Sounds of a Disease

Skam

29/01/2021

Petrichor

A force d’être enfermé, de n’avoir le droit que de travailler, de faire ses courses et de rentrer sagement à la maison, ça va péter, je vous le dis. Il faut trouver des exutoires, et comme le droit de rassemblement est interdit une fois de plus, ils se font rares. Alors, résidant à la campagne, je trouve des alternatives pour calmer ma frustration, et défouler mes instincts les plus violents. Je me la joue Leatherface et je coupe de tonnes de bois à la tronçonneuse, je pique tous les prospectus dans les boîtes aux lettres pour les faire brûler en dansant la gigue, ou alors, je m’enfonce dans les bois pour hurler tout mon saoul. Je fais ce que je veux, j’habite une région isolée ou personne ne peux m’emmerder, mais parfois, mes crises de folie font légèrement peur à mon entourage. Alors pour les rassurer et ne pas finir engoncé dans une camisole assortie au papier pain d’une chambre d’isolement, je mets mon casque et je découvre les nouveautés brutales à la mode. Et je suis confortablement aidé à distance par tous mes dealers habituels, qui connaissent mon addiction au brutal, et qui m’envoient régulièrement des doses de sévère que je m’injecte dans les oreilles sans stériliser le casque. Ce matin, ce sont les potes de Petrichor qui se sont inquiétés de ma santé mentale, la pensant sans doute sur la voie de la guérison, et soignant cette infamie à grands coups de bruits infâmes et de borborygmes vocaux impitoyables. En m’envoyant le promo de SKAM, le label savait que je ne tomberai pas dans l’arnaque, sachant pertinemment que cette petite bombe sonore m’avait déjà explosé aux oreilles lors de sa sortie en CD plus tôt dans l’année via Redefining Darkness. A l’époque, inondé de mails, j’avais passé cette découverte sous silence, mais j’avais écouté la rondelle en question, qui m’en avait posé un certain nombre. Dont celle-ci, essentielle : comment un homme seul peut faire autant de barouf ?

Définir la musique jouée par Mats Andersson n’est pas facile, puisqu’elle tient autant du Death barbare que du Crust tartare, le tout traité comme du Grind à la NASUM. Petrichor résume d’ailleurs assez bien la chose en parlant d’une sorte d’ANAAL NATHRAKH Crust, et la comparaison n’est pas si incongrue. Mais bien que fondé en 2019, SKAM n’a rien d’une copie légèrement retouchée pour tromper les correcteurs les plus vigilants. Et d’ailleurs Mats a largement eu le temps de roder son art bestial au sein des groupes dans lesquels il évolue en parallèle (NON DIVINE SUN, PROSTHETIC, WRETCHED FATE), pour proposer une musique personnelle qui se passe très bien de comparaisons, même flatteuses. Enfin musique, parlons plutôt de chaos, et si les influences de NASUM, TERRORIZER, MISERY INDEX, DISFEAR, FUCK THE FACTS, ANTI-CIMEX et SKITSYSTEM sont cités dans la bio du bonhomme, n’y voyez aucun hasard, elles ont été triées sur le volet. Un volet certes un peu décati, à la peinture qui craque, mais dans les faits, et même en accusant quelques mois d’existence, Sounds of a Disease mérite toujours autant son nom, et se montre d’une acuité collant à l’actualité qui fait froid dans le dos.

Mais qu’est-ce donc que cette maladie que le suédois aborde dans ses thématiques, le nihilisme ambiant ? Cette révolte qui couve mais n’éclate pas ? La gangrène de corruption qui ronge les gouvernements et les institutions ? Cette pandémie qu’on annonce comme les prémices d’une fin du monde annoncée depuis longtemps ? Le permafrost qui fond et nous réserve des virus Ô combien plus létaux ? Le manque de courage de la scène extrême qui se contente de redites plus ou moins habiles ? Ou celle dont un homme est atteint lorsqu’il se replie sur lui-même et laisse parler sa nature la plus vicieuse ? Un peu tout ça à la fois, et avec un timing de vingt-neuf minutes pour treize morceaux, ce premier album à de faux airs de massacre intégral, de ceux sur lesquels on tombe une ou deux fois par an. Doté d’une production qui fait trembler les bouteilles dans la cave, Sounds of a Disease ressemble à s’y méprendre aux premières minutes de 28 Days Later de Boyle, lorsque les premiers enragés contaminés par les singes twistent comme Johnny sous acide avant de bouffer tous les râteliers, et les bouches qui vont avec. Une rage hors du commun anime donc les pistes de ce premier album, et autant jouer la franchise en avouant que Mats n’a pas lésiné sur la brutalité. Combinant la force de frappe inouïe d’un NASUM en pleine crise de démence et la puissance d’un ANAAL NATHRAKH fort marri d’être constipé, SKAM cartonne tous azimuts pour ne pas gaspiller la moindre seconde de barbarie musicale. Mais le tout tient debout, à la manière d’un bazooka qui allume tout ce qui est vivant, et avec des tirs de barrage n’excédant pas les deux minutes, l’ensemble est un blitzkrieg qui ne laisse aucun survivant, et « Have You Tried Not Thinking About It » nous fait comprendre qu’en 2020, il est inutile de penser à autre chose que cette impasse dans laquelle cette humanité s’est engagée.

Blasts, riffs qui servent le prétexte de la débauche ambiante, Crust à l’anglaise dopé au D-beat scandinave, le tout sur fond de Grind à l’américaine, pour un melting-pot cruel, mais essentiel. Probablement le disque le plus puissant et décoiffant disponible sur le marché, rendant la concurrence soudainement inoffensive et presque attendrissante. Masterisé par John Bart Van Der Wal au Hewwetover Studio, disposant d’un superbe artwork signé Valeria Metsker de Blood Art, Sounds of a Disease est plus ou moins l’album que BRUTAL TRUTH n’a jamais osé enregistrer de peur d’être taxé de bande de tarés indécrottables et incurables. La même folie, la même passion en une forme de Death Hardcore poussé dans ses derniers retranchements, avec une batterie ayant tourné folle et une basse jouant le tapis grondant pour faire plaisir à Shane. En gros, une tuerie intégrale, qui méritait bien une sortie vinyle programmée en janvier par Petrichor. Alors allez-y, mettez de la dynamite dans les trous de taupes, lâchez toutes les insultes que vous voudrez, mais sincèrement, écoutez plutôt SKAM à poil devant votre fenêtre. Vous verrez, vous aurez pile le temps d’arriver à la fin de l’album avant que les gentils messieurs en blanc ne viennent vous chercher en carrosse à sirène bleue.          

                                                                                                            

Titres de l’album:

01. Have You Tried Not Thinking About It

02. When Liquid Is The New Solid

03. Passenger Of Decline

04. Millstone Gallows

05. Shit Out Of Luck

06. Prison Of Skin

07. A Stray In The Life

08. Echoes And…

09. Sounds Of A Disease

10. Learning To Die

11. Used Defiled Expended

12. The Face Of Decadence

13. Sentencing


Facebook officiel

Bandcamp officiel



par mortne2001 le 20/01/2021 à 14:46
85 %    688
Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Jus de cadavre

"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)

09/07/2025, 12:20

labbe

ça va en faire du selfie à la con sur internet... 

09/07/2025, 10:44

Dom

C'est justement peu-être l'affiche 2025 qui a convaincu  :)

09/07/2025, 10:34

Humungus

Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"

09/07/2025, 10:30

l\'anonyme

Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ? 

09/07/2025, 10:13

GPTQBCOV

@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant... 

09/07/2025, 06:45

DPD

@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

09/07/2025, 01:12

LeMoustre

Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

08/07/2025, 23:59

DPD

Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.

08/07/2025, 22:44

Jus de cadavre

Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)

08/07/2025, 22:42

DPD

@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)

08/07/2025, 22:28

Mass

Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)

08/07/2025, 21:54

Salmigondis

Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."

08/07/2025, 21:31

Salmigondis

Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose.  En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante

08/07/2025, 21:26

DPD

Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.

08/07/2025, 19:55

Salmigondis

Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)

08/07/2025, 19:23

DPD

@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.

08/07/2025, 17:31

DPD

Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.

08/07/2025, 17:18

DPD

C'est profondément pathétique.

08/07/2025, 17:12

FDP

@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)

08/07/2025, 06:08