Avant même la sortie de leur premier LP, les mexicains de JET JAGUAR avaient une lourde épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ils étaient en effet attendus au tournant, étant le premier groupe hispano-américain à remporter le Wacken Open Air Metal Battle en 2017 en Allemagne, fier du Heavy Metal classique et puissant. Se situant justement en converge du Heavy et du Power Metal, les mexicains étaient venus défier les locaux sur leur propre terrain, et leur victoire attira la poursuite sur eux, ne leur donnant pas le droit à l’erreur. Certes, le groupe était déjà auréolé d’un premier EP et de tournées promotionnelles au Mexique, mais le passage sur Pride & Joy Music et l’attention du public qui exigeait la concrétisation de ce coup d’éclat les condamnait de facto à transformer l’essai et à publier non un simple album, mais un véritable manifeste de talent. Les originaires de Cancun ont abordé cette situation délicate de la façon la plus intelligente qui soit : en ne changeant rien à leur optique, et en conservant leur identité qui leur avait permis de se démarquer durant cette âpre bataille entre groupes méritants. Il n’est donc pas étonnant de constater qu’Endless Nights n’offre rien de plus que Zero Hour, leur premier témoignage moyenne-durée. Pour la faire courte et résumer l’histoire de ces sympathiques musiciens venus du Sud, avouons qu’à l’instar de bon nombre de leurs contemporains, ils s’épanouissent dans un Metal hautement nostalgique des années 80, allant piocher leurs références dans la longue liste des cadors de l’époque, IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST, HELLOWEEN, CROSSFIRE, ACCEPT, et autres défenseurs d’un Metal puissant et franc du collier. Mais l’avantage des mexicains sur le reste du cheptel old-school est qu’ils n’hésitent pas à varier les plaisirs, à tel point que ce premier album se pose en best-of des plus grandes années du Hard n’Heavy.
En effet, loin de se contenter d’une seule optique, le quintet habile et malin (Maxx Mendoza - chant, Sergio Güez et Nehuen Pacheco - guitares, Jorge Ramírez -basse et Jimmy Lozano - batterie) sort parfois de sa zone de confort puissante pour proposer des choses plus nuancées et bien balancées, osant même deux morceaux dans sa langue natale, ce qui ne fait qu’épicer quelque peu des débats qu’on augurait très prévisibles. Ne jouons pas le dithyrambe qui n’a pas lieu d’être, Endless Nights n’a qu’une seule chose en plus à offrir par rapport aux dix ou vingt livraisons nostalgiques du mois : le talent de composition, cette façon de coucher sur papier des hymnes qu’on reprend en chœur, en utilisant tous les clichés et les poncifs à disposition pour les transformer en qualités. De fait, ce premier album est une sorte de greatest hits d’un groupe tout à fait conscient de son classicisme, mais aussi de ses qualités, et l’impression de voyage dans le temps est clairement palpable dès les premières minutes. Se reposant sur un duo de guitaristes volubiles en solo et solides en rythmique, JET JAGUAR incarne l’équivalent musical du fauve dont il a emprunté le nom et la noblesse, et se meut avec intelligence avant de porter le coup de griffe fatal. Loin d’agencer sa première attaque comme un bond immédiat et cruel, le quintet aménage des plages plus calmes, presque rassurantes, avant de nous lacérer d’un énorme coup de griffe Power Metal. Et la sensation, loin d’être effrayante est salement agréable, comme un safari non exempt de risques qui finalement se termine sans perte humaine.
Produit de main de maître par un spécialiste des voyages temporels, Endless Nights est en effet une nuit sans fin passée à réécouter les classiques de notre jeunesse, les classiques enregistrés par JUDAS PRIEST, HELLOWEEN, IRON MAIDEN, mais aussi DOKKEN, MÖTLEY CRÜE, et même SURVIVOR et BONFIRE pourquoi pas, quand l’ambiance se tamise et que les sentiments effleurent la lune (« Tormenta »). Loin d’être des concessions, ces morceaux plus intimes permettent d’apprécier le reste d’un répertoire plus musclé, qui toutefois ne tombe pas dans les travers du recyclage un peu trop fidèle. L’identité du groupe, contrairement à ce que certains webzines ont affirmé est bien réelle, et repose sur une osmose parfaite entre les musiciens qui connaissent leurs classiques et les jouent à leur façon. On est ainsi pris immédiatement à la gorge par le surpuissant « Jet Ranger », qui après une longue intro spatiale montre les crocs et mord à pleines dents dans la gorge du patrimoine Heavy classique, avec sa rythmique à la Harris/McBrain et ses riffs dignes de la paire Tipton/Downing. Les chœurs en arrière-plan suggèrent que la nouvelle génération a tout compris au sens de la séduction populaire, et le tourbillon proposé par les mexicains nous emporte dans les hautfonds, à la recherche de notre adolescence perdue. La voix haut perchée et légèrement nasillarde de Maxx Mendoza permet de s’éloigner des références que sont Rob Halford, Bruce Dickinson et Midnight, et colore la véhémence d’une petite touche Sleaze assez légère pour aérer la puissance globale. Et comme pour montrer l’étendue de ses capacités, le groupe enchaîne sur un Hard traditionnel, jouant le boogie pour mieux brouiller les pistes, et surtout prouver qu’il n’est pas unidimensionnel.
Recyclant d’anciens morceaux pour les mettre sous la lumière de 2020, le groupe singe ACCEPT dans ses grandes œuvres (« Blinding Lights »), et en profite pour proposer une fois encore son hit le plus connu (« R.O.D. (Race or Die) ») qui cavale bon train pour nous rappeler le meilleur d’HELLOWEEN et STRATOVARIUS. Sur les dix titres de l’album, trois sont donc des adaptations d’anciens morceaux, mais les nouveaux n’ont pas grand-chose à leur envier, et lorsque l’ambiance se tamise et que l’humeur se veut plus posée, le groupe n’en perd pas pour autant sa pertinence, et lâche des tubes que la Californie des mid eighties aurait adoptés (« No Surrender »). Conscient de ne rien révolutionner dans le petit monde du flashback respectueux, JET JAGUAR joue crânement la carte de l’admiration, mais la joue sans nous flouer en composant des morceaux vraiment remarquables, qu’on chantonne en chœur et qu’on retient bien après les avoir écoutés. Oscillant constamment entre vitesse conséquente et maîtrise raisonnable, le quintet lâche parfois la vapeur pour se rapprocher d’un VICIOUS RUMORS carburant à la nitro (« Final Prayers »), avant de freiner d’un Hard Rock plus modéré, mais pas moins accrocheur (« Nunca Mas »). Terminant sa folle équipée par son cheval de bataille, « 10,000 Voices », le combo montre qu’il est capable de grands achèvements et de constructions plus évolutives, ce qui est plutôt de bonne augure pour son avenir. Et après vérification en longue-durée, on comprend parfaitement comment le groupe a levé son épée en signe de triomphe à la fin du Wacken Open Air Metal Battle. Ils incarnent en effet des guerriers modernes, usant d’armes traditionnelles, avec une foi sans bornes en leur propre quête.
Titres de l’album:
01. Jet Ranger
02. Mr. Lee
03. Blinding Lights
04. R.O.D. (Race or Die)
05. Tormenta
06. Up to the Top
07. No Surrender
08. Final Prayers
09. Nunca Mas
10. 10,000 Voices
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