En plein Euro de football (balle au pied, soccer pour les américains), alors même que la garde suisse du Vatican nous a fait mettre le genou à terre, voici une nouvelle attaque, venue cette fois-ci de Pologne, aussi sportive, mais plus musicale. Fondé en 2014 à Gdansk, PANDEMIC OUTBREAK sort en 2021 son premier longue-durée, après avoir lâché deux moyen-formats, et légèrement évolué dans son approche de l’extrême. Après une première partie de carrière consacrée au mixage Speed/Thrash, puis aux joies du crossover, les polonais changent leur fusil d’épaule, visent plus large, et s’épanchent désormais dans un Death/Thrash plutôt Death d’ailleurs, histoire de s’attirer un nouveau public et d’être plus en adéquation avec leurs inclinaisons. Supportés par le label chinois Awakening Records, PANDEMIC OUTBREAK bombarde donc le reste de l’Europe mais aussi l’Asie avec son terrifiant et solide Skulls Beneath the Cross, premier album qui vient sanctionner sept années d’existence, et mettre un point final à un petit hiatus.
Szymon "Rezus" Wójcik (batterie), Menzel (guitare/chant), les deux membres fondateurs, prennent donc leur revanche sur le destin en compagnie de Paweł Snarski (guitare, depuis 2016) et Kotwa, le nouveau bassiste, en nous proposant un album d’une violence soutenue qui n’est pas sans évoquer un bon compromis entre le Death robuste de l’est des années 90, et la mouvance Death/Thrash européenne et ricaine des DEMOLITION HAMMER et SADUS.
Du violent donc, mais du construit surtout, des compositions affinées qui ne négligent pas l’atmosphère au profit de la puissance générale, et un classicisme assez goûtu en bouche. Impeccablement bien produit, avec une basse ronde au premier plan et des riffs qui tournent de façon cyclique, une légère empreinte MORBID ANGEL dans les accès les plus brutaux et ceux plus techniques, pour un assaut sonique de quarante et quelques minutes suffisamment varié pour intéresser les fans de violence pertinente. Si l’ensemble est encore un peu trop traditionnel pour convaincre les fans à l’aise dans leur époque, les nostalgiques de tout poil seront charmés par cette franchise de ton qui rappelle parfois les collègues de VADER, en version moins explosive et chaotique.
Pour avoir un bon aperçu des capacités polonaises, autant vous envoyer directement la doublette magique « Infected Identity » / « …In the Name of God », qui en douze minutes synthétise bien la philosophie des PANDEMIC OUTBREAK. Philosophie centrée sur l’alternance des plans, souvent rapides, parfois supersoniques, mais aussi lourds et emphatiques, pour un survol de la scène Death de ces trente ou quarante dernières années, nuancée de quelques riffs et syncopes plus caractéristiques du Thrash de papa. Très efficace dans la montée des tours, le quatuor sait aussi manier le mid-tempo qu’il maltraite à loisir, avec en exergue ce chant sourd et grognon, hérité des plus grands vociférateurs des nineties.
Si la batterie sonne encore un peu trop triggée dans les blasts et autres roulement de grosse caisse, le son global est souple, et ne fatigue pas les tympans avant l’heure. Découpé en deux parties bien distinctes, Skulls Beneath the Cross (sorte de croisement entre “Skull Beneath the Skin” et “Once Upon the Cross” autrement dit) privilégie en sa première moitié les morceaux les plus épidermiques et impulsifs, avant de laisser place à des digressions plus riches et moins systématiques. De fait, « Human Trophy » propose une intro groovy du plus bel effet, avant que le Death de tonton ne caracole avec son cortège de violence et de sévices rythmiques. Très performant, Szymon "Rezus" Wójcik n’a rien perdu de sa précision et de sa fluidité, et agrémente les morceaux de quelques acrobaties intéressantes à la Pete Sandoval, malgré une production trop compressée pour être honnête.
Tout ceci est donc bien agencé, témoigne d’une volonté de s’écarter d’un style de base trop soft, et se complaît pour le moment dans une efficacité redoutable, remisant les ambitions d’originalité au local de répétition. Et si parfois les plans se font leur propre écho, si certaines compositions un peu trop timorées viennent encombrer le métrage, quelques mélodies bien placées et des breaks plus ou moins inventifs permettent de s’accrocher sans trop forcer.
On appréciera de fait le title-track, porté par un riff hautement redondant, mais terriblement persuasif, et le final « Into the Realm of Madness », qui permettent de relier le tout à la locomotive Thrash sans trop pomper sur son charbon. Délibérément plus Death que Thrash d’ailleurs, le combo ne doit l’association des deux termes qu’à une poignée de riffs plus Bay-Area que la moyenne, placé de ci de là, qui nous rappellent les débuts du groupe avant son lifting. Belle sortie, formelle, encore un peu trop peut-être, mais avec des idées qui laissent à penser que les PANDEMIC OUTBREAK pourront à l’avenir s’extirper de la masse grouillante des nostalgiques indécrottables.
Titres de l’album:
01. Pandemic Protocol (Intro)
02. Along the Stream
03. Personification of Evil (F.F.F.)
04. Rise of the Damned
05. Infected Identity
06. …In the Name of God
07. Human Trophy
08. Obliterated Past
09. Ritual Annihilation
10. Skulls Beneath the Cross
11. Into the Realm of Madness
Vraiment excellent ce truc !!
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19