Peut-on décemment ne pas consacrer quelques minutes au dernier album d’ACCEPT ? Faut-il se dire que la presse papier et les gros webzines vont en parler, et que le rôle de Metalnews est plutôt de se concentrer sur les sorties plus humbles ? Le débat est ouvert, et refermé aussitôt. A l’instar d’IRON MAIDEN, METALLICA, JUDAS PRIEST, AC/DC, ACCEPT fait partie de cette lignée de noblesse qui mérite tout le respect possible. Alors, ne pas se fendre d’un laïus sur Humanoid, son dernier effort en date, serait un affront qu’on ne peut se permettre.
Depuis des années, et comme ses petits camarades, ACCEPT fait du fan service. On ne peut pas lui en vouloir après tant d’années de carrière, et des classiques comme Metal Heart, Restless and Wild, Russian Roulette, selon les inclinaisons naturelles. Mais tout comme SAXON, ACCEPT le fait avec le respect de son public, en enregistrant les meilleurs albums possibles. Too Mean to Die avait séduit les masses hardantes, en studio comme en live, et il convenait de sortir un successeur à la hauteur de cette bonne réputation. Quand on porte un nom aussi connu, pas question de se trouer, mais en même temps, des musiciens de cette catégorie sont suffisamment intelligents et talentueux pour le savoir.
Wolf Hoffmann et Mark Tornillo reviennent donc par la grande porte, eux qui partagent le poids de l’héritage depuis quinze ans. Aujourd’hui sextet, comme MAIDEN, ACCEPT poursuit sa trajectoire, et embrasse sa vocation de gardien de la flamme. Dès lors, inutile de vous attendre à autre chose qu’un solide Heavy Metal, agressif, parfois rapide, souvent sensible, mélodique, et surtout, accrocheur et pourvoyeur de bonheur. Les clous allemands ne sont toujours pas rouillés, et la nouvelle production d’Andy Sneap frappe le centre de la cible en nous proposant le raccourci le plus évident : une fausse compilation, un best-of déguisé, allusif à toutes les périodes du groupe.
Christopher Williams (batterie), Uwe Lulis & Philip Shouse (guitares) et Martin Motnik (basse) complètent donc le line-up, et doivent certainement être très fiers de faire partie de cette aventure. Une aventure commencé en 1976, et qui presque cinquante ans plus tard est toujours aussi crédible et enthousiasmante. Et en entamant ces retrouvailles par le boulet de canon « Diving Into Sin », ACCEPT se veut clair et sans détour. Du Heavy, rien que du Heavy, et l’affaire est pesée. Et c’est justement ce qu’on attend d’un groupe de cet acabit.
La fidélité est donc de mise, tout comme le respect des standards de qualité. Impossible pour Wolf d’enregistrer un filler, tout ce qui sort de sa guitare doit exploser, rugir, vociférer, fédérer et imposer, et c’est exactement ce qu’elle fait sur ce Humanoid qui pourrait très bien être un album inédit de l’époque Udo. Un titre comme « Man Up », sur laquelle la voix bien grave de Mark prend les accents de notre petit soldat grognon préféré, pioche justement dans le patrimoine passé pour se tourner vers l’avenir. Un avenir écrit en riffs majeurs, mais qui ne se contente pas du service minimum.
Il faut en effet en donner pour que les addicts aient leur dose. Aucune pause, ou alors déguisée, et du rentre-dedans de première catégorie, qu’elle soit Metal ou plus Heavy. De la nervosité, de l’envie, et beaucoup d’énergie, pour une habile combinaison entre hier et aujourd’hui, via le sautillant et sémillant « The Reckoning », que les cousins anglais de JUDAS PRIEST auraient pu intégrer à leur nouveau tracklisting.
Si la rythmique est une fois encore inattaquable, si le chant si caractéristique de Mark en impose une fois de plus, si la guitare de Wolf brille de mille feux sur les soli, c’est l’osmose générale qui impressionne le plus, comme si cette formation n’avait pas changé depuis les débuts. On le perçoit sur le single « Frankenstein », qui donne une envie monstre de jouer avec l’électricité un soir d’orage, et sur le title-track « Humanoid », qui roule des épaules et qui en remontre de sa musculature. Deux chansons carrées, qui soulèvent la fonte comme d’autres les morceaux de balsa, pour un ACCEPT des grands jours, tout cuir dehors.
Denim and leather ? Telle pourrait-être la devise du groupe, qui colle à tous les poncifs Metal les plus appréciés. Ce qui sonnerait come un gimmick grossier chez d’autres incarne ici la tradition respectée, et le plaisir de jouer une musique pure qui correspond en tout point à la passion qu’a déclenché le quintet à ses débuts. Avec quelques aménagements, quelques allègements, le groupe peut même taquiner le capricieux marché américain avec le plaisir mineur « Nobody Gets Out Alive », plus symptomatique de l’ère David Reece. Mais les chœurs, les mélodies, et le cœur à l’ouvrage nous renvoient directement à cette époque magique durant laquelle Russian Roulette envahissait nos platines.
Et comme le sextet n’a pas fait les choses à moitié, la diversité nous permet d’apprécier un « Ravages Of Time », ballade intense aux paroles touchantes, ainsi qu’un « Unbreakable » beaucoup plus crédible que SCORPIONS, les frères d’arme.
Les plus blasés diront, « ça fait le job ». Et c’est exactement la conclusion à laquelle j’arrive. Sans prendre le moindre risque, Wolf et les siens décrochent encore la timbale et font tomber le millet. Les multiples regards en arrière (« Mind Games » et son parfum Metal Heart), « Straight Up Jack », binaire aussi classique qu’un short d’Angus Young aèrent le tout, et empêchent le projet de sombrer dans le Heavy linéaire et un peu trop lourd sur l’estomac.
Justement, Humanoid est très digeste, et sonne comme du ACCEPT de son âge, qui l’accepte, et qui en tire le meilleur parti. Quant à savoir si le groupe s’imagine dans la peau d’un humanoïde pour mieux affronter l’avenir, la question reste en suspens. En attendant de savoir si oui ou non ce nouvel album deviendra un classique dans vingt ans, apprécions-le pour ce qu’il est. Un cru qui a du retour, qui reste en bouche, aux saveurs boisées, mais dont l’ivresse reste délicate et le goût un peu amer.
Titres de l’album:
01. Diving Into Sin
02. Humanoid
03. Frankenstein
04. Man Up
05. The Reckoning
06. Nobody Gets Out Alive
07. Ravages Of Time
08. Unbreakable
09. Mind Games
10. Straight Up Jack
11. Southside Of Hell
Ma déception de l'année.
Autant les albums précédents étaient géniaux car bien Heavy comme j'aime, autant celui-ci laisse la part belle à ce côté d'ACCEPT que je déteste sur certaines de leurs œuvres (cf. "Russian roulette" ou "Metal heart") : Des chœurs trop présents et des soli de gratte pompeux et surannés.
Déception donc... ... ...
@Humungus, je comprends ton point de vue. Mon ACCEPT préféré est justement celui de Metal Heart et Russian Roulette, et donc, j'aime beaucoup ce nouvel album qui leur ressemble beaucoup...
CQFD...
En même temps, au vu de la pochette (pas mal du tout au demeurant) faisant référence à "Metal heart", j'aurai dû m'en douter un chouille... ... ...
Voyage au centre de la scène : Le Metal français des années 80' / Seconde partie
Jus de cadavre 10/06/2024
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27/07/2024, 08:43
Oui, belle ouverture d'esprit au final. C'est pas tous les jours que cette culture là est assumée chez nous, à vrai dire JAMAIS donc ça procure une sensation étrange et puissante. Gros friss(...)
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J'y pensais un peu a leur présence. On parle d'un groupe connu et reconnu a l'international et pour une cérémonie qui mettait en valeur la culture française, c'est qu'il ne soit pas présent qui aurait été malvenu.(...)
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La signature chez Prophecy laissait supposer un changement de style, on n’est plus en effet sûr du black up tempo. Pas sûr qu’ils aient dû garder le même nom.
20/07/2024, 14:45
En même temps, fallait pas espérer qu'ils reprennent 666 millions d'esclaves et de déchets de Peste Noire.
19/07/2024, 15:49
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18/07/2024, 14:59