VLBRNR

Veilburner

02/12/2022

Transcending Obscurity

On peut légitimement considérer qu’après six albums, un groupe a trouvé sa voie depuis longtemps et sait exactement ce qu’il veut. C’est en tout cas la leçon que je tire du parcours impeccable du duo VEILBURNER, qui depuis 2014 nous assomme avec une régularité métronomique de sa musique emphatique, puissante, étouffante et subtilement expérimentale. Et fin 2022, ces deux musiciens masqués se permettaient de publier l’un des albums les plus impressionnants de ces douze derniers mois, comme s’ils répétaient un répertoire de reprises dans une cave.   

VEILBURNER n’a aucune étiquette attachée dans le dos. Au pire, leur manteau de violence est parfois posé sur le portant du Death/Black, pour simplifier la recherche, mais les initiés savent qu’il leur faudra fouiller dans l’arrière-boutique pour pouvoir dénicher leurs étoffes. Et en version éponyme, VLBRNR est l’une des pièces les plus précieuses que vous pourrez vous procurer sans avoir à sacrifier votre PEL.

Mephisto Deleterio (instrumentation) et Chrisom Infernium (chant) font équipe depuis le début, et s’entendent comme larrons en foire au moment de nous livrer le tant attendu successeur de Lurkers in the Capsule of Skull, Alors, j’en conviens, traiter du cas d’un disque sorti il y a un an n’est pas des plus pertinents, mais je ne pouvais passer sous silence ce massacre sous peine de négliger un sacré pan de la culture extrême US.

VEILBURNER s’est lâché, et a peut-être produit le plus grand barouf de décembre 2022. Bien que ma mémoire me joue des tours, je n’ai pas souvenir d’un disque aussi culotté, agencé, décoré, et aussi affranchi des obligations contractuelles liées au Death et au Black Metal. Ce qui est assez normal, puisque le duo de Pennsylvanie s’épanouit dans un Metal extrême sans limites, sans barrières ni frontières. Et c’est justement ce qu’on aime chez lui.

Entre un MORBID ANGEL déraciné et un ANOREXIA NERVOSA discipliné, entre un BEHEMOTH inspiré et un HOWLS OF EBB enthousiasmé, VLBRNR tape tous azimuts, et célèbre une liberté de ton chèrement acquise, et une crédibilité que les masques et pseudos auraient pu entacher. Mais le décorum mystérieux qui nimbe VEILBURNER dans un voile occulte n’est qu’une cerise sur un gâteau épais et savoureux, et non une faim de loup en soi. Il est toujours hors de question de sombrer dans les gimmicks de pacotille, et « VI (Vulgar Incantations) » met immédiatement les choses au point : le présent sera violent et oppressant, et l’avenir peu complaisant.

Toujours aussi attaché à sa singularité, le duo nous aménage une fois encore des espaces mélodiques nombreux, que des arrangements synthétiques étranges opacifient pour les rendre plus mystérieux. Mais le fond est toujours aussi brulant, violent, mais diablement intelligent. Entre Death technique et progressif et Black fielleux mais fier, VLBRNR justifie son titre en forme de carte d’identité artistique, et permet à VEILBURNER de progresser d’encore quelques mètres très précieux.

Cette danse épileptique a vraiment quelque chose d’hypnotique. Entre ces riffs alambiqués propulsés par une rythmique infatigable, et ces couches de voix superposées, les morceaux profitent d’une impulsion gigantesque qui frise parfois la perfection, à l’occasion de l’énorme « Lo! Heirs to the Serpent », monstre protéiforme effrayant et imposant.

Le Godzilla de l’extrême ?

La formule peut fonctionner, mais je préfère voir en Mephisto Deleterio et Chrisom Infernium deux musiciens alchimistes ayant trouvé la pierre philosophale de la brutalité la plus sophistiquée, de celle qui change n’importe quelle chape de plomb en terrasse pur or.

Et malgré sa longueur, ce sixième album reste fascinant de bout en bout. Grâce à nombre de petites idées qui apportent un air frais, ou à des plans de dimensions pharaoniques qui tâtent du blockbuster auditif de qualité. Entre attaque médium, dissonances, harmonies pures et violence concentrée, VEILBURNER se permet toutes les audaces, et transforme tous les essais. Et un morceau aussi alambiqué et tétanisant que « Burning the Veil » de justifier tous les superlatifs que l’on pourrait employer pour qualifier la musique des américains.

Car frapper à l’aveugle avec une masse n’est pas d’une grande efficacité. Et le duo l’a bien compris, osant suivre les traces d’un psychédélisme modéré pour mieux enfoncer une petite dague dans le flanc de ses adversaires plus conventionnels, avant de leur pulvériser le crane d’un énorme coup de masse d’arme. Les braises volent, la chaleur atteint des niveaux critiques, mais il reste toujours un filet d’oxygène pour ne pas faire de malaise.

Et de malaise, il n’y a point sur ce disque qui un an après sa sortie reste toujours aussi fondamental et original. « Unorthodoxagon », ludique et intrigant de sa guitare claire qui soudainement se transforme en scie sauteuse, « Repulsed by the Light », plus actuel que bien des œuvres publiées en ce mois de décembre 2023 (avec encore une fois une mélodie simple mais superbe qui sublime une intro classique), et surtout, « Ruin », final orgiaque et désespéré nous plongeant dans les affres d’un enfer sur terre qui ne fait que brûler les espoirs par les deux bouts. Et qui en fin de compte représente ce que l’extrême américain peut offrir de meilleur dans le pire à son auditoire.

Il est toujours très difficile de trouver le juste équilibre entre les ambitions artistiques et l’efficacité basique. Mais VEILBURNER a depuis longtemps perfectionné sa recette au point de la rendre inattaquable. D’où cette chronique tardive qui ne pouvait pas passer sous silence un chef d’œuvre malgré son ancienneté sur le marché. Mieux vaut un cadeau précieux et précis acheté à l’avance qu’un gadget à la mode offert au dernier moment.       

    

Titres de l’album:

01. VI (Vulgar Incantations)

02. Envexomous Hex

03. Interim Oblivion

04. Lo! Heirs to the Serpent

05. Burning the Veil

06. Unorthodoxagon

07. Repulsed by the Light

08. None so Hideous

09. Exhibitionism in Limbo

10. Ruin


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par mortne2001 le 03/03/2024 à 17:28
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