Il n’est jamais bon lorsque vous cherchez des infos sur un groupe de tomber sur un lien renvoyant vers un site comme 88nsm.com. Si d’aventure, ces chiffres et lettres ne vous disaient rien, sachez que le chiffre 8 en langage codé renvoie vers la lettre H, et que le nombre 88 juxtapose donc les deux HH, soit un salut à peine déguisé au trop fameux « Heil Hitler ». Les initiales NS sont suffisamment explicites pour que je ne me penche pas dessus, mais après avoir cliqué sur le fameux lien, je me suis aperçu que la page n’existait plus, ce qui me rassurait. D’autant plus que la musique des allemands de LIFETAKER est suffisamment bonne et puissante pour qu’on lui consacre un article, et devoir les passer à la trappe m’aurait vraiment déçu. Mais une fois éliminées les dernières craintes grâce à Metal Archives, qui m’assure que le combo assume des positions antifascistes fermes, je me sentais plus léger. Une fois cet aparté refermé, intéressons-nous de près à ce quintet de Dortmund, actif depuis deux ans, et déjà auteur d’un premier EP publié l’année de sa naissance, Thanatos. Selon leur courte bio, ces musiciens opposeraient une réponse musicale bruyante à la vie moderne, et émergeraient des bas-fonds de la Ruhr, ce que leur musique ne dément pas, à divers degrés. Au prime abord, les allemands (Konstantin – chant, Alex – guitare/chœurs, Tobias – guitare, Gerrit – basse/chœurs, et Nico – batterie) semblent évoluer dans un créneau facilement identifiable de Death/Grind, mais la réalité des choses est bien plus complexe. En s’arrêtant aux prémices de Night Intruder, c’est en effet cette piste qui semble la plus facile à suivre, mais plus l’album avance, plus les choses se densifient, et on note une pluralité de ton qui n’édulcore en rien la gravité de fond. Et en définitive, vingt-huit minutes après l’entame des hostilités, le bilan est biscornu, et pas vraiment tranché.
Certes, les éléments Death et Grind sont bien présents, et leur mélange probant. Mais les LIFETAKER ne s’en contentent pas, et ils vont plus loin et plus profond chercher les éléments de leur mal-être, piochant allègrement dans le Hardcore, le Sludge, le Crust de quoi alimenter leur usine à cauchemars. Pour faire simple et efficace, disons qu’ils utilisent la méchanceté grasse du Hardcore germain pour l’alourdir d’une grosse enclume de Sludge à tendance Indus anglais, le tout alimenté en vapeur par les industries Crust suédoises. Soit la quintessence de la violence underground du nouveau siècle, ce qu’un morceau aussi impitoyable que « Grabendolch » démontre en à peine plus d’une minute et trente secondes. Les influences sont évidemment nombreuses, mais les nommer serait une insulte à la puissance des allemands. Et si d’aventure « Colony » de ses dissonances initiales et de sa vélocité impartiale vous semblait trop évident, attendez que le reste du répertoire fasse son effet : il est détonant. Rois des blasts qu’ils utilisent pourtant avec parcimonie, les musiciens préfèrent la lourdeur, les riffs empilés et densifiés, et surtout, l’agression vocale permanente, par l’entremise d’un chanteur vraiment grave et de chœurs typiquement Death et Core. Doté d’une gigantesque production aux échos immenses, Night Intruder a de faux airs de raid de nuit dans un lotissement de banlieue, ou d’une intrusion dans un bâtiment officiel pour une opération de destruction massive, le genre de blitzkrieg qui ne laisse aucune chance à l’adversaire et ne laisse que des cadavres sur son chemin. Manifeste de haine, ce premier LP est aussi une démonstration d’intelligence, car la violence – omniprésente – aussi crue soit-elle est dosée, développée, les idées agencées, et le plan finement élaboré. Les morceaux, tous très courts ne manquent pas de rebondissements, et osent les breaks lourds et poisseux, les accélérations sans prévenir, les riffs qui s’imprègnent du Doom pour mieux tailler Hardcore, le tout emballé dans une ambiance unissant NAILS, SLAYER et THE KILL/NAPALM DEATH.
« Cold War » en substance, est une fusion entre la froideur de KILLING JOKE et la lourdeur sauvage de PRIMITIVE MAN. Et la haine qui se dégage de telles chansons a de quoi laisser tétanisé, tant on se croirait replongé dans les affres de l’Anarcho-Core anglais des années 80 délocalisé dans une zone industrielle défraichie allemande. « Loverope », pour contrebalancer accélère le tempo, avant de le fracasser sur un mur érigé entre la Suède Hardcore et l’Allemagne Thrash/Indus de MORGOTH. Avec une section rythmique à l’abattage incroyable, le groupe peut se reposer sur une assise solide, et les deux guitaristes n’ont plus qu’à laisser parler leur ressentiment pour combiner riffs massifs et discordances majeures. Une telle démonstration de puissance peut laisser l’auditeur sous le choc, exténué d’avoir dû faire autant d’efforts pour encaisser les coups. Et même lorsque le groupe enchaîne ses morceaux les plus brefs, la variété reste de mise, et la cadence toujours aussi infernale. Mais le côté accrocheur de ces licks désespérés qui empestent la colère et la misère est un petit miracle en soi, le quintet se montrant aussi convaincant qu’écrasant, ce qui n’est pas le défi le plus facile à relever. Atteignant parfois l’intensité des immondes FULL OF HELL, LIFETAKER multiplie les attaques éclair, les bombardements intempestifs, les à-coups vocaux qui fusent comme des balles, et lorsque tous les éléments se mettent en branle en même temps (« Glorify The Blade »), la magie opère comme une révolution qui s’annonce sanglante.
Impossible de résister à ce déluge de brutalité froide. Les titres s’enchaînent, proposant chaque fois des plans nouveaux, tout en respectant l’osmose générale. Le bloc final assombrit évidemment le panorama, et nous plonge dans une ombre d’avenir qui n’existe plus autrement que par une résistance active, et malgré les blessures infligées par les lames/titres (« Wound Man »), on est tenté de remettre le couvert une fois la conclusion posée. LIFETAKER avec Night Intruder frappe donc très, très fort, et s’affirme comme une faction de poids pour la dissidence allemande contemporaine.
Titres de l'album :
01. Pestkult
02. Colony
03. Catacomb Winds
04. Cold War
05. Loverope
06. Liturgy
07. First Woe
08. Wound Man
09. Solipsist
10. Grabendolch
11. Carcosa
12. Tombless
13. Glorify The Blade
14. Stigmata
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
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Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
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S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04