Vautrons-nous je vous prie le temps d’un (long) instant dans la fange la plus bruitiste de la frange la plus extrême de l’underground US. Les labels se sentant concernés par l’horreur non-musicale la plus absolue envahissant toujours plus ma boîte aux lettres électronique, je me sens obligé à intervalles réguliers de lui proposer une place dans ces colonnes, histoire de rétablir l’équilibre entre mainstream et…autre chose. Aujourd’hui, c’est le cas éminent des bruitistes américains de CRURIFRAGIUM qui rentre en ligne de compte, et autant préciser de suite que ces lascars auraient largement eu leur place dans les étable de l’écurie Nuclear War Now tant leur musique se complait dans une effervescence malsaine et une turgescence le confinant au priapisme morbide. Et pour être tout à fait honnête, seuls les plus tarés d’entre vous risqueront de trouver leur compte en tendant leurs oreilles sur cette fausse compilation qui se propose de nous faire découvrir les deux facettes les plus abominables de ce trio aux pseudos délicatement allusifs (Purveyor of Destruction - batterie, Horned Despoiler of the First Temple - guitare/vomi et False Prophet Goatmessiah - guitare/régurgitation difficile). En substance, il est relativement difficile de définir les contours d’un Black qui se veut Death, ou d’un Death qui se veut plus Black qu’une messe noire impromptue. L’essentiel étant d’obtenir sa dose de ténèbres indispensable, et de savoir considérer comme exutoire cet assemblage de sonorités disparates qui utilisent le bruit comme moteur d’une inspiration néfaste, et qui abuse de l’amplification pour faire pencher la distorsion du côté Noise où elle risque de sombrer. Historiquement parlant, quelques précisions s’imposent, avant de s’immerger dans ce nouveau marigot de riffs putrides et de lignes vocales en gerbes de repas pas franchement apprécié.
Les CRURIFRAGIUM nous en viennent donc de Seattle, Washington, mais n’ont pas grand-chose à voir avec la vague Grunge ayant trouvé sa source aux mêmes latitudes géographiques il y a presque trente ans. Déjà compromis dans la composition d’un longue-durée publié en 2017, ce Beasts of The Temple of Satan paru l’année dernière, les américains se voient aujourd’hui honorés d’une rétrospective que d’aucuns jugeront imméritée au jugé du caractère farouchement nihiliste de leur inspiration. Car cet ignoble mais indispensable dans la forme Black Seed of Bestiality regroupe deux épisodes de la vie pleine de turpitudes d’un trio taciturne, et assemble sur le même format leur première démo éponyme de 2015, ainsi qu’un live capté au Invoking Black Death Fest, le 6 mai 2017. Nous retrouvons donc en face A les trois premiers « tubes » de la carrière des suppôts de Satan, « The Tepid Waters of Feeble Baptism / Deformed Lamb », « The Horns of Power » et « Efficience of Crucifixion (Crurifragium) », subtils empilages de Death gravissime à la MORTICIAN et de BM sans concession tel qu’il fut prôné par les BEHERIT en leur temps. Vous pouvez donc imaginer à présent le délicat subterfuge allusif du trio de Seattle, qui confond souvent vitesse et précipitation, chant exhortant et dégueulis hérétique, et qui nous oblige à fournir un effort prononcé pour distinguer les fréquences des deux guitares et celle de la basse. A peu près aussi gras qu’un plat de côtes qu’on a retiré du grill un peu trop tôt, aussi fin que du gros sel sur une plaie béante, ce Black Death/Death Black atteint donc des sommets dans l’ignominie, et se propose d’ériger le bruit en vertu cardinale, histoire de vous chatouiller les tympans d’une symphonie infâme composée en l’honneur de la débauche absolue et du non-respect intégral des codes musicaux de l’extrême. On pense aussi à une version exagérée de l’art effréné de Mories à déstabiliser les fondations artistiques modernes à grands coups de raout impénétrable et indigeste, et l’ensemble peut s’appréhender comme un bon gros majeur tendu à la face du bon goût. De l’extrême pour ceux qui n’aiment que l’extrême des extrêmes, une grosse blague même pas salace pour les autres, mais l’horreur n’ayant pas de fond, la face live nous permet de plonger un peu plus profond dans les abimes du non-sens histoire d’en humer les parfums les plus faisandés.
Car si le son de la démo ne parvient pas à vous faire fuir à grandes enjambées, alors la captation en direct de cette fameuse participation à l’un des festivals les plus obscurs du patrimoine US y parviendra sans embûche. On y retrouve une grosse partie du répertoire du groupe, et des morceaux qu’on pouvait déjà savourer avec une bonne serviette sur Beasts of The Temple of Satan. Thématiquement, pas grande variation sur la même haine, et l’approche garde ce caractère nihiliste qui anime la volonté de musiciens bien décidés à ne pas s’emmerder avec des principes de logique ou d’intelligence évolutive. Le chant, à cette occasion, prend une forme encore plus indiscernable, les riffs se perdent dans l’écho, et il est bien difficile de faire la part des choses, et surtout, la différence entre des morceaux qui se ressemblent tous. Une certaine et indéniable puissance maléfique se dégage toutefois de cette incarnation en concert, et il est possible sans passer pour un psychopathe d’y dénicher un certain charme dans ce refus de tout compromis. Mais quoiqu’il en soit, et en restant objectif, en dehors du caractère anecdotique de cette nouvelle sortie, Black Seed of Bestiality n’est rien de plus qu’une nouvelle tranche de vie de l’underground bordélique mondial, peut-être un peu plus abordable que la moyenne, mais tout aussi facultative que les autres. A moins de collectionner à tout prix chaque épisode de cette saga pour en conter la légende funeste un jour.
Bon appétit !
Titres de l'album:
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25