Afterlife

Sunstorm

12/03/2021

Frontiers Records

Dans sa superbe série Afterlife, Ricky Gervais nous prouvait qu’il y avait une vie après la vie. Ayant perdu sa femme et son appétit de vivre, le héros déambulait dans l’existence avec cynisme et résignation, avant de comprendre qu’il pouvait y avoir un renouveau après la perte de l’envie, et acceptait de continuer son chemin avec de nouveaux partenaires de vie. Le parallèle avec le dernier album de SUNSTORM n’est pas anodin, et pas seulement à cause du titre de ce nouveau longue-durée qui renvoie directement à la série de l’acteur anglais. Conçu à la base comme un vecteur d’expression Melodic Rock pour son chanteur Joe Lynn Turner, SUNSTORM ne devait pas survivre au départ de son vocaliste, parti chanter plus Heavy dans d’autres projets. Mais c’était sans compter sur la foi de Serafino Perugino en ce concept élaboré en 2006, le CEO de Frontiers refusant que le groupe ne disparaisse pour cause de désaffection de son leader. Serafino s’en est donc remis à son homme de confiance pour ramener le concept à ses préceptes des jeunes années, pour offrir au public ce Hard-Rock mélodique que défendait SUNSTORM sur ses premières œuvres. Et c’est en enrôlant l’un des chanteurs les plus doués de sa génération que le projet a été remis sur les rails, pour le meilleur et sans le pire.

Remplacer la légende Turner n’était pourtant pas chose facile, et il fallait trouver un chanteur au moins aussi doué que lui pour continuer l’aventure. Le choix s’est donc porté sur le chilien Ronnie Romero, déjà impliqué dans RAINBOW (l’ex-groupe de qui-vous-savez, décidément…), THE FERRYMEN, et LORDS OF BLACK, et autant dire que cette pioche est la bonne. Le chanteur, dont c’est la première participation à SUNSTORM s’est glissé dans les bottes de Joe Lynn comme si elles étaient siennes, et donne corps aux compositions élaborées par le wizard italien Alesandro Del Vecchio.

Il est pris pour acquis que les premiers albums du quintet sont les meilleurs de sa discographie, tout du moins les plus fidèles à l’optique choisie par Serafino pour mettre le projet sur pied il y a quinze ans. Et Alessandro, trop heureux d’obliger aux désidératas de son boss a ramené les débats sur le terrain du mélodique costaud, laissant de côté les envolées Heavy si chères à l’ancien leader Turner. Pas question ici donc de gros riffs Heavy, pas question de densifier une musique dont les mélodies sont les murs porteurs, mais bien de  revenir à cette osmose entre le Hard-Rock et l’AOR, au point de trouver un point d’union entre les seventies et les eighties, et de ramener à la vie les fantômes passés de WHITESNAKE, RAINBOW, DEEP PURPLE mais aussi JOURNEY. Et si le timbre de Romero est clairement éloigné de celui de son modèle, il n’en reste pas moins parfait pour l’optique déployée par l’infatigable Alessandro, qui s’est fait plaisir en modelant des compositions taillées pour le registre de son nouveau chanteur. Nous retrouvons donc l’impulsion Hard-Rock des premières années, cette façon de confronter le Hard de DEEP PURPLE au chant de Ronnie James DIO, et de dresser des ponts entre les époques et les optiques. Une réussite quasi totale donc, qui profite du talent de l’omnipotent maison, qui entre la composition et la production s’en est donné à cœur joie.

On le sait d’avance, le Hard à tendance mélodique n’a plus rien à proposer de neuf depuis longtemps et se contente de recycler d’anciennes méthodes pour tenter de les rafraichir au niveau de la nuque. Mais il n’est pas question ici de quête de nouveauté ou de transfiguration mystique, mais bien de savoir-faire classique, et de plaisir dans l’épanouissement d’une musique qui a traversé les époques en restant aussi fraîche qu’à ses débuts. Le duo Del Vecchio/Romero marche à plein régime, d’autant que le pivot central est soutenu par une équipe évidemment au-dessus de tout soupçon. On y retrouve le fraichement débarqué Michele Sanna (COMA, SHARDANA, SWEET OBLIVION, TALES AND LEGENDS, ex-ONE MACHINE, ex-TURILLI / LIONE RHAPSODY) à la batterie, Simone Mularoni (DGM, LALU, LIONE / CONTI, ex-EMPYRIOS, ex-SWEET OBLIVION, ex-FRONTIERS ALL STARS) à la guitare, et Nik Mazzucconi à la basse (EDGE OF FOREVER, LABŸRINTH, ex-ALEPH), soit la crème des mercenaires appliqués, mais l’album n’en dégage pas moins une indéniable spontanéité dans le professionnalisme qui nous permet de nous identifier à cette recherche mélodique de la perfection dans la candeur.

Très proche de l’éponyme de 2006 ou du House of Dreams de 2009, Afterlife se concentre donc sur le formalisme, et permet à son nouveau chanteur de se faire les cordes vocales sur un répertoire immaculé. Le propos est donc très traditionaliste, et ressemble parfois à une version épurée de RAINBOW. J’évoquais tout à l’heure l’image sonore de DEEP PURPLE, mais on pourrait même parfois, avec un peu d’imagination, rapprocher l’effort de certains albums de STRYPER, spécialement lorsque les chœurs angéliques prennent le dessus (« Stronger »). Et si l’entame « Afterlife », sur les chapeaux de roue, nous ramène à l’heure de gloire de « Highway Star », il ne faut pas y voir une coïncidence, l’inspiration de Del Vecchio étant clairement focalisée sur les seventies, et la naissance de ce Hard Rock hautement harmonieux entre les mains de Ritchie BLACKMORE et…Joe Lynn TURNER ou Ronnie James DIO.

Mais point de passéisme forcé ici, juste une passion assumée, et si les titres s’enchainent avec une certaine logique, passant en revue tous les impératifs d’un style figé depuis longtemps, les moments d’émotion n’en sont pas pour autant absents comme en témoigne la superbe ballade « Lost Forever ». Entre sensibilité et solidité, ce sixième album prône le changement dans la continuité, et offre une sorte de boucle temporelle nous ramenant aux débuts du combo. La sensation est loin d’être désagréable, et Ronnie Romero fait tout ce qu’il peut pour rendre l’entreprise encore plus crédible, jouant le lyrisme emphatique (« Far From Over »), ou la légèreté rauque et presque Pop (« Darkest Night », le meilleur de l’AOR en quatre minutes). Une variété dans le ton donc pour un formalisme de fond, et un groupe qui se montre sous un jour brillant et éclatant d’espoir. Un retour à la vie qui tourne le dos à une mort annoncée, et une nouvelle route qui se dessine dans un avenir qu’on pressent assez radieux pour les musiciens.

Une vie après la vie ? Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme.


                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Afterlife

02. One Step Closer

03. Swan Song

04. Born Again

05. Stronger

06. I Found A Way

07. Lost Forever

08. Far From Over

09. Here For You Tonight

10. Darkest Night

11. A Story That You Can Tell


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par mortne2001 le 13/04/2021 à 14:09
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C’est toujours parodique ou c’est mieux 

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