Brain Stroke

Brain Stroke

09/03/2019

Autoproduction

Ils sont quatre, croisent les bras sur les photos, viennent de Toluca au Mexique, et ne rigolent pas quand ils affirment jouer un Death Thrash viril. Quelques photos promo, des annonces pour un premier LP disponible sur les plateformes digitales, une page Facebook à la bio sommaire, pas de Bandcamp ni de site officiel, encore moins de label, donc peu d’informations à vous divulguer. D’ailleurs, ces mêmes informations se résument à une poignée de données, leur date de naissance en 2018, un line-up (Julius - basse, Issac - batterie, Santiago - guitare, et Mike - chant), un premier single publié l’année dernière (Sight Inside), une influence totale et une autre partielle. CANNIBAL CORPSE pour la référence la plus avouée, et un CHILDREN qu’on suppose OF BODOM pour l’autre, en espérant que le groupe ne parle pas d’enfants, ce qui serait un peu inquiétant dans le cas de cette musique brutale et sans concessions. Voici donc les présentations faites, et en dehors de ces quelques éléments et de l’assertion que le style revendiqué est bien celui pratiqué, pas grand-chose à rajouter dans le cas des BRAIN STROKE, dont les à-coups rythmiques et autres grognements évoquent assez bien une rupture d’anévrisme rapide, mais assez douloureuse. Un an d’existence pour ce combo mexicain, qui a décidé de prendre les choses en main et de s’autoproduire, pour assurer la vente et le service après-vente, et après écoute de ce premier long éponyme, je crois deviner qu’un futur radieux mais bestial les attend. Sans vraiment s’acharner à révolutionner un style qui tourne en rond depuis le lendemain de sa création, les BRAIN STROKE en proposent néanmoins une vision très personnelle, et surtout, très professionnelle qui s’écarte donc du tout-venant d’une production parfois erratique et amatrice. 

Si honnêtement, leur boucan n’est pas vraiment proche des exactions les plus animales de CANNIBAL CORPSE, le roi dans un genre assez encombré, il n’en est pas moins créatif, et surtout, emballé dans une production qui a de quoi laisser admiratifs les groupes les plus cajolés. On en devient même étonné lorsque la basse gironde de « Find the Way » fait méchamment claquer ses graves dans un pur style Hardcore, sans dévier de la méchanceté Death d’origine. Un son global clair et puissant, qui permet à une guitare assez volubile de débiter ses riffs avec précision, ses soli avec concision, et qui lie la section rythmique à l’unisson. Ajoutez à ça un chanteur qui grave juste ce qu’il faut, et vous obtenez un mixage absolument parfait, qui permet au groupe de convaincre malgré le caractère encore un peu timoré de son approche. Timoré, mais globalement convaincant, puisque avec une petite demi-heure de jeu, les mexicains ne risquent pas l’overdose, et s’arrêtent pile au bon moment. Mais alors, qu’en est-il de cet équilibre très instable et difficile à obtenir entre Death et Thrash qui cautionne cette appellation contrôlée Death Thrash et non l’inverse ? Il est effectivement bien dosé, puisque les licks sont glauques et sombres comme du Death US, que les lignes vocales ne décollent pas de la complainte du plantigrade en manque de saumon, et que le batteur cogne juste ce qu’il faut pour ne pas en faire trop. D’ailleurs, les influences Thrash sont la plupart du temps inscrites en filigrane, encore plus sur la seconde moitié de l’album qui privilégie les tempi lourds et tassés. Le début du LP est plus franc niveau vitesse, et l’ouverture « Brain Stroke » assoit le nom du groupe avec fermeté et célérité. On pense même à une version survitaminée de nos propres NO RETURN, avec quelques touches SUFFOCATION très légères pour ne pas trop encombrer, mais on est séduit par cette franchise de ton qui nous fait plonger directement dans le bain.

Mais le groupe, très intelligent, ne se contente pas de frapper pour cogner sans réfléchir, et aménage de nombreux breaks, beaucoup de tassements et de changements d’ambiance, ce qui permet de bifurquer à intervalles réguliers entre Death totalement assumé et Thrash aménagé, et « Exit by the Entrance » d’alléger un peu le fond pour friser un Crossover malmené par des fans de Thrashcore dégénéré. On nage en plein classicisme, mais il n’y a aucun mal à ça, d’autant plus que les quatre musiciens connaissent bien leur boulot, avec une mention spéciale à l’axe basse/batterie qui fait tout pour se mettre en avant sans nuire à la cohésion. Mais le plaisir de pouvoir discerner tous les plans est concret, le style tombant souvent dans la lave en fusion qui fond toutes les parties pour les mouler en un magma unique. Alors on savoure, et on apprécie les cassures, les brisures, les ruptures, et les morceaux s’enchaînent sans jamais déchaîner l’ennui, encore plus lorsqu’ils se veulent pluriels et percutants comme ce « Mind Your Own Business » qui incite en effet à s’occuper de ses affaires, de son couplet écrasant et de ses aménagements lourds et lents. Très à l’aise dans le créneau, les BRAIN STROKE jouent carré et costaud, et mènent leur barque sans se préoccuper des modes et autres tendances, syncopant méchant lorsqu’il le faut (« Sight Inside », le fameux single qui le mérite bien), ou concassant velu sur les plus gros morceaux (« Painful Thoughts », avec une doublette de croches entre la guitare et la basse sur tapis de blasts). En somme, une entrée en matière beaucoup plus fine et remarquable que ses prémices ne le laissaient suggérer, et huit titres qui se dégustent en carpaccio, mais de qualité, et velouté d’une sauce assez fruitée. Bonne introduction qui va ouvrir les portes des salles aux mexicains, et pour vous, un Brain Stroke qui ne vous mettra pas au tapis, mais qui fera fonctionner vos neurones sans vous faire risquer l’apoplexie.


Titres de l'album :

                         1.Brain Stroke

                         2.Exit by the Entrance

                         3.Mind Your Own Business

                         4.Sight Inside

                         5.Painful Thoughts

                         6.Altered Reality

                         7.Find the Way

                         8.No Escape the Fire Is Set

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par mortne2001 le 07/12/2019 à 14:23
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