Le Hard Rock moderne, cette problématique qui agace les puristes et fait enrager la nouvelle génération. A mon époque, le Hard Rock et le Heavy Metal, c’était évidemment IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST, SAXON, DEF LEPPARD, et quelques autres qui suivaient ou initiaient le mouvement. Mais à chaque génération sa propre définition, depuis la fin des années 80, le style a mué, muté, pour se changer en quelque chose de différent, mais pas antagoniste pour autant. L’apparition des KORN, DEFTONES et autres LINKIN PARK a bouleversé la donne, mais la nouvelle vague ne se limite pas à cette appellation Néo Metal tant décriée. DIAMANTE, JOHN DIVA, FIVE FINGER DEATH PUNCH, GHOST, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA, MADINA LAKE, AS I LAY DYING, BABYMETAL AVENGED SEVENFOLD…La liste est longue et loin d’être exhaustive, et les arguments fallacieux s’empilent sur le bureau de contrôle de la crédibilité, dépassé par les dossiers limites et les cas borderline, sans vraiment pouvoir trancher dans un sens ou dans l’autre. Ainsi, quid du cas des canadiens de KOBRA AND THE LOTUS ? Est-ce encore du Hard-Rock, ce que leur nomination pour l’album de l’année aux JUNO awards semble indiquer ? La question mérite elle la réflexion ? Ne peut-on pas, à l’instar de SLIPKNOT apprécier leur musique sans vraiment se porter caution de leur authenticité ? Non, car le Rock des années 80 n’avait déjà plus rien à voir avec celui des années 70, lui-même très éloigné de la cause fifties. Et au-delà de toutes ces questions sur la crédibilité d’un groupe affilié ou non à un mouvement, reconnaissons-le. Nous sommes parfois des vieux cons accrochés comme des morpions à nos vinyles de MÖTLEY CRÜE ou ACCEPT. En 2019, le Hard et le Heavy sont pluriels, ce qu’ils ont toujours été et les KOBRA AND THE LOTUS font partie de notre famille que ça vous plaise ou non. Depuis 2010 plus exactement, et la sortie de leur introductif Out of the Pit, prémonitoire, qui révélait une force vive de la scène canadienne, mais aussi celle d’une carrière impeccable qui dure aujourd’hui depuis plus d’une décennie.
Des origines, ne reste plus aujourd’hui que la frontwoman et vocaliste Kobra Paige. Ses anciens comparses ont quitté le navire depuis longtemps, à l’exception de Jasio Kulakowski, guitariste déjà présent sur la suite éponyme de 2012. A leurs côtés, la section rythmique composée de Brad Kennedy (basse) et Marcus Lee (batterie), enrôlés respectivement en 2013 et 2014, et le petit nouveau, Ronny Gutierrez, à bord en tant que second guitariste depuis l’année dernière. Factuellement, Evolution est donc le sixième LP des originaires de Calgary, mais aussi un nouveau départ, une fracture, un désir d’explorer des horizons différents. D’ailleurs, la flamboyante Kobra présente cette nouvelle étape en ces mots :
« Notre travail donne le ton pour tout ce qui va suivre. Musicalement, c’est toujours très Heavy, ça met en valeur les talents individuels et maintient le cap. Mais c’est aussi plus abordable en même temps. Ça rend hommage à nos influences, tout en nous emmenant au niveau supérieur. C’est à la fois une nouvelle présentation à notre univers et une renaissance. Le but ultime était de nous construire une identité solide, et de mettre à jour notre approche. Nous voulons juste être KOBRA AND THE LOTUS, rien de plus ni de moins.”
Une fois cette mise au point effectuée, il n’y a pas d’autre constat à faire que d’admettre que ce sixième longue-durée est un changement dans la continuité, une suite logique qui tient compte de l’évolution personnelle des musiciens, et plus prosaïquement, l’un des meilleurs albums de Metal moderne du cru cette année. Après avoir sillonné le monde aux côtés de BEYOND THE BLACK, XANDRIA, DELAIN, KAMELOT, KISS, DEF LEPPARD, JUDAS PRIEST, BLACK LABEL SOCIETY, MAX CAVALERA, SLASH, GUS G, STEEL PANTHER, BUCKCHERRY, AMARANTHE, FEAR FACTORY, PRIMAL FEAR, d’avoir foulé les scènes du Download, du Sonisphère, du Rock Am Ring, du Graspop et du Hellfest, les canadiens commencent à en avoir sous les bottes, et à savoir exactement ce qu’ils veulent et ce qu’ils sont. Et l’image qu’ils renvoient aujourd’hui est celle d’un groupe mature mais toujours aussi jeune, capable de s’enthousiasmer d’une rythmique élastique pour mieux réunir les DIABLO SWING ORCHESTRA et LACUNA COIL (« Get The F*ck Out Of Here »), ou de signer un hit explosif et définitif adoptant les contours exacts du Heavy moderne et efficace (« Burn ! », moins de trois minutes pour un timing Eurovision aussi calibré que ce refrain policé.). On le sait, le mieux est l’ennemi du bien, et le professionnalisme le dispute au bout d’un certain temps à la spontanéité, mais Evolution se paie le luxe d’éviter toute erreur sans sonner trop formaté. Kobra n’a jamais chanté aussi bien, aussi proche du symphonique qu’elle le peut mais sans les arabesques pompeuses, se lovant avec sensualité au creux de guitares qui n’ont pas oublié leur mordant au placard. Certes, les arrangements sont léchés, la production signée Michael “Elvis” Baskette (ALTER BRIDGE, SLASH, SEVENDUST) propre et carrée, mais l’ensemble dégage une bonne humeur contagieuse, et fait montre d’un esprit juvénile assez délicieux.
Efficacité donc comme leitmotiv, allègement des structures et amincissement du son global, pour un album qui n’a rien perdu de sa substance, et qui ose encore des choses plus poussées. Si la durée globale des morceaux respecte à la seconde près la tradition des singles Pop d’antan, le groupe n’hésite pas à se laisser aller aux joies de l’acoustique délicat (« Wash Away », ses nappes vocales, sa basse ronde, et ses soudaines explosions Power qui évitent la tragédie facile), ou à contrario du Heavy moderne et bien dans sa peau (« Evolution », archétype en soi, mais tellement bien fait qu’on y croit). Le reste est bien évidemment toujours aussi bien balisé entre sonorités contemporaines et inspiration pérenne (« Circus » et son riff doublé, roublard à la MUSE, « We Come Undone », salto arrière Groove Metal aux syncopes qui dynamisent), et écoute après écoute, l’album grandit en vous, révélant ses ambitions orientalo-électro (« Wounds »), ses travers Pop totalement assumés (« Thundersmith »), allant jusqu’à se révéler à la dernière minute en costume de grandiloquence Power Metal (« In The End »). De fait, et en continuant le travail de longue haleine, Evolution referme quelques portes, mais en ouvre d’autres en grand, celles qui mèneront le quintet du statut de valeur sure à celui de référence absolue, leader d’un mouvement canadien Modern Metal qui n’a pas à trembler de la concurrence américaine. Une réussite, pas forcément absolue, mais un nouveau départ qui en dit long sur les ambitions, et un paquet de chansons qui serviront de mètre-étalon pour un futur doré. De quoi agrandir la collection de prix sur les étagères, sans perdre de vue l’essentiel. Etre célébré, mais pour les bonnes raisons et ses propres qualités.
Titres de l'album :
01. Evodem
02. Evolution
03. Burn!
04. We Come Undone
05. Wounds
06. Thundersmith
07. Circus
08. Wash Away
09. Liar
10. Get The F*ck Out Of Here
11. In The End
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25