Dieu envoie toujours ses plus valeureux guerriers à la fin.
OK, mais à la fin de quoi ? De l’humanité ? Du siècle, du mois, de la semaine ? D’une époque bien définie ? Et pourquoi faire d’ailleurs, pour mener quelle ultime bataille ? Une guerre contre l’adversité, l’égoïsme ou la diversité ? Problème qui exige des années de réflexion, mais qui une fois transposé dans un cadre plus pragmatique prend tout son sens. Mettons comme décor temporel 2022, et regardons en arrière pour recenser tous ces albums qui ont rythmé l’année, au point de remplir un top 10/20/50 que tout le monde attend comme le messie. On pourrait se dire qu’arrivé à la mi-octobre, les jeux sont presque faits, et que quelques places seulement subsistent, et pas forcément en haut du tableau. Et pourtant, des groupes parviennent toujours à déjouer les prévisions, et s’incruster au banquet des merveilles.
Nous savions déjà les norvégiens de VORBID très capables, et attirés par le côté le plus extrême du Metal progressif, entre OPETH, DEATH, CYNIC, ATHEIST, PERIPHERY et WATCHTOWER/DREAM THEATER. Leur premier album, Mind, paru en 2018 jetait les bases d’une expérimentation hors-normes, et le scénario d’une passion complexe partagée entre violence et préciosité. Ce premier jet en avait impressionné plus d’un, moi y compris, mais se dire que ce deuxième LP le relègue aux oubliettes est une constatation sidérante. Sidérante, mais pourtant juste.
Michael Briggs, Daniel Emanuelsen, Marcus Gullovsen, et Hans Jakob Bjørheim ont donc encore plus poussé les meubles pour faire de la place à leurs partitions. A Swan by the Edge of Mandala et sa pochette pour le moins absconse est donc la suite logique d’un démarrage en trombe, mais aussi une extension rêvée pour se replonger dans le Thrash/Death progressif, l’un des styles les plus exigeants du spectre musical extrême. Un style qui ne supporte ni la tiédeur ni l’approximation, et encore moins la copie carbone. Il fallait donc provoquer son talent naturel et oser aller encore plus loin, plus profond et plus complexe pour attirer l’attention et VORBID a coché toutes les cases d’un disque essentiel, innovant et culotté.
Mais après tout, on ne débute pas un chapitre avec « Ecotone » sans se faire remarquer jusqu’aux confins de la toile. Ce premier titre, ferme, souple et sinueux est imposant, et donne le la d’une équation à une seule inconnue : votre perméabilité à la technique affinée, aux mesures impaires et aux mélodies biscornues, insérées au chausse-pied sur une rythmique inextricable. Et comme si le DREAM THEATER d’Awake tenait la main à l’OPETH des grands jours agressifs, A Swan by the Edge of Mandala renifle dans tous les coins, juxtapose la beauté et la violence, et signe de petites merveilles de crossover comme ce terrifiant de dualité « Ex Ante ». Dix minutes de bonus d’excellence, avec encore une fois cette propension à tout complexifier sans se montrer trop élitiste. On adhère au propos, même s’il est dense et pas toujours forcément traduisible, et on se laisse porter par une saine colère qui tient autant de la philosophie de l’âme que de la réaction viscérale à une humanité de plus en plus…déshumanisée.
Il faut dire que VORBID n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Huit morceaux pour plus d’une heure de musique, deux pavés de plus de dix minutes, des interventions démultipliées, des imbrications complexes, une dualité vocale fascinante, mais des guitares en constante progression, pour une stimulation des sens maximale. « By the Edge of Mandala », qui sonne encore plus ATHEIST que DEATH, démontre que le groupe norvégien n’a pas changé son fusil d’épaule, et aime toujours autant monter le volume.
« Paradigm » calme le jeu, se veut plus classique dans l’évolutif, mais réserve encore des prouesses remarquables. Une basse qui roule et qui soudainement claque, un chant qui passe de la clarté mélodique à l’âpreté Death, une batterie qui se perd dans ses propres fills et contretemps, pour mettre en valeur non seulement des soli de toute beauté, mais aussi une science exacte de la composition qui ne supporte aucun défaut de fabrication.
Loin de la fanfaronnade, loin de la rodomontade pour impressionner les musiciens en herbe, A Swan by the Edge of Mandala est tel un cygne qui passe à travers un attrape-rêves pour atterrir dans une autre dimension, dans laquelle le temps ne s’écoule pas de la même façon, et les émotions restent sous contrôle absolu. Instrumental de taille (« Swansong »), pénultième attaque dense et puissante (« Derealization », qu’on aurait pu retrouver sur The Sound of Perseverance), et enfin, final dantesque, longue suite épique, « Self ».
Le soi donc. L’ego, la personnalité, les autres et son placement par rapport à eux, pour une dernière charge virulente et passionnante. En plus de onze minutes, VORBID joue les gros bras et s’impose dans le cheptel puriste des plus ardents défenseurs du Metal extrême progressif. Les doses sont équilibrées, les humeurs multiples, et le résultat tout bonnement sidérant. De quoi se dire en effet que Dieu envoie ses plus valeureux guerriers à la fin, mais que le Diable en fait de même.
Et entre les deux, un cri déchirant les tympans. L’album de cette fin d’année ? Non, un album indispensable de cette année. Tout simplement.
Titres de l’album :
01. Ecotone
02. Union
03. Ex Ante
04. By the Edge of Mandala
05. Paradigm
06. Swansong
07. Derealization
08. Self
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17/05/2025, 18:12
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12/05/2025, 13:38
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@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04