Bluesbound Train

Boneyard Dog

25/11/2016

Aor Heaven

Et si pour un instant (ou admettons, une petite heure), nous oublions toutes les excroissances bâtardes de notre musique favorite pour remonter doucement vers ses racines ? Je veux dire, il faut bien de temps à autres se ressourcer aux origines du Rock pour se souvenir que sans ses guitares, sans ses soli, sans son ambiance de douce folie, nous n’en serions pas là aujourd’hui…

Programme alléchant ? Je trouve aussi, et qui vient parfaitement à point pour introduire le premier album d’un groupe dont la simplicité n’a d’égal que l’honnêteté, BONEYARD DOG.

Je vous rassure de suite, ce quatuor n’a rien d’un vieux cabot traînant ses pattes dans un ancien cimetière du Rock pour en traquer les derniers restes, mais bien un groupe aux chromes bien polis et aux mélodies hargneuses bien sentis. Mais avant de vous parler de leur musique, introduisons d’abord son historique et ses protagonistes.

BONEYARD DOG est donc né de l’association de deux musiciens, l’italo-allemand Rob Mancini (basse et chant, HOTWIRE, CRUSH, ROB MANCINI BAND et SCAR FOR LIFE), et le guitar-hero irlandais Davy Kerrigan. Fin 2015, les deux hommes s’associent dans une même démarche de recherche de sincérité musicale, et leur duo se voit complété par l’adjonction du batteur Ron Wikso (FOREIGNER, CHER, Richie SAMBORA, CCR), et du claviériste Toney Carey (RAINBOW).

Avec un ensemble d’un tel pedigree, il n’est pas difficile d’imaginer quelle tournure prirent les choses, même si les références mentionnées seraient à même de vous aiguiller sur la mauvaise voie. Car si Bluesbound Train se place de facto sur le terrain d’un certain Hard-Rock de tradition, il ne trahit jamais son appellation et ne lâche son Blues sous aucun prétexte bidon.

Du Rock et du Blues, pas forcément à la Stevie Ray ou à la Johnny Winter, ni à la Bjorn Berge, encore moins à la AC/DC, mais plutôt sous une optique proche de Philip SAYCE ou de Eric GALES en moins démonstratif. Mais en gros comme en détail, beaucoup de feeling, de la douceur, et un voyage à bord d’un train qui ne s’arrête que sur un seul quai, celui sur lequel sont posées les guitares et les souvenirs de scène…

Avec de tels cadors à la technique affirmée, nous étions en droit d’attendre un disque bourré de finesses personnelles, et pourtant, Bluesbound Train, s’il ne renie rien du passé de ses musiciens, se concentre plus sur l’émotion que sur l’impression. On y retrouve quelques guests de luxe, comme Marc Lynn à la basse (GOTTHARD), John Pratt pour quelques featuring vocaux (FIREFLY), ainsi qu’une participation de Neil Murray (WHITESNAKE, BOW WOW, et des dizaines d’autres costumes), ce qui transforme le générique de cette petite production en casting all-star, sans pourtant que la cohésion de base n’en pâtisse.

Musicalement, le Rock tirant sur le Hard de Rob et Davy se veut accessible, et s’ils assument une filiation avec les BLACK COUNTRY COMMUNION de Glenn ou Joe Lynn TURNER, ils se rapprochent plus de la dernière référence citée, Jonny Lang, puisque leurs décibels, quoique bien puissants, restent quand même solidement tenus par la bride.

Mais point de désir de vulgarisation à outrance, juste une allégeance à un Rock bluesy que tout le monde pourra apprécier dans n’importe quel bar adapté, qu’il soit Anglais ou Américain, du moment que les potes soient attablés et que la bonne humeur contamine l’assemblée.

Alors on aligne des riffs et on les garde un peu light pour ne pas effrayer les passants, sans pour autant tomber dans la soupe commerciale ou le raout dégoutant. Des guitares affutées, parfois assez énervées, des soli en flambées, et un orgue mutin, parfois soutenu par un harmonica malin, pour un ballet Americana authentique et gorgé de feeling.

Vous pouvez choisir votre titre, puisque l’éventail des BONEYARD DOG est largement ouvert, et d’ailleurs, après une courte intro qui donne le ton (« Atchafayalla », la loco démarre et le périple commence pour de bon.

« Mother Lode » joue donc le sifflet de départ sur la voie (et le jeu de mot de bon aloi), et lance le Hard Rock bluesy sur les bons rails, avec une jolie syncope rythmique chaloupée, un motif de guitare débordant de déliés, une basse bien roulée, et surtout, des lignes de chant délicatement voilées. De quoi s’asseoir en toute tranquillité, en attendant le contrôleur venu valider nos billets. Un peu PURPLE période Steve Morse dans l’esprit pour cet orgue endiablé, un peu GRAVEYARD light pour ces envolées de six-cordes bien ficelées, mais cent pour cent BONEYARD DOG pour cette façon de tout s’approprier.

Le contrôleur nous accueille d’un « Kingdom of Your Company » qui reste sur la même envie, avec une intro tonitruante qui fait hurler les boomers, et un riff énorme sur fond de tapis synthétique un peu sombre sans être morne. On pense au WHITESNAKE le plus mordant, de la transition entre Slide It In et 1987, ou même à une démarcation plus carré des WINERY DOGS, mais le feeling suintant de « Lonely Road » nous recentre sur notre propre vécu, et laisse parler les arpèges électriques qui illuminent la nuit et le wagon rempli de visages assombris.

Une jolie vidéo est d’ailleurs disponible si vous souhaitez associer les images aux sons, mais elles sont déjà assez évoquées par la voix de Rob, qui sans en faire trop et user du vibrato, nous serre le cœur pendant que Davy alterne coulés et soli, se lovant au creux de la basse ronde de son chanteur.

Mais pour apprécier la ballade ferroviaire, inutile de dresser un inventaire. Tout au plus pouvons-nous souligner que certains paysages aperçus par le fenêtre sont plus intimistes que d’autres (« 100 Guns », qui démarre très doux pour une montée en puissance Blues Rock qui fait crisser les roues), que parfois le trip s’agite de soubresauts Funky à la Stevie Salas de pure classe (« Paid My Dues » et son duo basse/batterie qui rappelle le EXTREME de « Cupid’s Dead »), ou que le quart d’heure américain se pare de larmes de fatigue et humidifie la nuit de ses coulées Soul (« Hell And Back », joli mélange de SIMPLY RED et Andrew Strong, sur fond de SKYNYRD stellaire).

Une petite incursion dans un Hard Rock teinté d’AOR mid tempo (« Fire Down Below »), et l’aventure prend fin sur un ultime morceau éponyme, qui lui aussi s’étire pour ne pas avoir à dire au-revoir (« Boneyard Dog », un peu ZEP, un peu PURPLE, mais très WHITESNAKE/GRAVEYARD dans le fond)…

Certes, les musiciens impliqués dans le projet avaient suffisamment de bouteille pour accoucher d’un album pareil. Mais Bluesbound Train surprend quand même de son mélange de maîtrise absolue et de feeling bourru, tout en restant suffisamment fin pour séduire tous les fans de Rock, de Blues, et de Hard Rock qui usent leurs oreilles à la recherche d’une musique sincère qui fédère.

 Un trip à tenter live bien sûr, puisque c’est sur scène que ces instrumentistes donnent le meilleur d’eux-mêmes. Mais achetez votre billet, et montez dans leur wagon. Vous pourriez dire adieu à la frime et à la superficialité pour de bon.


Titres de l'album:

  1. Atchafayalla
  2. Mother Lode
  3. Kingdom of your Company
  4. Lonely Road
  5. 100 Guns
  6. Bluesbound Train
  7. Paid my Dues
  8. Lay Down the Law
  9. Hell and Back
  10. Heartbreaker
  11. Fire Down Below
  12. Boneyard Dog

Site officiel



par mortne2001 le 06/12/2016 à 14:02
85 %    1082

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past

SÉLECTION METALNEWS 2023 / Bonne année 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2024

Interview
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Gargan

Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.

19/03/2024, 08:17

Arioch91

Perplexe également.Dehydrated et Out of the Body (Out, pas Ovt sans déconner ! C'est quoi leur manie de remplacer les U par des V ?) sans Martin Van Drunen, j'ai même pas assez de curiosité pour écouter ce que ça peut donner.

19/03/2024, 07:52

Arioch91

J'avais aimé le premier Vltimas. Il fait partie de cette tonne d'albums que l'on oublie mais qu'on ressort de temps à autre pour se les repasser et se dire "ah ouais, c'est pas mal" avant de les remettre en place.J'ai écout&eacut(...)

19/03/2024, 07:43

Arioch91

Ils n'ont pas encore viré la "nouvelle chanteuse" ?

19/03/2024, 07:39

DPD

Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.

18/03/2024, 17:37

stench

J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)

18/03/2024, 13:13

Gargan

Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)

18/03/2024, 08:05

pierre-2

Pourquoi tout ce venin ???Y font ce qu'ils veulent non ?

17/03/2024, 14:26

Fran

J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse  leurs tubes.

17/03/2024, 14:07

Nounours dit grizzly le magnifique

J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)

16/03/2024, 11:55

Sphincter Desecrator

UHL: un groupe qui, quand il n'est pas là, manque.Désolé...

14/03/2024, 19:31

Humungus

Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.

13/03/2024, 07:24

Désanusseur de mère

groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR

13/03/2024, 06:17

jo666

ça a l'air bien ce truc, en plus ils passent en mai à Grrrrnd Zero (69)

12/03/2024, 14:33

Cupcake Vanille

Vraiment une bien triste nouvelle...  RIP Blake 

12/03/2024, 08:25

MV

Sympa la fowce <3 

11/03/2024, 18:24

LeMoustre

Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable 

11/03/2024, 15:32

LeMoustre

Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire

11/03/2024, 14:55

senior canardo

toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout  ...

11/03/2024, 07:39

LeMoustre

Miam

08/03/2024, 14:22