« Chez la femme, à l'inverse, l'élément de compensation revêt un caractère masculin, et c'est pourquoi je l'ai appelé l'animus[…] Pour décrire en bref ce qui fait la différence entre l'homme et la femme à ce point de vue, donc ce qui caractérise l'animus en face de l'anima, disons : alors que l'anima est la source d'humeurs et de caprices, l'animus, lui, est la source d'opinions»
Ainsi parlait non Zarathoustra mais bien Carl Gustav Jung. C’est lui le premier qui a posé un nom sur les manifestations inconscientes féminines chez l’homme (« anima ») et les incarnations masculines dans le comportement de la femme (« animus »).
Si chez le premier, celles-ci prenaient donc la forme d’humeurs et de caprices (encore des concepts superficiels qui selon les psychologues/psychiatres définissent fondamentalement le caractère inconstant de la féminité), chez la seconde, l’animus s’incarne souvent autour de la figure masculine du macho dans des songes éveillés, ou pas, en réveillant la personnalité brutale et affirmée d’une créature que tout le monde s’accordait à présenter comme « le sexe faible ».
D’où cette couverture dépeignant un homme privé de ses parties intimes, que trois harpies le forcent à ingurgiter. Le cas fut évoqué récemment lorsque cette victime de viol trancha le sexe de son agresseur pour le forcer à l’avaler, mais pose le problème suivant : les femmes ont-elles vraiment une part de masculinité et inversement ?
Musicalement, la théorie est appuyée par un jeune quintette anglais, qui propose avec Animus son premier album, et qui malgré une homonymie et un parallèle de thème flagrant n’a pas grand-chose à voir avec les labyrinthes de TOOL.
VENOM PRISON vient donc du sud du pays de Galles, et a déjà proposé à son public The Primal Chaos, un EP, ainsi qu’une démo en 2015, Defy The Tyrant.
On retrouve dans ses rangs cinq musiciens assez jeunes, mais déterminés à imposer leurs vues sur un Death Metal très technique et dense, mais assez éloigné du techno Death pour rester ébouriffant et puissant sans tomber dans la démonstration.
A son bord, Ben et Ash aux guitares, Mike et Joe comme section rythmique, et Larissa au micro. Signés sur Prosthetic Records, et en concert avec les TRAP THEM, les VENOM PRISON semblent laisser la porte ouverte à plusieurs directions possibles, sans forcément en choisir une. Death de tonalité, mais Hardcore d’attitude, le quintette n’opte pas vraiment pour un choix tranché, et subit même l’influence du Sludge le plus light, et parfois du Hardcore dissonant, celui pratiqué à NYC dans les années 90. Des dissonances donc, la gravité des guitares, et un chant à mi-chemin entre Angela et Dawn Crosby, qui survole des parties de guitares en riffs massifs ou discordants. Est-ce pour autant que le chemin est intéressant à suivre, lorsqu’on l’extirpe de son contexte assez intrigant ?
La réponse est mitigée, bien que le groupe présente d’indéniables qualités.
Si Animus entame son déroulement de la façon la plus véhémente qui soit (« Abysmal Agony », parfait exemple de Death old school confronté à des influences Hardcore vraiment poussées), s’il propose des séquences arythmiques assez troubles et violentes (« Desecration Of Human Privilege » et ses blasts/dissonances qui rapprochent les Anglais des flingués de TRAP THEM), et si par touches fugaces la mélodie arrive à se faire une place en contrepoint (le final de « Corrode The Black Sun », presque Post Black dans l’esprit, mais aux harmonies acides tangibles), beaucoup de fragments de morceaux semblent frapper des coups d’épée hystériques dans l’eau sans vraiment parvenir à troubler la surface.
Non que le tout soit brouillon ou inconsistant, mais il semblerait que la violence outrancière sonne parfois un peu stérile et nous empêche de savoir ce que proposent vraiment les musiciens, et surtout, ce qu’ils souhaitent déclencher comme sensation chez l’auditeur.
C’est éminemment violent, subtilement contrasté entre vitesse et pesanteur, mais ça tourne parfois à vide, comme le proverbial chat qui se mord la queue.
Death par essence, Hardcore par indécence, le produit de ces deux composantes ne donne pas toujours un résultat probant, et on se retrouve souvent face à un fac-similé de Death vintage joué par des musiciens de Chaotic Core encore un peu jeunes pour se confronter aux meilleurs.
Le mélange est certes savoureux lorsque l’inspiration atteint son apogée et suit une voie plus claire qu’à l’habitude (« Devoid », qui parvient à trouver enfin l’équilibre parfait entre toutes les données, et qui offre donc les premiers thèmes accrocheurs et pertinents), mais il peut aussi se montrer trop roboratif lorsque les riffs semblent un peu usés et que la voix de Larissa peine à se renouveler dans ses accroches (« Celestial Parricide »).
Sans être bégueule, admettons quand même que l’ensemble de l’album s’écoute avec plaisir, même si quelques impasses semblent gêner la progression. La puissance du quintette est indéniable, et éclate comme une colère contre l’injustice d’une condition, mais les cris se perdent encore de temps à autres dans le vide de l’indifférence.
Heureusement, des instants de furie pure et incontrôlable viennent intensifier la rage (« Perpetrator Emasculation », traduction en musique de la peinture de la pochette, et accès de folie monstrueux qui rappelle clairement les THROES en doublette avec FULL OF HELL), et le final « Womb Forced Animus » s’achève dans une débauche de double grosse caisse lacérée de soli acides, avant que le chaos interne n’aboutisse à un crescendo d’agressivité palpable.
Bien. Animus vs Anima. Le débat est ancien, et nul n’en trouvera un jour la concrétisation la plus juste. Mais l’interprétation proposée par les VENOM PRISON est assez intéressante pour que vous vous y plongiez, non en quête de réponses mais plutôt d’une incarnation personnelle.
Encore un peu fouillis, très bruyant mais la plupart du temps à dessein, Animus est donc la vision d’un masculin/féminin incarné dans un trauma Death/Hardcore fascinant, mais encore trop brouillon pour vraiment se poser en postulat définitif.
Jung pourrait interpréter ceci et cela, mais musicalement, l’affaire a encore besoin de faire le tri dans ses idées et ses névroses avant de se lever du divan pour affronter sa propre nature.
Titres de l'album:
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Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44