Rock and Roll Radio

Palace

04/12/2020

Frontiers Records

« Je suis de bonne bonne bonne bonne humeur ce matin, y’a des matins comme ça »

Merci à Tristan de m’avoir laissé emprunter le gimmick de sa plus célèbre chanson, qui correspond tout à fait à mon état d’esprit du matin. Il est rare que je sois aussi enjoué, mais j’ai une raison valable à cela. Les retrouvailles avec l’un de mes musiciens préférés, le suédois Michael Palace, petit chouchou des italiens de Frontiers depuis des années, et idole d’un public amoureux de ses mélodies subtiles et magiques. Deux ans pile ou presque après le majestueux Binary Music, Michael revient donc par la grande porte pour le troisième album de sa carrière, le fameux album de la maturité qui est si difficile à négocier et qui confirme comme infirme les plus grands espoirs. Mais avec le suédois, pas d’inquiétude à avoir, puisque son talent ne s’est pas évaporé en route, et que son don pour composer des morceaux purement eighties et sucrés comme des barbe-à-papa est toujours intact. Pour jouer les bios succinctes, je rappelle que le bonhomme a offert ses services non aux plus offrants, mais aux meilleurs, et qu’il a déjà collaboré avec FIRST SIGNAL (avec Harry Hess de HAREM SCAREM), CRY OF DAWN (et Goran Edman), KRYPTONITE (avec Jakob Samuel des THE POODLES), ou Toby HITCHCOCK, et pas mal de poulains de l’écurie Frontiers, et que depuis 2016 il a pris son envol en tant qu’artiste solo, via Master of the Universe, qui de son titre en disait long sur ses ambitions. Et si le poly-instrumentiste n’est pas encore assis sur le toit du monde, il domine quand même de sa créativité la scène AOR mondiale, mais aussi de sa classe et de son humilité dans la passion.

Passion qui l’a mené à produire, enregistrer et mixer cet album totalement seul, en sus de prendre en charge toute l’instrumentation et le chant. C’est donc un album 100% personnel que vous découvrirez en écoutant Rock and Roll Radio, qui s’il n’a rien à voir avec les RAMONES, n’en reste pas moins une tranche de vie eighties dans laquelle on mord à pleines oreilles. Fort de son expérience de producteur et d’ingénieur du son au service d’ADRENALINE RUSH, REACH, ERIKA, HOUSTON, FIND ME, GUTTERDÄMERUNG, BIG TIME ou Miljenko MATIJEVIC, Michael a donc choisi de se faire confiance pour mettre en son ses dernières compositions, qui ne trahissent aucunement le label de qualité imposé par les deux chapitres précédents. On retrouve donc en ces sillons la fougue et le romantisme de Binary Music, et si la musique du suédois est tout sauf binaire, empruntant au vocable Hard Rock, au langage AOR et au mode d’expression Melodic Rock, son attitude n’en est pas moins franche pour autant, le compositeur s’en remettant à cette euphorie à la suédoise qui transforme n’importe quel morceau en hit single que bien des américains pourraient envier.  

Mais du coup, puisque Michael a tout réalisé tout seul dans son coin, acceptant tout juste un coup de main de la part de Jordan Cox pour quelques chœurs sur « Castaway » et d’Oscar Bromvall pour un solo sur « Hot Steel », peu d’informations à vous prodiguer. Tout ce que je peux faire pour vous convaincre d’écouter cet album est de vous renvoyer à ma chronique de Binary Music dont les mots sont toujours autant d’actualité aujourd’hui. Je me sens donc un peu inutile, puisque les chansons parlent et chantent d’elles-mêmes, et qu’elles représentent la quintessence d’un art né à la fin des années 70, lorsque les artistes se rendaient compte qu’énergie Rock et séduction Pop n’étaient pas incompatibles, donnant naissance à ce fameux Arena Rock et à l’AOR popularisés par REO SPEEDWAGON, STYX, JOURNEY, STARSHIP, HONEYMOON SUITE, BON JOVI, Richard MARX et toute ces stars au parcours impeccable. Bien sûr, PALACE a une fois encore traduit le vocabulaire américain avec un charmant accent suédois, et parvient à nous embarquer dans un voyage au long-cours, nous ramenant aux heures si précieuses de notre jeunesse, lorsque nous roulions sur l’autoroute de la vie avec la musique à fond dans l’autoradio et dans le cœur. Il faut avoir une sensibilité mélodique pour se montrer perméable à cette approche délicate, qui ne manque pourtant pas de piquant. En témoigne le très énergique « Hot Steel », qui brûle le bitume et fait fondre la gomme des pneus de son riff incandescent et de son rythme affolant, qui contrebalance avec efficience la modulation émotionnelle de « Eleonora », qui aurait pu atteindre le sommet du Billboard chanté par CHICAGO.

Une fois encore, malgré un tracklisting fourni, Michael tutoie les cimes et délivre une copie impeccable, conférant à chaque chapitre une âme qui lui est propre. Si les claviers sont omniprésents, ils ne phagocytent pas l’espace sonore, et confèrent aux chansons une aura assez intime, presque mystique, qui nous renvoie aux néons des eighties qui éclairaient délicatement les rues aux baiser des amoureux de la nuit. On reste encore une fois méchamment admiratif du talent de composition du bonhomme qui accumule les hits, entre un « Cold Ones » au refrain totalement addictif, et un « Origin of Love » qui malgré son titre laisse exploser le Hard-Rock le plus traditionnel.

Michael est un orfèvre, il déborde de talent, le sait, mais n’en fait pas grand cas. Il se contente de composer ce qu’il ressent, et graver sur CD la musique qu’il aimerait écouter en tant que fan ce qui ne fait que renforcer le côté honnête et sincère de l’entreprise. Et comme les pistes ne dépassent que très rarement les trois minutes, l’efficacité est le maître mot de ce Rock and Roll Radio auquel il ne manque que quelques jingles pour justifier pleinement son titre. Mais même les rares incursions hors du temps imparti ne laissent pas place à la complaisance, et le plutôt Heavy « She’s so Original » de justifier les deux minutes supplémentaires de son déroulé de velours. Entre des chœurs vraiment pertinents, des arrangements sobres mais efficaces, et cette voix, pure et simple, ce troisième album est presque un miracle en soi, si l’on met de côté le génie évident de son géniteur. Aucune place à l’ennui, et même une radicalisation du son, plus dur et âpre, pour bien marquer le serment d’allégeance de PALACE au Rock radiophonique le moins corrompu.

Une réussite totale, un carton plein qui navigue à vue dans le dédale des radios US des années 80, qui multiplie les clins d’œil aux héros d’antan, et une vague de tubes qui déferle sur la plage de notre mémoire, avec cette joie qui transpire des harmonies (« Strictly by the Rules »). Alors, oui, je suis de bonne humeur ce matin, et je pense que je vais le rester toute la journée, quitte à réécouter encore le très poppy « When it’s Over ». C’est ça la magie de PALACE, nous emmener en virée pour la soirée de notre vie, une soirée cinq étoiles, où le passé brille de mille feux et où tous les espoirs sont permis.             

              

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Rock And Roll Radio

02. Castaway

03. Way Up Here

04. Cold Ones

05. Eleonora

06. Hot Steel

07. My Gray Cloud

08. Origin Of Love

09. She's So Original

10. Strictly By The Rules

11. When It's Over

12. Fight


Facebook officiel


par mortne2001 le 16/12/2020 à 14:37
90 %    1002

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12