Hellfest Warm Up : Benighted + Ten56 + HM2

Benighted, Ten56, Hm2

Victoire 2, Saint-jean De Védas (France)

du 23/04/2024 au 23/04/2024

"Si tu ne viens pas au Hellfest, le Hellfest viendra à toi". On ne saurait mieux qualifier cette tournée, pour moi qui ne suis jamais monté au plus gros rendez-vous annuel du Metal français. Un peu à cause de la distance, mais surtout parce que la seconde quinzaine de juin est une période traditionnellement très chargée dans mon métier pendant laquelle je ne peux pas m'absenter cinq jours – trajet compté, plus récupération à rajouter. Avec le Motocultor, les deux festivals bretons ont lancé des chevauchées de promotion à travers la France sous forme de tournées classiques destinées à allécher le public et diffuser des objets publicitaires. Que l'on aille ou pas à Clisson ensuite, c'est toujours bon à prendre. Nous parler de "Warm-Up" en ces jours où le printemps est encore le grand absent est d'ailleurs suffisamment attirant ! Plus sérieusement, cette tournée de chauffe permet à Benighted de faire la promotion de son nouvel album sorti il y a quelques jours à peine. Alors même si cela fera trois fois en même pas trois ans que les aliénés Stéphanois passent à Montpellier, nous n'en avons cure et nous retournons à Victoire 2, redevenu haut lieu régional du Metal comme c'était il y a plus de vingt ans. Merci encore à l'association WTF qui n'y est pas pour rien.

En vérité, j'arrivai complètement vanné après deux semaines de travail intense, et donc assez excité en réalité pour vouloir passer une soirée qui balayerait ces jours de pédalage frénétique. La salle était assez remplie déjà, ce succès n'étant pas étonnant. Il y avait un stand curieusement installé vers le devant, proposant des accessoires aux couleurs du Hellfest et de la tête d'affiche. Une loterie était en cours avec un Monsieur Loyal au débit intarissable faisant l'animation, dans une ambiance de kermesse.


Les hostilités musicales démarraient avec HM2, dont le nom est suffisamment parlant. Ce duo est la continuité d'anciens groupes locaux comme Reptilicus, Moshpig ou la première incarnation de Terror Shark (qui continue de mordre de son côté), et le nom est tout un programme, une proclamation. Le duo guitare-batterie avait vingt minutes de temps de parole et était bien décidé à en tirer le maximum. Leur Powerviolence sauvage taillé pour le Mosh offrait une plongée brutale directement au cœur du sujet, avec sa teinte Crust-Punk primaire et des passages rappelant souvent le Grindcore originel. Inutile de vous décrire comment ça sonnait, le nom disait tout. Les deux membres se partageaient le chant bestial, au triple galop. Il est inhabituel, presque incongru de voir de tels groupes sur une vraie grande scène dans des éclairages de qualité, mais l'expérience amassée et la familiarité avec le public local faisaient qu'aucune timidité ne ressortait. Une fosse se créa pour un pogo assez violent dès ce premier round, mission accomplie. Musicalement, l'expérience se ressent aussi par la qualité du riffing malgré la brièveté de titres dépassant exceptionnellement les quatre-vingt-dix secondes. Suivant l'exemple de quelques moshers au cours du set, le guitariste se jeta dans un slam final au bout d'un set court, mais intense et convaincant.

L'intermède fut relativement long à cause du premier tour du concours d'air guitar dont le vainqueur remportait un double pass' pour l'édition 2024 du festival. Vu de loin, il m'a semblé qu'il s'agissait plus de singer les énervés sur de vieux classiques de diverses époques que de vraiment faire semblant de jouer d'un instrument invisible. Je ne sais vraiment pas comment l'animateur arrivait à calculer en temps réel les moyennes des votes du public, ça m'a rappelé certaines expertises judiciaires…

TEN56 a percé très rapidement alors même que le COVID s'était interposé dans ses premiers mois d'activité. Mais la notoriété de l'ancien chanteur de Betraying the Martyrs et de ses acolytes a attiré tout de suite l'attention sur son groupe, qui entrait sur scène sur un fond de Dubstep. Avec des écrans de côté et en surplomb de la batterie, le spectacle allait être assuré. Musicalement, la formule restait claire : ce Deathcore Beatdown n'invente rien mais enchaîne les syncopes efficaces, dans un style bien plus sombre que celui de BTM. La batterie tapait généreusement le tempo sur des riffs monocordes écrasants, et avec l'emploi régulier de breaks Dubstep je songeais plus d'une fois à Chimaira. Aaron Matts tendait à rapper sur les pilonnages massifs et un peu barrés de ses comparses, son flow growlé d'anglais natif ayant une fluidité enviable – dont il s'amusa. Les autres musiciens étaient tous vêtus de tenues noires griffées de blanc. Un sixième personnage, masqué avec une mini caméra au bout d'une tige, se promenait discrètement sur scène puis dans le public pour filmer le set. Les effets visuels et l'éclairage suivant les riffs plombés étaient souvent brefs et percutants comme l'éclair ainsi que l'entrée l'avait annoncé.

Le pit s'était élargi et bouillonnait allègrement, devenant même saignant au point que quelques cloisons nasales ou arcades s'en souviendront. Il faut dire que les blasts et des accélérations plus classiques ne manquaient pas malgré l'orientation dominante. Même pour les plus raides, impossible de ne pas se bouger sur ces plans taillés pour ça, sur un son massif et propre, bien que sans les pauses je n'aurais pas su deviner quand les compos s'arrêtaient vraiment. Entre un braveheart et un assis-debout toujours efficaces, Aaron commanda plus originalement l'organisation d'un mosh exclusivement féminin le temps d'un demi-titre, forcément plus réduit mais pas nécessairement plus doux. Il se lança le temps d'un titre sur du Hip-Hop pur, seul en front de scène au micro sur un énième plan Dubstep plus long que les autres, ses partenaires se retirant en coulisses. C'était cohérent avec le reste, mais cette incursion un peu prévisible sur le terrain d'une musique très à la mode de nos jours laissa des impressions très diverses, voire franchement contraires selon les âges et les goûts (pour ma part, je m'attendais à tout de la part de quelqu'un qui a repris "La reine des neiges" dans son précédent groupe). De toute façon, le reste du groupe revint pour un final reprenant les choses sérieuses là où elles avaient été posées quelques instants. Une dernière couche sur nos têtes de ce Metal moderne et physique nous laissa avec de bonnes sensations dans le corps. Ceci dit j'avais ma dose de ce genre de matériel pour un moment et je ne me voyais pas enchaîner sur Landmvrks / The Devil Wears Prada dans quelques jours à Nîmes, désolé.


Le concours reprit pendant la pause mais je préférais papoter, faire un bref tour dehors et me rafraîchir le gosier avant le clou de la soirée. On repensait aussi au chemin parcouru depuis la mythique tournée des Foréziens avec Gorod et Kronos, dont j'avais ressorti le t-shirt acheté alors il y a treize ans déjà. L'affluence, qui tenait dans la cave d'un bar en ville, n'avait rien à voir avec celle de maintenant.


Après un nouveau compte à rebours (il y en a eu avant chaque set), BENIGHTED prit possession de l'estrade après une introduction visuelle assez travaillée, montrant d'entrée que le groupe franchit encore un nouveau degré après des décennies de carrière. Le début du set était évidemment consacré à promouvoir "Elkbom" qui vient de sortir et qui ramasse tous les suffrages. La formule Death Brutal Grindy n'a pas varié mais elle s'est encore affinée. Les vers grouillants sur écran apportent une dimension supplémentaire au spectacle, digne des grands groupes internationaux du genre dont Benighted fait partie. De côté, j'étais surtout happé par le spectacle phénoménal de Kevin Paradis qui grimaçait parfois mais maîtrisait aussi bien ces nouveaux morceaux que des anciens pas moins exigeants à son poste. Un titre était annoncé par exemple à 402 BPM, ce que je crois sur parole. La truculence de Truchan reste aussi un trait distinctif du groupe. Il a ses accointances avec Montpellier et sa chaleur amusée amène à rentrer encore mieux dans le set, à l'instar des moshers déchaînés. Mais avec des morceaux tout frais on se rend peut-être encore mieux compte que son timbre reconnaissable, tant dans les growls que dans les cris, est inséparable du son du groupe.

En parlant de ça, je me suis déplacé subrepticement vers l'axe central pour mieux goûter la qualité du mix qui se révélait extrêmement fidèle au son studio du groupe. Ce placement moins sécurisé m'a valu d'amortir quelques moshers centrifugés, mais j'ai la prétention d'une certaine expérience dans l'exercice ! Et puis même sans me jeter dans la fosse à leur suite, cela faisait vraiment du bien de retrouver cette euphorie particulière que procure le meilleur Death Metal, après quelques jours pénibles. Accélérations maniaques, ralentissements assassins, borborygmes répugnants ne doivent pas estomper la qualité de la guitare et de la basse, dont les parties étaient parfaitement restituées en condition live malgré leur intensité. N'avoir qu'une guitare bien présente mais non surproduite laisse de la place aux autres instruments, et cela n'est pas anodin à une époque où le Death underground tend à surcharger ce poste. Toutefois, la setlist qui s'enchaînait laissait de côté toute la période des années 2000 je crois. Certes il y a un nouvel album, certes est-ce ainsi depuis un moment en raison de ce que le beugleur emblématique du groupe reste l'unique membre historique présent depuis vingt-cinq ans aux côtés d'autres arrivés depuis dix ans tout au plus. Mais cela a pour effet que la facette Black des débuts du groupe est aujourd'hui totalement occultée et certains anciens classiques ont disparu, en plus de ce que les premiers albums sont paraît-il devenus introuvables. C'est d'ailleurs le titre le plus ancien du lot qui vint clôturer le carnage après trois bons quarts d'heure, "Let the Blood Spill…" dont les chœurs scellaient une communion appuyée avant les félicitations du père Truchan en guise de salutations complices. J'en aurais bien pris un peu plus, et peut-être que cette relative brièveté explique aussi l'impasse sur le répertoire le plus ancien.


Alors que l'essentiel de la foule s'en allait, nous avons profité de ce que la salle restait ouverte pour la finale du concours de guitare fantôme pour prolonger un peu. Ce concert mettant à l'honneur le Metal français m'avait regonflé, rechargé les accus pour quelques jours. Mieux encore, le programme des prochaines semaines est assez rempli. Je regrette quand même la non-reconduction du Mosh Fest, alors que ce festival avait trouvé son petit public d'habitués venant parfois de loin quelle que soit l'affiche, laissant lourdement craindre qu'il n'y ait jamais de neuvième édition. Malgré ce, à bien vite.


par RBD le 27/04/2024 à 17:00
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