Parfois, il faut de la patience. Savoir attendre le bon moment, le bon line-up. Ainsi, Flavio Orozco a dû attendre quinze ans pour que le premier album de son groupe MORDHIDA voie le jour. Fondé en 2006 du côté d’Alcorcón, MORDHIDA n’a discographiquement fait parler de lui qu’en 2018, à l’occasion de la parution d’un premier EP, Politician's Sitcom, suivi d’un live deux ans plus tard. En 2021, le groupe au seul membre originel a donc passé le turbo, et Flavio peut enfin apprécier le fruit de ses efforts, puisque The Idiotic Principle est aujourd’hui disponible sur le Bandcamp du groupe.
En dehors de ces quelques considérations temporelles, MORDHIDA est donc le second groupe espagnol auquel j’ai affaire aujourd’hui, et il semblerait que la scène ibère soit des plus actives dans le créneau du Thrash classique et propre. Sans prétendre révolutionner le créneau, le quintet complété de Manuel Grande au chant, de Guillermo à la basse, de Jamie à la guitare et de CarNacKi à la batterie se propose de revisiter le Metal extrême raisonnable de la Bay-Area des années 1987/1989, via un paquet de riffs francs, de saccades affirmées, et d’accélérations modérées. N’attendez donc pas de ce groupe une envolée bestiale à la sud-américaine, mais plutôt de l’agression raisonnée à la AGONY/TESTAMENT, avec une petite pointe expérimentale parfois qui rappelle quelques errances cosmiques de VOÏVOD.
Et en écoutant le titre d’ouverture « Holycaust », un bon aperçu de la tambouille globale vous sera donné, mais pas que. Ce morceau au titre provocateur se veut formel et appréhendable par les fans d’un Heavy un peu corsé, mais les thrasheurs ne sont pas pour autant lésés. On pense assez rapidement à un EXODUS qui aimerait plaire à tout le monde, à un METAL CHURCH plus énervé, ou un à TESTAMENT à la basse roulante de Practice What You Preach (« Not My Cross », agrémenté d’un solo très compétent). Le spectre de l’OVERKILL le moins Core est aussi palpable, et le tout à des allures de best-of de la première ligne d’époque, lorsque le grand public commençait à s’ouvrir à des sonorités plus féroces.
On sent donc le groupe affûté, assumant ses influences d’époque, mais capable aussi de les transcender d’un panache plus personnel, via quelques trouvailles assez ludiques, et systématiquement rythmiques. Ainsi, « From First To Last » emprunte au MESHUGGAH adolescent sa précision dans la brutalité clinique, tout en restant assez catchy pour les amateurs de groove.
A l’inverse, « The Butcher » découpe le travers de porc avec finesse, et nous propose une belle boucherie Heavy/Thrash digne d’un ONSLAUGHT en grande forme. Largement de quoi se sustenter donc, une inspiration multiple pour un résultat homogène, de l’envie, beaucoup d’énergie, et un chanteur au timbre rauque qui ose quelques modulations. Un bilan positif donc, d’autant que les bougres n’hésitent pas non plus à loucher du côté de PANTERA pour des breaks assez boogie. Pas seulement obsédé par les eighties, MORDHIDA s’intéresse aussi aux nineties, et reste assez up in time dans la nostalgie, osant même l’épique délicat à la METALLICA/TESTAMENT sur le long et sinueux « Dusk », qui toutefois montre les limites en chant clair de Manuel Grande. Le chanteur singe un James Hetfiled inhabituellement nerveux, et sort parfois de la gamme, mais retrouve vite sa puissance lorsque le riff principal le sauve du naufrage.
Et comme l’aventure se termine sur l’hymne définitif et éponyme « The Idiotic Principle », l’impression est bonne et durable, même si le final punky de « I'm Free, I'm Now » offre un exutoire assez euphorique dans la plus grande tradition S.O.D/MISFITS.
Du bon travail donc, et une consécration enfin achevée pour les espagnols de MORDHIDA, qui se libèrent en grand-format, et qui peuvent prétendre à une place honorable sur le podium revival espagnol de ces cinq dernières années. Attendons que le quintet développe ses qualités propres et gomme quelques défauts, et autres emprunts trop flagrants.
Titres de l’album:
01. Holycaust
02. The Puppeteer
03. Not My Cross
04. From First To Last
05. The Butcher
06. Resurrection
07. Dusk
08. The Idiotic Principle
09. I'm Free, I'm Now
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