En mémoire du passé, on s’accroche parfois à des souvenirs qui n’ont plus aucun lien avec la réalité. Ma première rencontre avec PAINKILLER remonte à 1991, lorsque j’avais remarqué cet album étrange publié sur mon label fétiche de l’époque, Earache. Le line-up m’avait méchamment intrigué, mais surtout la présence de Mick Harris derrière les futs. L’homme m’ayant conquis du temps de NAPALM DEATH, je me demandais bien ce que son association avec le bargeot John Zorn et le frappé Bill Laswell pouvait donner. Mais je n’étais pas vraiment préparé au choix bruitiste qui m’attendait. Si les parties de batterie d’Harris étaient assez similaires à ce qu’il avait pu produire du temps de ND et DEFECATION, le saxo hanté de Zorn et la basse grondante de Laswell ne faisaient pas partie de mon vocabulaire musical, encore vierge en termes de Free-Jazz.
Aujourd’hui, plus de trente ans plus tard, ce nouvel album devrait trouver en moi un écho certain, réminiscent de ces années de folie qui ont succédé à Guts Of A Virgin et Buried Secrets. Je l’ai donc religieusement écouté, comme un artefact précieux retrouvé totalement par hasard, mais le temps a fait son affaire, et PAINKILLER ne ressemble beaucoup à ce qu’il a incarné au début de sa carrière. Ce qui est logique, et finalement, une très bonne chose.
Ne parlez plus à Mick de batterie, ça ne l’intéresse plus. Il préfère nettement ses recherches de samples et ses textures Dub. Même chose pour Bill. Basse laissée dans le placard, et strates bruitistes pour agrémenter une rythmique tout simplement énorme. Seul John a conservé son instrument fétiche qu’il fait encore couiner comme un psychopathe en manque de victimes. Le pauvre saxophone est torturé au-delà de toute mesure, et se plaint, pleure, vomit, reprend son souffle péniblement, pour se voir une nouvelle fois sali. C’est ainsi, et c’est le visage qu’offre Samsara.
Découpé en huit chapitres de durées variées mais d’intensité égale, Samsara est une expérience finalement assez facile à tenter. Si l’on met de côté les déviances toujours plus perverses de Zorn, le reste est tout à fait digeste, et navigue entre Electro symbolique, Dubstep Ambient, et parfois, Trap timide. Nous sommes loin de ces crises de folie qui avaient transformé les deux premiers albums en électrochocs impitoyables, mais la démence n’est jamais loin, et le feu couve encore sous les couches de sons hétéroclites assemblés par Bill et Mick.
Du coup, la question se pose, inévitablement. PAINKILLER doit-il trouver un écho dans nos colonnes, puisque les seuls éléments qui le reliaient à l’univers Metal ont complètement disparu ? Peut-on quand même raccrocher les wagons en mettant l’accent sur cette tension permanente et ces graves qui bourdonnent comme des mantras ? Je le pense, d’où cette chronique aujourd’hui qui risque de faire mal aux yeux des puristes. Mais après tout, who cares ?
Samsara est impeccablement produit, et se pose en bande-son idéale d’une époque tétanisante d’horreur. Les vrilles de John sont toujours aussi incontrôlables, son toucher maniaque, et ses envolées hystériques, à la limite de l’hôpital psychiatrique. Privilégiant toujours l’option la plus abrasive avec les sons les plus aigus, Zorn ne cherche qu’une seule chose, transcender le Free-Jazz pour le transformer en Némésis absolue. Il y parvient sans peine, son instrument ne se taisant que par rares intermittences, comme sur l’intro plus facile de « Samsara V ». Intro plus facile, mais déroulé cauchemardesque. Le sax se coince sur une note, l’époumone jusqu’à l’apoplexie, avant de se figer sur un triolet démoniaque à rendre fous les habitués de Verve.
L’album n’est pas construit comme un crescendo, mais comme une playlist homogène diffusée dans une boîte quelconque, entre Londres et Amsterdam. La linéarité du traitement est soulagée par la variation des sons utilisés par la paire Harris/Laswell, qui se font plaisir sur « Samsara VI ». Beaucoup de souplesse, une Jungle endiablée, et des sonorités industrielles plus proches de l’EBM que de GODFLESH.
Symptomatique du virage pris par deux des trois musiciens ces dix dernières années, Samsara est un album très honnête, assez répétitif, mais en phase avec son discours. Les quelques ruptures sont appréciables, et permettent d’enlever la buée sur les lunettes avant que Zorn ne soit repris d’une crise de gesticulation buccale.
Pas simple, mas PAINKILLER n’a jamais fait partie des groupes les plus aisés à comprendre, encore moins à accepter. Cette musique se soit de déranger, de provoquer, d’irriter, pour rester conforme aux idéaux d’époque. Tout à fait à sa place sur le label de John, ce nouvel album n’ouvre pas de nouvelles perspectives, mais entérine une idéologie d’ouverture, et de confrontation entre le monde de l’électronique et ce satané saxo qu’une énorme prise de xanax ne viendrait pas calmer.
Plus mature, et parfois, surprenant. « Samsara VII » navigue au long d’une mélodie plus typique, avant de reprendre les débats habituels. Mais ces quelques mesures harmoniques réchauffent le cœur. Et pour être certain que vous n’allez pas vous changer les idées, « Samsara VIII » joue les stridences et les notes traumatisantes.
Putain de saxo.
Ça me rend bargeot.
Putain de saxo.
Mais quel salaud.
Titres de l’album:
01. Samsara I
02. Samsara II
03. Samsara III
04. Samsara IV
05. Samsara V
06. Samsara VI
07. Samsara VII
08. Samsara VIII
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