Alors que le label américain Armageddon vient tout juste de nous éclater les roustons avec la parution du dernier LP des furieux US de DROPDEAD, le voilà qui insiste en fouillant dans le back catalogue de la légende américaine pour nous asséner le coup de grâce. Et quelques jours après la tannée Dropdead, c’est cette compilation qui nous agresse les tympans avec ses vingt-six morceaux, dont certains inédits, qui remontent à l’origine du groupe. Ne vous attendez donc pas à un gros son à la Ballou/Boatright pour cet album qui n’en est pas vraiment un, puisque la production est d’époque, et sèche comme un coup de caisse claire de Pete Sandoval. Composé des deux démos initiales du combo, Demos 1991 nous offre donc la primeur de ces deux cassettes qui scellaient le destin du groupe et son allégeance au Crust/Grind le plus puriste, qui est toujours d’actualité aujourd’hui comme on a pu en juger avec le troisième LP du groupe. C’est donc un méchant voyage dans le temps de presque trente années qu’Armageddon Label nous offre aujourd’hui, profitant de l’inclusion du groupe dans son cheptel, et osant mettre sur le marché tous les produits possibles. Mais comment leur en vouloir en écoutant ces séminales chansons qui encore en 2020, constituent une part importante du répertoire live du groupe, qui n’a de cesse d’y piocher des éléments de sa setlist. Distribué en LP pour garder la crédibilité intacte, Demos 1991 aurait pu bénéficier d’un joli pressage en cassette reproduisant les motifs d’époque, mais ne nous plaignons pas, le son est parfois atroce, fluctuant dans sa seconde partie, et évoque à merveille les caprices de bandes fatiguées. On se croirait d’ailleurs revenu au temps béni non des colonies, mais du tape-trading, spécialement dans la seconde partie du métrage qui ne ménage pas les crissements et autres pertes de dynamique.
Musicalement, évidemment, le tout est du DROPDEAD tout craché. Des morceaux ultra courts, vifs, méchants, agressifs et véloces, qui ne dépassent que très rarement la minute. Mais du DROPDEAD historique, qu’on constate déjà méchamment prêt à déverser sa bile DISCHARGE sur le monde, avec des morceaux comme « At The Cost Of An Animal » ou « Direct Action ». De quoi revivre les débuts de la scène Crust/Grind américaine, alors que la vague anglaise avait déjà inondé l’Europe, et se replonger dans un pan extraordinaire de l’extrême US, avant que la normalisation du son ne condamne les groupes à tous se ressembler. On constate aussi l’influence incroyable du mouvement D-Beat scandinave sur des segments comme « Wound Runs Deep », mais il est toujours difficile de développer un argumentaire constructif lorsqu’on a affaire à des compilations comme celles-ci. Les fans du groupe seront évidemment très heureux de retrouver leurs héros baignant dans leur jus de jeunesse, et les autres, moins convaincus, comprendront alors toute l’importance du groupe sur le mouvement Grind et Hardcore des Etats-Unis, en sentant les effluves d’un TERRORIZER sur un morceau comme « Ignorant ». Bien sûr, à posteriori, rien de bien surprenant ou sauvage ici, bien pire ayant été commis depuis, mais quel plaisir de se replonger dans cette production maison, analogique au possible, et de redécouvrir ces riffs francs et massifs qui ne changent presque pas d’une chanson à l’autre.
Du DISCHARGE dans le texte, et si la première face de l’album propose un son propre et net, la seconde se lâche et casse le moule pour oser l’underground le plus enterré dans le mix. Et une fois parvenu à « Do You Choose Life », autant vous prévenir que vos oreilles risquent de souffrir comme si elles se posaient sur un bootleg de NAPALM DEATH datant de 1986. Absence totale de graves, batterie presque inaudible, chant en avant, guitare qui mouline dans le vide, pour basse omniprésente avec un claquage sec et sans pitié. Les cymbales vrillent les tympans, les morceaux avancent à un rythme hallucinant, et on pense à une répétition des CRYPTIC SLAUGHTER captée sur un dictaphone très fatigué et aux piles résolument usées. Il faut avoir les neurones rompus à l’exercice de la démo d’époque pour apprécier à plein volume ces décharges d’adrénaline pure qui le confinent parfois à la folie la plus totale (« Strength In Your Conviction »). Nous avons même droit à des morceaux sans chant qui ressemblent à des tentatives Black Metal option Noisy (« Deliver Yourself »), mais aussi à des temporisations moins démentes et plus Hardcore (« Pliers », reprise d’INFEST bluesy). Le tout se termine par un gag assez drôle, et la présence de « Black Diamond Outro », qu’on trouvait à l’époque sur une compilation locale en hommage à KISS, et plus tard sur un vinyle qui accompagnait le numéro 22 de Rocktober Magazine. Et croyez-moi du KISS repris à la sauce HELLHAMMER, ça vaut son pesant de Tom Warrior et de Gene Simmons en goguette.
Une compilation qui arrive donc à point nommé pour réhabiliter définitivement le nom de DROPDEAD, l’un des acteurs les plus importants de la scène Crust/Grind américaine.
Titres de l’album:
Side One
Demo 1 - August 1991
1. Intro / Unjustified Murder
2. At The Cost Of An Animal
3. Doorway To Extinction
4. Direct Action
5. Wound Runs Deep
6. Power
7. Ignorant
8. The Circle Complete
9. Attention
10. Confused
11. Easy Way Out
12. Follow Blindly
13. Protest
14. Chosen Path
15. In The Name
16. Warsystem (Shitlickers)
17. Is This Life? (A.O.A.)
Side Two
Demo 2 - October 1991
18. Do You Choose Life
19. Fucking Assholes (no vocals)
20. Strength In Your Conviction
21. Deliver Yourself (no vocals)
22. Legacy Of Death
23. Only A Fool
24. Survival
25. Pliers (Infest)
Comp Track Rehearsal 1991
26. Black Diamond Outro (Kiss via Hellhammer)
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
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25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
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Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
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25/05/2023, 08:35
Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal
24/05/2023, 21:49
Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.
24/05/2023, 16:39
L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.
24/05/2023, 15:10
Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.
24/05/2023, 13:44