Hollywood Cowboys

Quiet Riot

08/11/2019

Frontiers Records

Il y en a comme ça qui peuvent faire tout ce qu’ils veulent, mais rien à faire. Ils essaient de refaire le coup, ils tentent de se racheter une conduite, de s’adapter à l’air du temps, mais toute tentative est vaine. Car à chaque fois, le public s’en revient dans le giron rassurant de leur heure de gloire, arguant du fameux « Mais à part « ______________ » (remplir le vide entre les guillemets), ils n’ont rien fait d’autre, si ? ».

Dans le meilleur des cas, ce « __________________ » se remplit avec le nom d’un album phare, mais dans le pire, il se contente d’être comblé par le titre d’un morceau. Ou deux à la rigueur. Et dans le cas très précis de QUIET RIOT, ce fameux « ______________ » se voir toujours noirci à grands coups de « Cum on Feel the Noize » ou « Mama, We’re All Crazy Now ». Je ne parle évidemment pas là du musicologue amplifié lettré qui admettra l’importance du groupe sur un LP comme Metal Health, ou qui reconnaîtra la qualité intrinsèque d’un Quiet Riot III ou d’un Quiet Riot tout court, et qui finira par trouver un semblant de consensus sur le côté anecdotique mais plaisant d’un Rehab. Je parle du grand public, qui s’accroche à ses tubes du passé comme à ses certitudes du présent, et qui de toutes façons, bouclera toujours ses analyses sommaires d’un « Mais à part « ______________ » (remplir le vide entre les guillemets), ils n’ont rien fait d’autre, si ? ». Admettons le postulat, et avançons. QUIET RIOT, pour beaucoup de hard-rockeurs, reste quand même le groupe d’un album mythique, défonçant le Billboard en 1983, ou d’un autre côté, le tremplin qui permit au magique et regretté Randy Rhoads de se faire un nom et de se faire remarquer par Ozzy. En dehors de ça, pas grand-chose, et pourtant, la carrière du groupe mérite qu’on s’y attarde. Si pour beaucoup encore une fois, le nom du groupe restera éternellement associé à celui de son chanteur/grande gueule Kevin DuBrow, d’autres sauront que le grand Paul Shortino y a associé son talent, et que depuis deux ans, James Durbin fait ce qu’il peut pour faire oublier Jizzy Pearl, qui lui-même essayait d’assurer la transition post comeback. Alors, aujourd’hui, que signifie le nom de QUIET RIOT pour le public Rock et Metal ? Pas grand-chose il faut bien l’avouer, même si les efforts des musiciens impliqués est à souligner.

Frankie Banali, seul membre à avoir joué sur tous les enregistrements du groupe s’accroche, continue, aux côtés de son compagnon de route Chuck Wright. Ils constituent tous les deux la légendaire section rythmique du quatuor et surtout, le garant de son héritage et de sa crédibilité. Alors à l’annonce d’un nouvel album (le quatorzième) à paraître sur Frontiers, tout le monde se demandait si Hollywood Cowboys allait mériter son titre, et surtout, s’il allait offrir quelque chose de différent de Road Rage, sorti il y a deux ans. Certes, le Far-West est bien enterré dans le passé, les musiciens de cette trempe savent depuis longtemps qu’ils ne trouveront plus d’or ni de platine en sortant des disques pareils, la Californie n’est plus l’Eldorado d’un Hard-Rock chatoyant et chamarré, mais peu importe. La foi est toujours là, et la qualité aussi. Car il est toujours aussi difficile de critiquer un album de QR sans souligner cette fameuse qualité d’interprétation qui caractérise les instrumentistes qui en ont derrière eux, et qui savent exactement ce que leur public attend. Mais comme tout le monde le sait, donner aux fans ce qu’ils attendent ne suffit plus depuis longtemps à faire un bon album (depuis les BEATLES probablement, ce qui ne remonte pas à la semaine dernière), et si Hollywood Cowboys confirme que les américains ont toujours des choses à dire, il confirme aussi que le discours n’est pas toujours des plus fascinants, ni des plus variés. Pourtant, Banali, producteur de l’œuvre, argue d’une ouverture plus grande de ce nouveau chapitre de la saga, ce qui n’est pas flagrant à son écoute. Et après plusieurs heures passées à tenter d’en percer les mystères d’innovation, la conclusion est flagrante. Si Hollywood Cowboys est le travail le plus hétéroclite et diversifié de la bande à Frankie, alors le toujours fringuant cogneur à la mémoire courte.

Je l’avoue, et avec un peu de tristesse, je me suis souvent ennuyé à l’écoute de ce LP. D’une, justement à cause d’un fait en totale contradiction avec les assertions de l’un de ses auteurs. Hollywood Cowboys est d’une linéarité flagrante dans le fond et la forme, alignant des morceaux de Hard Rock traditionnel, qui certes ne s’accrochent pas forcément à la nostalgie, mais qui restent difficiles à dater. A mettre en cause, la production, sèche, sans réel relief, qui place la batterie et le chant méchamment en avant au détriment de la noble guitare, souvent en retrait. C’est profondément marquant sur le hit d’intro « Don't Call It Love » qui semble avoir relégué les cordes à l’arrière-plan le plus caché, et qui souffre d’un manque de dynamique étonnant. Dommage pour Alex Grossi, enterré dans le mix, et qui fait pourtant ce qu’il peut pour faire rugir son instrument, en vain. Ensuite, et j’ai beau me faire violence pour accepter son timbre nasillard et ses inflexions lyriques, la voix de James Durbin, qui semble à chaque respiration vouloir rappeler quelle American Idol il fut, et qui finit par nous fatiguer de ses envolées opératiques qui cherchent à intégrer du CRIMSON GLORY dans du MÖTLEY CRÜE. Ensuite, et pas des moindres reproches, une uniformité créative qui semble se contenter du minimum syndical et de la copie parfois pure et simple du ZEP, déguisée en hommage à la scène californienne des années 80. Certains morceaux, plus agités que la moyenne pâtissent d’un manque évident d’investissement, et ratent le coche, comme « In The Blood » qui aurait pu être un tube si le riff ne s’ingéniait pas à faire du Page du pauvre et à le répéter ad nauseam. Mais à vrai dire, et à rares exceptions près, aucune des chansons de ce nouvel album ne s’illustre vraiment. Soit le son, soit le chant, soit la paresse d’innovation plombent l’ensemble, et mis à part le sinueux et légèrement planant « Heartbreak City », « Insanity » et son intro sympathique débouchant sur du VAN HALEN de b-side, ou à la rigueur « Wild Horses » et son tempo sautillant sur fond de parfum Glam, rien ne vient vraiment nous faire trépigner, nous émouvoir ou nous bousculer.

Sans être un mauvais disque, Hollywood Cowboys est donc loin d’être une réussite, et les mauvaises langues pourront donc s’en retourner nous les briser sur le vieux refrain du « Mais à part « ______________ » (remplir le vide entre les guillemets), ils n’ont rien fait d’autre, si ? ». Et cette fois-ci, ils n’auront pas vraiment tort.        

                           

Titres de l’album :

                        01. Don't Call It Love

                        02. In The Blood

                        03. Heartbreak City

                        04. The Devil That You Know

                        05. Change Or Die

                        06. Roll On

                        07. Insanity

                        08. Hellbender

                        09. Wild Horses

                        10. Holding On

                        11. Last Outcast

                       12. Arrows And Angels

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 23/02/2020 à 18:40
50 %    917

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos

Corentin Charbonnier : l'anthropologue du Metal

mortne2001 09/12/2024

Interview

CARCARIASS + Guests

Simony 06/12/2024

Live Report

FALLING IN REVERSE + HOLLYWOOD UNDEAD

Chief Rebel Angel 06/12/2024

Live Report

Lezard'Os Metal Fest 2024

Simony 02/12/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : STILLE VOLK

Jus de cadavre 01/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Chazz

Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)

17/01/2025, 22:44

Bill BAroud

Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !

17/01/2025, 17:03

Humungus

Le coup de la goutte de résine, ça va me faire la soirée...

17/01/2025, 16:52

senior canardo

2 sisters 1 cup ! haha joli pochette

17/01/2025, 10:02

Seb

J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.

16/01/2025, 18:21

MorbidOM

Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène. 

16/01/2025, 12:15

Jus de cadavre

Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.

16/01/2025, 10:22

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Styx

Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)

15/01/2025, 12:58

Incroyable album

Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)

14/01/2025, 09:27

Humungus

Qui a dit que l'on n'était jamais content ?!

13/01/2025, 08:36

Humungus

Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.

13/01/2025, 08:36

Capsf1team

Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

13/01/2025, 07:59

Simony

Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)

12/01/2025, 17:38

Humungus

Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)

12/01/2025, 14:27

Benstard

Litany la claque a l'époque. Ce son de grosse caisse du futur.

11/01/2025, 13:35

Buck Dancer

Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.

11/01/2025, 12:16

Capsf1team

Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)

10/01/2025, 09:12

RBD

J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)

09/01/2025, 19:49