Freizeitstress

Strafplanet

15/03/2018

Contraszt ! Records

Chronique express vol.152.

Parler d’un groupe de Hardcore autrichien qui vient de sortir un nouvel LP de douze minutes pour neuf titres ne devrait pas prendre plus de neuf à douze minutes de mon temps. Mais je signale quand même la sortie du nouvel effort des STRAFPLANET (Planète du crime en VF), Freizeitstress (Le stress des loisirs en VF), parce qu’en termes de Core énervé à tendance Crust, vous aurez du mal à trouver mieux. Il est certain que le style accusant plus de quarante ans d’existence mine de rien, il est difficile d’innover, mais en faisant parler la haine et en l’accommodant d’un panache instrumental plein de rage, il est toujours possible de le transcender pour le garder d’actualité. Et dire que ces originaires de Graz débordent de colère est d’un lénifiant euphémisme, puisque leurs morceaux sont autant de pavés jetés à la face d’un libéralisme galopant. L’Europe centrale n’échappe donc pas à la désillusion générale, et se rebelle face à cette conception d’homme en tant que produit de consommation, qui achète docilement tout ce qu’on lui vend, sans prendre le temps de réfléchir un instant. Mais vous non plus n’aurez pas l’occasion de beaucoup vous creuser la tête en lâchant vos oreilles sur ce LP sans pareil, qui pendant une grosse dizaine de minutes emprunte au vocable Crust sa vitesse et à l’idiome Punk Hardcore sa rugosité. Après une première tape publiée en janvier 2014, les autrichiens nous ont proposé un split 7’’ en compagnie des SICKMARK, ARNO X DUEBEL, DERBE LEBOWSKI, HANS GRUBER, CREVASSE, BATTRA//, CAPTAIN CAVEMAN, et WORMHEAD (Noncommunicative Violence, juin 2015), avant de repartir en solo via un nouveau single perso, Big Feelings en août 2016. C’est donc gonflés à bloc qu’ils nous en reviennent aujourd’hui, sûrs de leur fait et les batteries aux accus puissants, développant une belle hargne qui prend corps autour de neuf titres relativement courts, mais denses et tendus comme des slogans convaincus.

Impossible de rester de marbre face à la débauche de violence de ce Freizeitstress, à la pochette noir et blanc intrigante de nostalgie d’enfance. En voyant ces gamins jouer à saute-mouton en pleine rue, on oublierait presque que de nos jours elles sont inondées de la tristesse de sans-abris et de citoyens aigris, partant au travail comme on va à l’abattoir, mais elle est en parfaite adéquation avec le message fortement politisé de ces activités énervés. Si certains sites se sont plu à voir en ce groupe de teigneux des contemporains de GLASSES, PUNCH ou GOUGE AWAY, vous pouvez quand même les situer comme il vous plaît, leur musique restant suffisamment générique pour ne pas souffrir d’une comparaison quelconque. Mais pas de soucis, dès l’entame rageuse « Don’t Complain », les dés sont jetés, et les riffs bien tassés. Les titres ont beau rester sous la barre des deux minutes, ils n’en sont pas moins truffés d’idées et débordant de feedback dégueulé, histoire de rester fidèle à une éthique bruitiste parfaitement appréciée. Avec derrière le micro une vocaliste aux poumons surchauffés, et doté d’une rythmique à l’abattage forcené, les STRAFPLANET jouent crânement leur carte de groupe emblématique d’une scène toujours aussi révoltée, qui catapulte le « no future » des punks aînés sous la grisaille d’un vingt-et-unième siècle déjà usé. On virevolte de plans en mid en accélérations typiquement Crust, sans choper le vertige ni le tournis, mais le tout laisse quand même les idées claires et une sale envie d’aller cramer les vestiges d’une société encore soumise aux diktats du capitalisme.

Nageant en suivant le courant du DIY, cette bande de furieux n’hésite pas à en rajouter, en empilant des breaks, de soudaines cassures de rythme pour ne pas nous laisser danser sur le même pied, et peut se targuer d’une intensité maintenue et d’une saine colère entretenue. Ainsi, de petits pamphlets comme « Subject And Order » rappellent même les moments les plus incontrôlables de REFUSED, traités au prisme DISCHARGE, le tout avec une belle énergie à l’anglaise. Ces lascars posent les questions qui fâchent (« Not A Commodity ? »), sur fond de Space Punk à la distorsion lâche, avant de se répandre en une sorte de Powerviolence par intermittence sans contrôle ni papiers. Mais ils savent aussi manier la régularité, qui nous replonge dans les affres de la scène US des années 80, en se reposant sur des structures éprouvées, mais toujours aussi remontées (« Servants Of The People »). Osant même parfois chatouiller le spectre d’un Street Punk à la mine renfrognée et à la linéarité agacée (« Klassenfeind »), ce premier longue-durée est donc largement assez varié pour plaire à tout le monde, séduisant les plus radicaux pour mieux amadouer les plus timorés, dans une politique de rassemblement des masses pour faire bouger les choses un peu trop figées. Et une fois le temps imparti dépassé, on se prend vraiment à regretter que la chose n’ait pas plus duré, tant la tension nous a scotché à notre chaise, avant qu’on ne la fasse valdinguer pour mieux pogoter. Une sacrée dose de Punk à tendance Fast’n’Crust qui vaut vraiment la peine d’être écoutée, d’autant plus qu’elle est disponible gratos sur le Bandcamp du groupe. Mais pour une dizaine d’euros plus fdp, vous pouvez vous procurer la version vinyle, ce qui permettra aux amis autrichiens de continuer le combat. Et dire qu’il n’est pas gagné est un doux euphémisme…Alors autant les encourager à continuer à hurler, d’autant plus qu’ils le font avec une saine fermeté.


Titres de l'album:

  1. Don't Complain
  2. Apologetical Fairytale
  3. Freizeitstress
  4. Ehrensache
  5. Subject and Object
  6. Not a Commodity?
  7. Verlierertyp
  8. Servants of the People
  9. Klassenfeind

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 13/03/2018 à 17:58
80 %    1062

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20