A force d’être enfermé, de n’avoir le droit que de travailler, de faire ses courses et de rentrer sagement à la maison, ça va péter, je vous le dis. Il faut trouver des exutoires, et comme le droit de rassemblement est interdit une fois de plus, ils se font rares. Alors, résidant à la campagne, je trouve des alternatives pour calmer ma frustration, et défouler mes instincts les plus violents. Je me la joue Leatherface et je coupe de tonnes de bois à la tronçonneuse, je pique tous les prospectus dans les boîtes aux lettres pour les faire brûler en dansant la gigue, ou alors, je m’enfonce dans les bois pour hurler tout mon saoul. Je fais ce que je veux, j’habite une région isolée ou personne ne peux m’emmerder, mais parfois, mes crises de folie font légèrement peur à mon entourage. Alors pour les rassurer et ne pas finir engoncé dans une camisole assortie au papier pain d’une chambre d’isolement, je mets mon casque et je découvre les nouveautés brutales à la mode. Et je suis confortablement aidé à distance par tous mes dealers habituels, qui connaissent mon addiction au brutal, et qui m’envoient régulièrement des doses de sévère que je m’injecte dans les oreilles sans stériliser le casque. Ce matin, ce sont les potes de Petrichor qui se sont inquiétés de ma santé mentale, la pensant sans doute sur la voie de la guérison, et soignant cette infamie à grands coups de bruits infâmes et de borborygmes vocaux impitoyables. En m’envoyant le promo de SKAM, le label savait que je ne tomberai pas dans l’arnaque, sachant pertinemment que cette petite bombe sonore m’avait déjà explosé aux oreilles lors de sa sortie en CD plus tôt dans l’année via Redefining Darkness. A l’époque, inondé de mails, j’avais passé cette découverte sous silence, mais j’avais écouté la rondelle en question, qui m’en avait posé un certain nombre. Dont celle-ci, essentielle : comment un homme seul peut faire autant de barouf ?
Définir la musique jouée par Mats Andersson n’est pas facile, puisqu’elle tient autant du Death barbare que du Crust tartare, le tout traité comme du Grind à la NASUM. Petrichor résume d’ailleurs assez bien la chose en parlant d’une sorte d’ANAAL NATHRAKH Crust, et la comparaison n’est pas si incongrue. Mais bien que fondé en 2019, SKAM n’a rien d’une copie légèrement retouchée pour tromper les correcteurs les plus vigilants. Et d’ailleurs Mats a largement eu le temps de roder son art bestial au sein des groupes dans lesquels il évolue en parallèle (NON DIVINE SUN, PROSTHETIC, WRETCHED FATE), pour proposer une musique personnelle qui se passe très bien de comparaisons, même flatteuses. Enfin musique, parlons plutôt de chaos, et si les influences de NASUM, TERRORIZER, MISERY INDEX, DISFEAR, FUCK THE FACTS, ANTI-CIMEX et SKITSYSTEM sont cités dans la bio du bonhomme, n’y voyez aucun hasard, elles ont été triées sur le volet. Un volet certes un peu décati, à la peinture qui craque, mais dans les faits, et même en accusant quelques mois d’existence, Sounds of a Disease mérite toujours autant son nom, et se montre d’une acuité collant à l’actualité qui fait froid dans le dos.
Mais qu’est-ce donc que cette maladie que le suédois aborde dans ses thématiques, le nihilisme ambiant ? Cette révolte qui couve mais n’éclate pas ? La gangrène de corruption qui ronge les gouvernements et les institutions ? Cette pandémie qu’on annonce comme les prémices d’une fin du monde annoncée depuis longtemps ? Le permafrost qui fond et nous réserve des virus Ô combien plus létaux ? Le manque de courage de la scène extrême qui se contente de redites plus ou moins habiles ? Ou celle dont un homme est atteint lorsqu’il se replie sur lui-même et laisse parler sa nature la plus vicieuse ? Un peu tout ça à la fois, et avec un timing de vingt-neuf minutes pour treize morceaux, ce premier album à de faux airs de massacre intégral, de ceux sur lesquels on tombe une ou deux fois par an. Doté d’une production qui fait trembler les bouteilles dans la cave, Sounds of a Disease ressemble à s’y méprendre aux premières minutes de 28 Days Later de Boyle, lorsque les premiers enragés contaminés par les singes twistent comme Johnny sous acide avant de bouffer tous les râteliers, et les bouches qui vont avec. Une rage hors du commun anime donc les pistes de ce premier album, et autant jouer la franchise en avouant que Mats n’a pas lésiné sur la brutalité. Combinant la force de frappe inouïe d’un NASUM en pleine crise de démence et la puissance d’un ANAAL NATHRAKH fort marri d’être constipé, SKAM cartonne tous azimuts pour ne pas gaspiller la moindre seconde de barbarie musicale. Mais le tout tient debout, à la manière d’un bazooka qui allume tout ce qui est vivant, et avec des tirs de barrage n’excédant pas les deux minutes, l’ensemble est un blitzkrieg qui ne laisse aucun survivant, et « Have You Tried Not Thinking About It » nous fait comprendre qu’en 2020, il est inutile de penser à autre chose que cette impasse dans laquelle cette humanité s’est engagée.
Blasts, riffs qui servent le prétexte de la débauche ambiante, Crust à l’anglaise dopé au D-beat scandinave, le tout sur fond de Grind à l’américaine, pour un melting-pot cruel, mais essentiel. Probablement le disque le plus puissant et décoiffant disponible sur le marché, rendant la concurrence soudainement inoffensive et presque attendrissante. Masterisé par John Bart Van Der Wal au Hewwetover Studio, disposant d’un superbe artwork signé Valeria Metsker de Blood Art, Sounds of a Disease est plus ou moins l’album que BRUTAL TRUTH n’a jamais osé enregistrer de peur d’être taxé de bande de tarés indécrottables et incurables. La même folie, la même passion en une forme de Death Hardcore poussé dans ses derniers retranchements, avec une batterie ayant tourné folle et une basse jouant le tapis grondant pour faire plaisir à Shane. En gros, une tuerie intégrale, qui méritait bien une sortie vinyle programmée en janvier par Petrichor. Alors allez-y, mettez de la dynamite dans les trous de taupes, lâchez toutes les insultes que vous voudrez, mais sincèrement, écoutez plutôt SKAM à poil devant votre fenêtre. Vous verrez, vous aurez pile le temps d’arriver à la fin de l’album avant que les gentils messieurs en blanc ne viennent vous chercher en carrosse à sirène bleue.
Titres de l’album:
01. Have You Tried Not Thinking About It
02. When Liquid Is The New Solid
03. Passenger Of Decline
04. Millstone Gallows
05. Shit Out Of Luck
06. Prison Of Skin
07. A Stray In The Life
08. Echoes And…
09. Sounds Of A Disease
10. Learning To Die
11. Used Defiled Expended
12. The Face Of Decadence
13. Sentencing
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31