Le Progressif italien des années 70 étant ma tasse de café préférée, j’ai tendance à suivre dans leurs délires tous les musiciens s’en réclamant, indirectement ou franchement. Il faut dire que l’héritage est énorme. Il y a donc de quoi s’occuper pendant des années, pour peu que vous ayez le talent et la patience nécessaires. Ce qui est le cas de NESSUS, projet obscur sorti des entrailles de la terre pour nous déstabiliser, et mettre à mal certaines de nos croyances.
NESSUS, comme beaucoup d’autres, est un one-man-band fier et viable. Originaire de Sassari en Sardaigne, Gabriele Cau est le type même d’artiste omnipotent et capable, désireux de tout faire par lui-même. Petit jeu dangereux qui peut faire sombrer dans la complaisance, mais qui dans le cas présent accouche d’une œuvre étrange, cryptique, presque onirique, et en tout cas en dehors des sentiers battus. Le registre choisi est en lui-même une sacrée énigme, les sites préférant se perdre dans des explications sommaires pour ne pas avoir à se creuser la tête.
Alors, Death Progressif ou pas ? Disons un extrême Progressif et évolutif, qui pioche un peu partout sa matière première pour ensuite modeler la statue à sa façon.
Gabriele Cau se propose donc de vous faire visiter sa psyché, tourmentée, inondée d’images étranges et effrayantes, et en constante évolution. Dans un registre de musique des années 70 détournée pour ne plus être datable, même au carbone 14, Tolerant Observation Of Existence est un essai diablement intéressant, qui réconcilie l’esprit aventureux du DEATH le plus technique, et l’absence de repère temporel d’un BLIND ILLUSION.
Extrêmement haché et fissuré, l’édifice tient pourtant debout. Loin d’une tour de Pise trop penchée pour être honnête, ce premier album est une image déformée de la réalité, un trip dans le cyberespace le plus naturel, qui nous perd dans des conjectures et des nébuleuses, histoire de rendre le constat plus difficile à établir. Prenant à bras le corps la composition et l’écriture, l’instrumentation et l’enregistrement, Gabriele se montre autoritaire et persuasif dans la technique, mais libre et ouvert quant à l’interprétation artistique de son travail. « Tolerant Observation of Existence » est d’ailleurs un accueil tout à fait courtois, qui immédiatement, efface les traces, les flèches et autres indications pour nous lâcher dans un univers fait de sons tournoyants, de rythmiques percussives et de riffs biscornus. Une galerie des glaces reflétant l’espace, et le confondant avec nos propres enveloppes charnelles pour que nous ne fassions plus qu’un avec l’univers.
Bizarrement mélodique, constellé d’arrangements stellaires, aussi solaire qu’il n’est ombrageux, Tolerant Observation Of Existence est une mine de plans acrobatiques imbriqués les uns dans les autres avec une logique implacable, qui se permet parfois une franchise plus directe. Ainsi, « Global Alienation », plus violent, nous propose une digression sur les idées de NOCTURNUS et DEATH, joignant les deux factions avec une belle fermeté. Aussi agressif qu’il n’est contemplatif, ce premier long propose, mais jamais n’impose, et c’est donc à l’auditeur de faire son choix dans ce labyrinthe de galaxies et autres poussières d’étoiles mourantes.
Une basse jazzy qui boucle et sinue comme une capsule en dérive, une guitare bavarde qui raconte des histoires de contemplation et d’action, une rythmique mouvante qui se dérobe sous nos oreilles, le mélange est homogène et bouillonnant. Comme un écho du passé giclant sur le présent et l’avenir, NESSUS est la réponse éventuelle de l’univers à ce disque d’or placé à l’intérieur de Voyager, The Sounds of Earth, qui en 1977 envoyait un message à d’éventuelles autres civilisations dotées d’intelligence.
Le propos est donc tout sauf linéaire, et suit sa propre trajectoire. Une trajectoire complexe, interrompue par des pauses aux calculs erratiques (« Sidereal Stream », instrumental envoutant et discordant), mais qui garde un but très précis. Eviter le pilotage automatique d’un Death progressif démonstratif, en utilisant des percussions tribales, des nappes de synthés, des cascades de notes graves émanant d’une basse gracile, et des invectives vocales rauques et scandées d’une voix presque étouffée.
« The Numbers Speak » confirme, continue son travail de syncopes et de saccades, et permet aux Death floridien de se réserver une place dans la capsule, à la recherche du sens de la vie au-delà de notre galaxie. Réflexes spontanés, mais agencement planifié, Tolerant Observation Of Existence est passionnant de bout en bout, son terme étant constitué de pointillés, et non d’un point final définitif.
« Celestial Promontory » laisse le sas ouvert pour de futures explorations, et joue de son acoustique instrumentale pour apporter un peu de fraîcheur au projet.
On s’imagine Gabriele Cau complètement immergé dans son espace vital, en combinaison, tentant de mettre au point un alphabet universel compréhensible par toutes les civilisations. Cet alphabet est ensuite mis en pratique et en musique, transformant Tolerant Observation Of Existence en message de paix. Un petit monde à part, de la créativité, la générosité du partage, il semble évident que si une forme de vie hors de la nôtre existe quelque part dans l’infini, et qu’elle entend ces quelques morceaux de musique, elle répondra à sa manière, en imitant peut-être cette expression artistique pure et fouillée.
Et viendra donc en paix.
Titres de l’album:
01. Timeless Paths
02. Tolerant Observation of Existence
03. Extracorporeal Experience
04. Faceted Glass
05. Global Alienation
06. Sidereal Stream
07. The Numbers Speak
08. Vacant Planets
09. Celestial Promontory
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44