Et si pour un instant (ou admettons, une petite heure), nous oublions toutes les excroissances bâtardes de notre musique favorite pour remonter doucement vers ses racines ? Je veux dire, il faut bien de temps à autres se ressourcer aux origines du Rock pour se souvenir que sans ses guitares, sans ses soli, sans son ambiance de douce folie, nous n’en serions pas là aujourd’hui…
Programme alléchant ? Je trouve aussi, et qui vient parfaitement à point pour introduire le premier album d’un groupe dont la simplicité n’a d’égal que l’honnêteté, BONEYARD DOG.
Je vous rassure de suite, ce quatuor n’a rien d’un vieux cabot traînant ses pattes dans un ancien cimetière du Rock pour en traquer les derniers restes, mais bien un groupe aux chromes bien polis et aux mélodies hargneuses bien sentis. Mais avant de vous parler de leur musique, introduisons d’abord son historique et ses protagonistes.
BONEYARD DOG est donc né de l’association de deux musiciens, l’italo-allemand Rob Mancini (basse et chant, HOTWIRE, CRUSH, ROB MANCINI BAND et SCAR FOR LIFE), et le guitar-hero irlandais Davy Kerrigan. Fin 2015, les deux hommes s’associent dans une même démarche de recherche de sincérité musicale, et leur duo se voit complété par l’adjonction du batteur Ron Wikso (FOREIGNER, CHER, Richie SAMBORA, CCR), et du claviériste Toney Carey (RAINBOW).
Avec un ensemble d’un tel pedigree, il n’est pas difficile d’imaginer quelle tournure prirent les choses, même si les références mentionnées seraient à même de vous aiguiller sur la mauvaise voie. Car si Bluesbound Train se place de facto sur le terrain d’un certain Hard-Rock de tradition, il ne trahit jamais son appellation et ne lâche son Blues sous aucun prétexte bidon.
Du Rock et du Blues, pas forcément à la Stevie Ray ou à la Johnny Winter, ni à la Bjorn Berge, encore moins à la AC/DC, mais plutôt sous une optique proche de Philip SAYCE ou de Eric GALES en moins démonstratif. Mais en gros comme en détail, beaucoup de feeling, de la douceur, et un voyage à bord d’un train qui ne s’arrête que sur un seul quai, celui sur lequel sont posées les guitares et les souvenirs de scène…
Avec de tels cadors à la technique affirmée, nous étions en droit d’attendre un disque bourré de finesses personnelles, et pourtant, Bluesbound Train, s’il ne renie rien du passé de ses musiciens, se concentre plus sur l’émotion que sur l’impression. On y retrouve quelques guests de luxe, comme Marc Lynn à la basse (GOTTHARD), John Pratt pour quelques featuring vocaux (FIREFLY), ainsi qu’une participation de Neil Murray (WHITESNAKE, BOW WOW, et des dizaines d’autres costumes), ce qui transforme le générique de cette petite production en casting all-star, sans pourtant que la cohésion de base n’en pâtisse.
Musicalement, le Rock tirant sur le Hard de Rob et Davy se veut accessible, et s’ils assument une filiation avec les BLACK COUNTRY COMMUNION de Glenn ou Joe Lynn TURNER, ils se rapprochent plus de la dernière référence citée, Jonny Lang, puisque leurs décibels, quoique bien puissants, restent quand même solidement tenus par la bride.
Mais point de désir de vulgarisation à outrance, juste une allégeance à un Rock bluesy que tout le monde pourra apprécier dans n’importe quel bar adapté, qu’il soit Anglais ou Américain, du moment que les potes soient attablés et que la bonne humeur contamine l’assemblée.
Alors on aligne des riffs et on les garde un peu light pour ne pas effrayer les passants, sans pour autant tomber dans la soupe commerciale ou le raout dégoutant. Des guitares affutées, parfois assez énervées, des soli en flambées, et un orgue mutin, parfois soutenu par un harmonica malin, pour un ballet Americana authentique et gorgé de feeling.
Vous pouvez choisir votre titre, puisque l’éventail des BONEYARD DOG est largement ouvert, et d’ailleurs, après une courte intro qui donne le ton (« Atchafayalla », la loco démarre et le périple commence pour de bon.
« Mother Lode » joue donc le sifflet de départ sur la voie (et le jeu de mot de bon aloi), et lance le Hard Rock bluesy sur les bons rails, avec une jolie syncope rythmique chaloupée, un motif de guitare débordant de déliés, une basse bien roulée, et surtout, des lignes de chant délicatement voilées. De quoi s’asseoir en toute tranquillité, en attendant le contrôleur venu valider nos billets. Un peu PURPLE période Steve Morse dans l’esprit pour cet orgue endiablé, un peu GRAVEYARD light pour ces envolées de six-cordes bien ficelées, mais cent pour cent BONEYARD DOG pour cette façon de tout s’approprier.
Le contrôleur nous accueille d’un « Kingdom of Your Company » qui reste sur la même envie, avec une intro tonitruante qui fait hurler les boomers, et un riff énorme sur fond de tapis synthétique un peu sombre sans être morne. On pense au WHITESNAKE le plus mordant, de la transition entre Slide It In et 1987, ou même à une démarcation plus carré des WINERY DOGS, mais le feeling suintant de « Lonely Road » nous recentre sur notre propre vécu, et laisse parler les arpèges électriques qui illuminent la nuit et le wagon rempli de visages assombris.
Une jolie vidéo est d’ailleurs disponible si vous souhaitez associer les images aux sons, mais elles sont déjà assez évoquées par la voix de Rob, qui sans en faire trop et user du vibrato, nous serre le cœur pendant que Davy alterne coulés et soli, se lovant au creux de la basse ronde de son chanteur.
Mais pour apprécier la ballade ferroviaire, inutile de dresser un inventaire. Tout au plus pouvons-nous souligner que certains paysages aperçus par le fenêtre sont plus intimistes que d’autres (« 100 Guns », qui démarre très doux pour une montée en puissance Blues Rock qui fait crisser les roues), que parfois le trip s’agite de soubresauts Funky à la Stevie Salas de pure classe (« Paid My Dues » et son duo basse/batterie qui rappelle le EXTREME de « Cupid’s Dead »), ou que le quart d’heure américain se pare de larmes de fatigue et humidifie la nuit de ses coulées Soul (« Hell And Back », joli mélange de SIMPLY RED et Andrew Strong, sur fond de SKYNYRD stellaire).
Une petite incursion dans un Hard Rock teinté d’AOR mid tempo (« Fire Down Below »), et l’aventure prend fin sur un ultime morceau éponyme, qui lui aussi s’étire pour ne pas avoir à dire au-revoir (« Boneyard Dog », un peu ZEP, un peu PURPLE, mais très WHITESNAKE/GRAVEYARD dans le fond)…
Certes, les musiciens impliqués dans le projet avaient suffisamment de bouteille pour accoucher d’un album pareil. Mais Bluesbound Train surprend quand même de son mélange de maîtrise absolue et de feeling bourru, tout en restant suffisamment fin pour séduire tous les fans de Rock, de Blues, et de Hard Rock qui usent leurs oreilles à la recherche d’une musique sincère qui fédère.
Un trip à tenter live bien sûr, puisque c’est sur scène que ces instrumentistes donnent le meilleur d’eux-mêmes. Mais achetez votre billet, et montez dans leur wagon. Vous pourriez dire adieu à la frime et à la superficialité pour de bon.
Titres de l'album:
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19