ALCATRAZZ, c’est un peu le YARDBIRDS américain. Un tremplin vers la gloire. Alors que le légendaire groupe anglais a servi de propulseur pour les carrières de Jimmy Page, Jeff Beck et Eric Clapton, son pendant américain a révélé le talent hors normes de deux des plus grands guitaristes Metal des années 80, Yngwie Malmsteen et Steve Vaï. Ceci dit, réduire le groupe mené par Graham Bonnet à une sorte de pygmalion pas rancunier serait d’une injustice rare, que des albums de la trempe de No Parole from Rock 'n' Roll ou Disturbing the Peace viendraient immédiatement réparer. Depuis ces semi-glorieuses années 80, le groupe a rendu les armes, puis les a reprises à l’orée des années 2020 pour une seconde partie de carrière assez intéressante, toujours sous le leadership vocal de Bonnet, et Born Innocent, quoi que n’apportant pas grandes eaux au moulin, restait une œuvre intéressante, délicatement nostalgique tout en restant en phase avec son époque très exigeante en ce qui concerne les reformations de légendes d’antan.
2021 voit donc une nouvelle étape franchie par le quintet, et comme souvent dans l’histoire du groupe californien, la formation a du pâtir d’une nouvelle défection, et pas des moindres. Exit Graham, une fois encore, remplacé par Doogie White, acteur majeur de la scène ayant officié dans…RAINBOW et aux côtés d’Ynwgie MALMSTEEN, ce qui ne fait que renforcer l’aspect « grande famille » d’un groupe qui ressemble de plus en plus à une auberge espagnole pour musiciens hors-catégorie de luxe.
A la première écoute, il est évident que le choix de White ne s’est pas fait par hasard. Le timbre de sa voix, ses capacités vocales extraordinaires semblaient une évidence pour souligner le caractère épique et très métallique des nouvelles compositions du quintet, qui par ailleurs, se repose toujours sur le même quatuor instrumental (Jimmy Waldo - claviers, Joe Stump - guitare, Gary Shea - basse et Mark Benquechea - batterie). Sauf que les dites compositions, puissantes et démonstratives rapprochent ALCATRAZZ d’un autre groupe américain connu pour ses compétences techniques et ses influences lyriques…RIOT.
En découvrant les deux premiers morceaux de ce V - cinquième du nom donc - on se souvient immédiatement des débordements opératiques de RIOT à l’époque de Thundersteel et The Privilege of Power. Même entrée en matière bombastic sur un rythme échevelé, même déroulé d’une guitare possédé par le démon du shred, même lignes vocales aigues qui s’envolent vers les notes les plus hautes, et même envie de faire tourner à plein régime le turbocompresseur du Heavy Metal le plus noble et viril. L’illusion est vraiment parfaite sur « Guardian Angel », burner d’entame qui aurait pu être écrit par un des meilleurs combos de Power Metal de la planète (option DRAGONFORCE par exemple), et qui profite d’une extraordinaire production signée Giles Lavery et Jimmy Waldo et d’un mixage peaufiné par Andy Haller (Elton JOHN, Joe COCKER, SYSTEM OF A DOWN). Mais si cette reprise de contact laisse la bouche grande ouverte et les poils hérissés sur les bras et ailleurs, le reste du répertoire n’est pas toujours à la hauteur, et sombre parfois dans les profondeurs du ridicule des grands fonds du Heavy Metal allemand, avec chœurs qui écœurent et mélodie facile.
Ainsi, le ridicule et pompier « Blackheart » vient légèrement atténuer l’euphorie déclenchée par cette première partie d’album, et on peine à reconnaitre l’un des groupes américains les plus prometteurs de sa génération. Heureusement pour nous et les fans, cette sombre erreur de parcours en abomination harmonique est rattrapé par l’entrain et l’allant de tubes plus volontiers calibrés Hard-Rock, comme le rapide et tranchant « Grace Of God », ou le jumpy et nerveux « Sword Of Deliverance ». ALCATRAZZ se souvient donc par intermittences de son glorieux passé, mais a le mérite d’offrir une suite tout à fait logique à ses aventures. La performance de White parvient même à éclipser sans peine le départ de Bonnet, mais encore une fois c’est la partition complexe et dense jouée par le phénomène Joe Stump qui laisse pantois. L’homme, toujours aussi doué dans sa pérennisation de l’héritage hystérique des guitaristes brûleurs de cordes des eighties nous bombarde de soli tous plus lyriques et dramatiques les uns que les autres, mais assure aussi le service après-vente de riffs porteurs qui ne dépareilleraient pas dans le répertoire contemporain d‘un HELLOWEEN déchainé.
Entre un RAINBOW sous stéroïdes et un RIOT en grande forme, ALCATRAZZ ose donc avec V l’album le plus agressif et métallique de sa carrière erratique, et se bombarde chef de file des anciennes idoles désireuses de respirer l’air d’un temps plus musclé. Malheureusement, en optant pour la luxuriance et l’abondance, le groupe se perd un peu en route, et ne manque pas de déclencher un certain nombre de bâillements en une heure de temps. A l’opposé, certains morceaux méritent franchement de s’intégrer au back catalogue du groupe, comme ce terrible « Target » qui caracole toutes voiles dehors, ou cet épique « Maybe Tomorrow », caractéristique des délires baroques seventies de Ritchie Blackmore.
En expurgeant son second retour de quelques minutes dispensables, ALCATRAZZ aurait pu prétendre au titre de leader Metal de cette fin d’année, mais ces quelques pannes d’inspiration, et ces passages en roue libre n’apportant pas grand-chose (« House Of Lies », efficace, mais truffé de poses grotesques d’un temps révolu) tirent l’album vers le bas, qui condensé en quarante-cinq minutes, aurait incarné le monstre qu’il aurait mérité d’être.
Ceci étant dit ne vous inquiétez pas. Les cinq musiciens ont été suffisamment intelligents pour équilibrer leur effort, et se lâchent sur un épilogue qui fera date dans leur histoire. Le mystique et vaporeux « Dark Day For My Soul », lourd mais délicat nous permet de dire au-revoir au groupe sur une touche d’émotion, et d’attendre son retour éventuel sans craindre sa disparition. Excellent album dans la forme, un peu plus discutable dans le fond, V est une étape de plus sur le chemin de la rédemption, et une façon très honorable de rattraper le temps perdu.
Titres de l’album:
01. Guardian Angel
02. Nightwatch
03. Sword Of Deliverance
04. Turn Of The Wheel
05. Blackheart
06. Grace Of God
07. Return To Nevermore
08. Target
09. Maybe Tomorrow
10. House Of Lies
11. Alice’s Eyes
12. Dark Day For My Soul
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