J’ai commencé à écouter du Metal dans la première moitié des années 80, ce qui explique que j’ai connu le boom créatif post NWOBHM. A l’époque, lorsqu’un disque sortait, on se demandait toujours ce qu’on allait y découvrir, et les surprises (de taille) étaient monnaie courante. Alors que BON JOVI popularisait le Hard FM, SLAYER sortait Reign in Blood et POISON Look What The Cat Dragged In, alors que FAITH NO MORE fomentait la Fusion, tandis que les prémices du Death et du Black se faisaient sentir via les exactions de HELLHAMMER et POSSESSED. C’était une époque bénie où tout était possible, et où tout pouvait être inventé, pour peu que les musiciens fassent preuve d’un certain culot doublé de talent. Triste constat, aujourd’hui en 2021 et depuis de longues années, lorsque je chronique un album, je me demande simplement quel groupe majeur le combo abordé va pomper jusqu’à la moelle, et quelle tendance des années 80 il va honorer. C’est assez sombre comme état des lieux, mais il faut reconnaître que plus de la moitié de la production actuelle est encombrée d’ensembles se vautrant dans le faux hommage old-school, choisi par passion ou par fidélité, et que tous les combos ressemblent à de pâles copies de nos héros des eighties. Mais avons-nous d’autre choix que de faire avec et d’essayer d’en tirer le meilleur parti ?
Exemple du jour, les américains de TRAPMAKER, qui ne font pas grand mystère de leur obsession pour la NWOAHM. Une fois encore, dès les premières notes, l’auditeur est propulsé dans un passé qu’il connaît déjà par cœur pour l’avoir vécu en temps et en heure, et doit supporter des allusions plus ou moins fines tout en sachant que rien ne viendra le déstabiliser, bien au contraire. Sur ce type d’album, tout est fait pour rassurer et nous renvoyer à la protection d’une adolescence chérie, comme si la prise de risques était prohibée. Alors admettons - si tant est que cette conclusion soit viable - qu’il ne reste plus rien à inventer, et que seul le passé peut encore donner l’inspiration, ce qui en soi, est une constatation peu rassurante.
Fondé en 2014 par le guitariste Charles Man Dang, TRAPMAKER a été conçu par son géniteur comme un ensemble Metal entièrement voué aux gémonies de SCORPIONS, SAVATAGE, ACCEPT et JUDAS PRIEST, abordés sous un angle plus dur et sombre. Après des débuts stables constellés d’EP’s sortis à la suite, le groupe a connu quelques difficultés liés à la santé de Charles et de son chanteur de l’époque Sean Patrick Stark, le tout découlant sur un hiatus forcé. Les mois passant, Sean Patrick Stark décida de quitter le groupe et fut remplacé par Rob Tombstone d’UNDERTAKKER, le reste du groupe étant toujours constitué d’amis de Charles, avec JP Estrada à la guitare, Nate Salvatierra à la basse et Iggy Mankkalswarran à la batterie. Privé de tournée suite à ses problèmes de santé et au confinement lié au COVID, Charles se mit donc à composer du matériel pour le premier LP du groupe, et c’est ainsi que naquit Will of the Warrior, ce souhait du combattant qui incarne une fois de plus le pinacle d’une vision passéiste du Metal.
Soyons clair, si je chronique le premier album de ces originaires de Riverside en Californie, c’est que je le trouve assez bon pour que vous vous y intéressiez. Mais une fois encore, pour l’apprécier, il faut en accepter l’optique clairement et délibérément rétrograde, au risque de le ranger dans les dossiers cachés de votre ordinateur. Rien ici ne viendra bousculer l’ordre établi, puisque la musique proposée correspond exactement au vœu pieux émis par Charles Man Dang aux débuts du groupe, et si l’influence de SCORPIONS est la plus discrète, il est clair que le SAVATAGE des débuts et le JUDAS PRIEST le plus tendu en sont les deux composantes majeures. La production de ce premier jet, elle aussi très connotée, nous renvoie aux années 84/85, avec ce son si rêche et austère qui permet aux guitares de garder leur ADN naturel. Rythmiquement parlant, Will of the Warrior ne s’écarte que très peu de ce mid tempo confortable qui a fait les grandes heures du Hard agressif d’il y a trente ans, même si l’entame « Nazgul » n’est pas sans rappeler les ACID ou LOUDNESS.
Tout est très formel, tout est très carré, mais heureusement, le chant sournois et délicieusement occulte de Rob Tombstone vient nous extirper de notre torpeur en singeant les tics suraigus de King Diamond ou Rob Halford, ce qui permet aux compositions de baigner dans une ambiance hystérique ou mystique qui sublime ces plans trop classiques.
Formel mais agréable, puisque l’album effleure toutes les nuances du Hard n’Heavy des années 80, osant le Hard Rock pur sur l’entêtant « Stronger than Before », ou la ballade lacrymale et harmonique avec « Far Away ». Les TRAPMAKER nous refont même le coup de l’instrumental à la MAIDEN avec « Journey to the West » exercice depuis longtemps tombé en désuétude ou réservé aux afficionados du Progressif, ce qui permet à Will of the Warrior de brosser un tableau assez complet de la foi Metal la plus historique. Mais encore une fois, je trouve vraiment dommage que les groupes se vautrant dans le passéisme le plus lénifiant ne tentent pas d’y insuffler leur propre personnalité histoire de l’adapter à une époque qui en a un peu marre de ces hommages systématiques et peu enthousiasmants. Car même s’il n’y a plus rien à inventer, il doit y avoir une possibilité de recycler avec un peu moins de facilité.
Titres de l’album:
01. Nazgul
02. The Admiral
03. Leather Lover
04. Battosai
05. Stronger than Before
06. Far Away
07. Journey to the West
08. I Am the Monster
Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....
27/04/2024, 14:11
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08