Alors que je n’ai même pas encore approché les doigts de mon clavier, je me demande par quelle accroche je vais entamer cette chronique. Je me demande encore quelles formules je vais recycler, quelles métaphores je vais refiler, quelles images je vais enfiler. Après tout, après avoir consacré tant d’espace aux groupes old-school, les idées viennent à manquer ; ne m’en voulez-pas. Depuis l’émergence de cette scène au début de notre nouveau siècle, beaucoup se demandent jusqu’où tout ça va aller, et si finalement, ce mouvement nostalgique minoritaire au départ n’est pas devenu la norme Metal, au même titre qu’une seconde NWOBHM rebaptisée NWOWHM (New Wave of Worldwide Heavy Metal), puisqu’on ne parvient même plus à compter les groupes y adhérant de facto. Le phénomène pourrait devenir pénible pour certains, et il l’est déjà je pense. Aussi travaillé soit le mimétisme, aussi sincère soit l’hommage, le fan et le journaliste sont en droit d’attendre d’un groupe autre chose qu’un fac-similé absolu, les copies les plus parfaites ne restant que des copies. Que m’importe de savoir qu’une bande de suédois hirsutes sont capables de synthétiser à la perfection IRON MAIDEN et ANGEL WITCH, ou que des américains en goguette connaissent le secret de l’hybridation totale entre MANILLA ROAD et TREPASS ? La performance est notable certes, mais où est le talent créatif ? Car reprendre à sa sauce des morceaux et styles accusant vingt, trente ou quarante ans d’âge n’est pas phénomène extraordinaire. N’en déplaise aux puristes, c’est le fonctionnement de la mode qui recycle tous les vingt ans les tendances d’il y a trente ans. De là à dire que la scène Hard-Rock fonctionne comme la mode, il n’y a qu’un pas…que je franchis allègrement. Et parfois, aussi gustative soit la musique, j’ai envie de sanctionner des musiciens incapables de faire preuve d’un minimum de culot, et se contentant de reproduire à l’identique des sonorités éprouvées depuis longtemps. D’où le cas des TRAVELER, qui n’ont pas voyagé bien loin dans l’espace, et un peu plus dans le temps.
Formé à Calgary, Alberta, TRAVELER est l’exemple type de groupe nostalgique, qui reprend peu ou prou les notes de ses idoles dans l’ordre de la partition initiale. Depuis 2017, le groupe a successivement lâché une démo en 2018, puis un split, avant d’agiter l’underground canadien en 2019 avec un premier album éponyme, fort apprécié des médias et des fans. The Metal Archives accuse d’ailleurs un ratio de 86% de satisfaction envers Traveler, qui en effet, avait bien des qualités. Les qualités qu’on retrouve sur les œuvres de bon nombre de groupes versés dans le rêve d’un temps ancien, où tout était encore possible et restait à faire, ce temps béni non des colonies, mais de l’Europe de l’orée des 80’s. Avec un tel capital sympathie initial, il était évident que le quintet (J.P Abboud – chant, Matt Ries – guitare, Torying Schadlich – guitare, Dave Arnold – basse, Chad Vallier – batterie) ne pouvait pas rater le virage du second LP, et c’est ainsi que le groupe n’a pas changé sa guitare d’accordage pour proposer une digression sur le même thème, à savoir celui d’un Heavy Metal clairement épique ne rechignant pas à s’aventurer en terre Hard Rock mélodique et plus souple. Le lettré reconnaîtra immédiatement l’influence de l’IRON MAIDEN première génération, avec ce Heavy claquant et légèrement brut, mais il décèlera aussi des références plus obscures, les TRESPASS, HEAVY PETTIN, STORMWITCH, mais aussi les contemporains d’ENFORCER et HAUNT, les preux chevaliers reprenant la croisade là où elle avait commencé. Alors, du recyclage en bonne et due forme encore ? Oui, mais du bon comme vous pouvez l’imaginer, même si le système commence à plier sous le poids de répétitions un peu trop évidentes pour être tues.
Produit par Matt Ries, Jan Loncik et Jean-Pierre Abboud, mixé par Jan Loncik, et arborant une pochette dessinée par Dylan Barstad et colorisée par Brenden Rockey, Termination Shock est donc la suite logique de l’entame Traveler, et se pose en résumé parfait de ces années de créativité folle de la NWOBHM, mais aussi de la scène Heavy Américaine, avec quelques touches canadiennes de l’époque lorsque le tempo s’affole (EXCITER) ou que le Heavy bastonne (SWORD). Rien de bien nouveau à se mettre sous les oreilles, mais une qualité de composition indéniable, et palpable dès « Shaded Mirror ». La méthode est toujours la même, des riffs d’acier empruntés à la vierge de fer, des mélodies à la tierce héritées du THIN LIZZY, une énergie de tous les diables transfusée de JUDAS PRIEST, et quelques clins d’œil à des ensembles plus confidentiels, pour éviter la repompe pure et simple. Le tout fonctionne selon un principe simple de copier/coller ludique, avec toujours des plans qu’on cherche à identifier, et surtout, grâce à une énergie sans faille et une foi sans borne en ce Heavy franc du collier qui peut parfois dégénérer en Power Metal light citant les débuts d’HELLOWEEN et de SCANNER. Ainsi, « Deepspace » nous laisse décoiffés par une vitesse d’exécution assez inhabituelle chez les canadiens, rappelant les miraculeux WILD DOGS de Reign of Terror, tandis que « STK » fluidifie la puissance d’un Hard Rock/Heavy Metal plus traditionnel. Ce dernier morceau a d’ailleurs été offert sur un plateau par Jean-Pierre Fortin, bassiste de DEAF DEALER (le dispensable Keeper of the Flame sur Steamhammer dans les années 80 et le plus recommandable Journey Into Fear en 2014), et s’intègre parfaitement au répertoire des canadiens, trop heureux de donner à ce cadeau l’emballage qu’il méritait.
Musicalement et individuellement, les musiciens sont toujours aussi carrés, avec une paire de guitaristes n’hésitant pas au moment de coucher des soli, une section rythmique solide à défaut d’être inventive, et un chanteur au timbre délicatement passé. Mais la force de TRAVELER est cette capacité à moduler les ambiances pour survoler cinq années de défrichage Heavy, ces cinq années séparant les débuts de la NWOBHM et le tournant plus sophistiqué de 1985, en proposant des modulations plus tamisées, mais néanmoins héroïques (« After the Future »), qui contrebalancent parfaitement les attaques rapides les plus franches (« Termination Shock », du SATAN/PARIAH dans le texte, avec un brin de TANK). En offrant donc une bonne moyenne d’inspiration, Termination Shock se laisse écouter avec plaisir, de la même façon qu’on peut se délecter d’un nouveau HAUNT, le tout se terminant dans un délai raisonnable, juste avant que la lassitude ne prenne le pas sur le plaisir. Mais qu’écrire sur ces groupes devient difficile, tous utilisant les mêmes ficelles, empêchant le chroniqueur d’utiliser des formules sortant de l’ordinaire.
Titres de l’album :
01. Shaded Mirror
02. Termination Shock
03. Foreverman
04. Diary of a Maiden
05. STK
06. After the Future
07. Deepspace
08. Terra Exodus
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48