Death Radiation

Soothsayer

10/06/2019

Prc Music

En 1989, ça commençait à sentir méchamment mauvais pour les thrasheurs pratiquants. Oh, vous me direz à juste titre que les cadors du Big 4 ou 5 avaient encore de beaux jours devant eux, que METALLICA et SLAYER avaient sorti l’année précédente deux de leurs chefs d’œuvre, et que cette année précise fut aussi celle de la parution de postulats définitifs de la trempe d’Alice in Hell d’ANNIHILATOR, de Piece of Time d’ATHEIST, d’Extreme Agression de KREATOR, de Fool’s Game de MORDRED, mais aussi du séminal et éternel Control and Resistance de WATCHTOWER. N’empêche que malgré ces réussites flagrantes et ces œuvres passées à la postérité, ça sentait quand même le roussi, sauf que personne ne le savait encore. Et beaucoup de groupes continuaient à sortir de nulle part pour propager la bonne parole de violence de l’évangile selon Saint Mosh, tout en entamant leur carrière ou en la continuant sous des auspices plutôt négatifs. Et pour cause, la vague Death n’allait pas tarder à les enterrer dans la fosse commune de la joyeuseté musicale insipide, tandis que la déferlante ascétique de Seattle allait proscrire des platines tout ce qui n’était pas estampillé Rock et assimilé. Alors dans ce marasme, des tonnes de LPs anecdotiques sont complètement passé à la trappe, uniquement valorisés par le regain d’intérêt causé par la soif d’Internet d’exhumer des bandes de plus en plus obscures. Ainsi, si vous n’aviez pas chopé le train en marche, il y a de grandes chances pour que vous ayez entendu parler des SOOTHSAYER quelques années après leur mort déclarée. C’est ainsi que dans leur sac à cadavre, les pauvres originaires de Beauport au Québec ont eu vent de leur petite renommée posthume, des lustres après leur split de 1992, après un seul et unique album, Have a Good Time…publié en 1989.

Mais autant le dire, aussi sympathique fut-il, ce premier jet faisant suite à l’historique démo To Be a Real Terrorist éditée en 1986 n’avait rien de vraiment notable, si ce n’est dans sa combinaison de brutalité et d’humour. Car les quatre larrons (qui sont toujours les mêmes aujourd’hui, ce qui est suffisamment notable pour être souligné) ne faisaient pas dans la dentelle, et parlaient de mouches, d’adolescents à tronche de pizza à force d’en bouffer et autres joyeusetés, parfaitement en adéquation avec leur optique musicale rigolarde. A cheval entre le Thrash, le Punk et le Hardcore, les larrons s’éclataient alors dans ce que l’on appelait le Crossover tendance bien velue et à la frontière du Thrashcore. Et après presque vingt ans de silence, le combo (Stephan Whitton - chant, Martin Cyr - guitare, Simon Genest  - basse et Daniel Clavet - batterie) a fini par remettre le couvert pour le plus grand bonheur de ses fans. C’est ainsi qu’en 2013 Troops of Hate vit le jour, relançant la machine presque à plein régime, avant que nos cousins canadiens ne retombent dans un mutisme pour le moins inquiétant. Heureusement, une signature sur le label national PRC Music les a extirpés de leur torpeur, et c’est avec une énergie de tous les diables que ceux-ci nous proposent aujourd’hui leur troisième longue-durée, ce Death Radiation qui ne manquera pas de parler aux fans de MUNICIPAL WASTE…

Toujours dotés d’un humour potache (« Jesus was a Bastard », « Pouliot et Pouliot », « Beer Break », c’est pas du Goregrind, mais ça fait l’affaire des amateurs de l’Almanach Vermot), les SOOTHSAYER reprennent donc la route des cabarets et autres guinguettes voulant bien d’eux, avec dix nouveaux titres dans la musette qui n’abuse pourtant pas de l’accordéon. Sans changer d’un iota leur style, les quatre olibrius essaient de signer une suite solide à leurs aventures intrépides, et tentent de nous séduire d’un mélange de rythmiques apocalyptiques, et de passages purement Thrash soudainement hybridés Hardcore. La recette marche toujours, du moins pour ceux qui craquent pour le genre, et malgré une flagrante linéarité de certains plans, l’opération poisson dans le dos fonctionne plutôt bien grâce à un enthousiasme débordant et à quelques idées fulgurantes. Ces mêmes idées permettent aux morceaux de décoller vers les paradis de l’ultrasonique éclair, malgré la durée déraisonnable des titres eu égard aux canons du genre. Généralement, le Thrashcore et le Crossover s’accommodent fort bien de durées à peine supérieures aux deux minutes imparties, alors que Death Radiation n’hésite pas à laisser courir la montre au-delà des quatre ou cinq minutes, ne se calmant qu’à l’occasion d’intermèdes plus brefs. Enfin intermèdes, utilisons plutôt le singulier, puisque seul « Beer Break » stoppe sa course sous les deux minutes, pour un festival de lourdeur Doom strié d’éclairs Thrash bien lancés. Sinon, tout est bien développé, et même surdéveloppé, puisque le final dantesque de « NX2 » piétine allègrement les dix minutes.

Est-ce pour autant que tout ceci est inspiré ? Oui, non, peut-être, parfois, et même si on retrouve cet esprit paillard des groupes underground de la fin des 80’s, tout n’est pas bon à avaler, ni à jeter. On sent que les plans instrumentaux ont été répercutés d’une chanson à l’autre, parfois avec maladresse, mais toujours avec sincérité. On sent que le quatuor a les moyens techniques de nous sortir un disque définitif, mais qu’ils (re)tombent encore dans leurs travers de jeunesse, même si ce troisième chapitre arrive largement à la hauteur du premier. On aime bien sûr ces bousculades rythmiques qui vous balancent dans le pit, cette basse ronflante à la OVERKILL/Dan Lilker, ce chant gouailleur qui a toujours autant de mal avec l’anglais, et d‘ailleurs, Martin, le guitariste de la bande n’hésite pas à dire qu’il avait un max de tounes (oui, des tounes, pas des thunes ou des tonnes, des tounes), ce que l’on ne ressent pas toujours…Mais se rapprochant du début de leur carrière, les SOOTH comme ils aiment à se nommer font preuve d’un allant enthousiasmant, et placent quelques morceaux qui valent le détour. Un peu S.O.D, un peu D.R.I, le tout épaissi à la sauce Thrash, pour l’album qu’ils veulent le plus Crossover de leur carrière, et qui pourra en faire une belle en surfant sur la vague old-school. Pas de quoi se réveiller la nuit, pas de quoi se croire replongé en 1989 et son époque bénie, mais largement de quoi sourire en headbanguant ou l’inverse.

  

Titres de l’album :

                       1.Cherareeroad

                       2.Failure

                       3.Jesus was a Bastard

                       4.Pouliot et Pouliot

                       5.Patience

                       6.Choo Choo

                       7.Death Radiation

                       8.Bang Bang

                       9.Beer Break

                       10.NX2

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par mortne2001 le 19/11/2019 à 17:50
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