certains groupes font l’objet d’une simple évocation ou d’une anecdote, spécialement dans les années 70, l’âge d’or du genre. D’autres au contraire servent de fil rouge à l’histoire, qui s’étale sur cinquante ans parfois, et il n’est guère surprenant d’apprendre que seuls deux noms sont imprimés à cent pages d’intervalle dans le livre. Ce sont évidemment les deux locomotives d’ANGE et MAGMA que l’on suit des années 70 aux années 2000, ce qui n’empêche pas l’auteur d’offrir une tribune conséquente à d’autres ensembles tout aussi importants. Connaissant bien la scène pour en avoir écouté la majeure partie des œuvres, j’avoue avoir une préférence pour quelques OS des seventies, les magiques ATOLL évidemment, AME SON, ALICE, ou les théâtraux et activistes ETRON FOU LELOUBLAN…
En gros, ce voyage dans l’univers si complexe du Rock progressif à quelque chose de passionnant, mais prend aussi des airs de chasse au trésor, dans le sens le plus littéral du terme. Les albums étant parfois sortis de façon très confidentielle, ils atteignent aujourd’hui des sommes astronomiques en version originale, d’autant que les rééditions sont parfois rares. Et les labels font donc partie intégrante de l’odyssée, ces labels parfois microscopiques ou montés par les musiciens eux-mêmes, mais plus qu’une œuvre froidement disséquée, il convient de voir en cet ouvrage la vie d’une grande famille, qui si elle était encore respectée et enviée dans les années 70, a rapidement été reléguée en bout de table dans les années 80. La répétition des noms des musiciens, les passions communes, ce rêve d’une autre musique, moins formatée et susceptible de séduire les masses consommatrices, nous implique au premier degré et nous intègre à la légende que François raconte avec délice, et on imagine bien l’auteur assis à son bureau, cerné par les vinyles, se délectant d’une musique hors des âges et des modes.
Que vous soyez ou non réceptif à cette musique n’est pas le problème, même s’il est conseillé d’avoir des notions du genre pour une lecture plus confortable. Mais plus qu’un simple recensement, Rock progressif français - Une histoire discographique est une réhabilitation de tout un pan de la culture musicale française, trop souvent oubliée ou tournée en dérision. Des villages, des gens simples ou au contraire des histoires de planètes perdues, des légendes, Emile, des violons, Kobaïa, un vélo, du Jazz, du classique, et ces légendes perdues que l’on se raconte encore un peu au coin d’un feu de bois.
(Un grand merci à ma belle normande Angélique pour cet ouvrage)
Oups ! J'étais totalement passé à côté de cette chronique ! Merci @mortne2001 pour l'avoir rédigée !
Ce livre, ça fait plusieurs fois que j'hésite à le prendre. J'adore le Rock progressif qui est pour moi MA porte d'évasion musicale quand j'ai besoin de souffler du monde métallique.
D'ailleurs, depuis que j'ai écouté Au-Delà du Délire il y a bientôt deux ans pour la première fois, ANGE est devenu mon groupe préféré.
J'écoute d'autres groupes français comme NEMO ou JPL.
Je vais finir par mettre la main sur ce bouquin, y a pas à chier !
Re-merci pour la chro !
Très chouette quand le boulot de mortne2001 est reconnu par les artistes eux-mêmes !
18/07/2025, 19:45
Pink Floy et Black Sabbath sont sans doutes les groupes les plus surestimés de tout les temps.
16/07/2025, 08:53
Si tu veux des vieux trucs qui tiennent le coup tu as Joy Division Pornography de The Cure, ou le premier Christian Death. Il y a bien plus intéressant.
16/07/2025, 08:51
Mais quel troll ? au mieux je vous fait chier et j'en rajoute parce que ça me fait marrer, mais je pense tout ce que je poste. J'en ai jamais eu rien à foutre de Iron Maiden que j'ai toujours trouvé médiocre, de même que Black Sabbath dont la quali(...)
16/07/2025, 08:43
@DPD : Tu passes beaucoup trop de temps à justifier tes trolls, mon jouvenceau.
16/07/2025, 07:47
Sinon oui j'apprécie déjà pour les news ou ils sont généralement au taquet, pour les chronique j'ai parfois des goûts différents mais ils font le boulot. Je suis pas là pour sucer mais je suis venu parce qu'il manquait un manqu(...)
15/07/2025, 22:07
Bouhou le monsieur a dit du mal d'un groupe que j'aime il doit être pédé (j'ai du mal à faire le lien mais ok).
15/07/2025, 20:24
@dpd : non, t'es là car c'est le dernier webzine où tu peux commenter et troller sans inscription avec une modération proche du néant. Partout ailleurs, tu te serais fait dégager et tu n'aurais plu qu'à tirer des pipes dans un bois que(...)
15/07/2025, 20:18
Si tu veux du troll tu as un post qui parle de Liturgy (que je n'écoute pas), et de la personnes transgenre derrière le projet en inventant une fantaisie sexuelle bizarre dans laquelle je serais impliqué. ça c'est du troll. Pas ce que je poste.
15/07/2025, 20:04
Pleurs pas tout ira bien, ils s'en remettront. J'ai des critiques, certaines virulentes envers la scène (enfin ce qu'il en reste), et un côté provoc assumé (ceci dit je ne mens pas, je pense vraiment ce que je dit), et je pense que ce soit une mauvaise ch(...)
15/07/2025, 19:59
Quand je vois la quantité et la qualité du travail qui est abattu par ceux qui tiennent ce site comparées à certains commentaires qui s'apparentent au fond de cuve d'une vieille fosse à merde... ça me rappelle que certains webzines / sites sont (...)
15/07/2025, 19:42
Je sais qu'il faut se reconvertir à un certain âge de nos jours, le marché du travail est mouvant et tout sauf garantit dans certaines professions, ceci les animateurs club med sont décidément mal formés de nos jours. Je vais leur en toucher un mot.
14/07/2025, 19:53
@DPD : fais gaffe, avec ton jeune âge, tu pourrais être une cible de choix pour un pédophile de LFI. Remarque, ça te ne choquerait pas beaucoup, vu que tu dois être du genre à sucer en fond de gorge le travelo de Liturgy.
14/07/2025, 19:38