Abstract Existence

A Dead Poem

13/12/2024

Personal Records

Quand on choisit de s’appeler A DEAD POEM, c’est qu’on répond à un besoin de mélancolie, de lancinance, de souvenirs passés, de photos jaunies et de meubles poussiéreux. Comme une vieille bâtisse abandonnée revenant du trépas à la vie, exhibant sa magnificence avec toute la modestie des lieux laissés vacants pendant des décennies. Et à l’écoute de ce premier album, la sensation est saisissante. Les boiseries craquent, l’horloge arrêtée depuis des lustres reprend le cours de son temps, et les vitres laissent passer le soleil comme pour mieux éclairer l’oubli.

Un poème en soi, qui toutefois garde ses rimes intactes pour ne pas dénaturer son propos.

A DEAD POEM, duo originaire de Nova Friburgo n’a donc pas grand-chose à voir avec ces déchets charriés par un underground de plus en plus imbuvable et intraduisible. Non, Marlon Combate (guitare/basse) et Be Misanthropic (chant/guitare/claviers/batterie) se détournent des codes bruitistes en vogue chez les labels les plus noircis, et propose à l’auditeur un voyage intérieur à la recherche d’un amour défunt. Leur musique, libre et affranchie emprunte aux codes du Doom, du gothique, et même au Black Metal ses inclinaisons vocales si particulières. Mais dans les faits, et avec un minimum d’objectivité, il n’est pas ridicule de comparer le duo à des institutions comme MY DYING BRIDE, PARADISE LOST ou KATATONIA.

Mais loin d’une série B pour spectateurs peu exigeants, Abstract Existence se propose d’entrevoir la réalité d’une vie de plus en plus complexe et difficile à affronter. Un sérieux travail a été accompli sur les guitares, qui dévoilent des mélodies hivernales, et qu’une production massive mais claire met particulièrement bien en évidence. Si les riffs se veulent classiques, si les harmonies sont d’usage, c’est justement le dosage qui impressionne, cet élan Doom gothique que beaucoup ne supportent pas, lui préférant les atermoiements de circonstance pendant un deuil prolongé.

Parsemé de petits effets ludiques, mais aussi de reprises monstrueuses, ce premier album est un modèle de professionnalisme. Les compositions ont été triées sur le volet, et si le timing s’étire souvent au-delà des cinq minutes fatidiques, c’est pour mieux exposer des arguments pertinents, et des déviations concrètes.

A DEAD POEM ne cherche aucunement à se distinguer par un caractère imprévisible, mais par une qualité d’interprétation indéniable. Ainsi, la doublette « In Forgotten Dimensions »/« Abstract Existence » pose les bases de la philosophie renfermée, entre rideaux tirés et porte fermée à clé, mais les possibilités restent ouvertes. Une inspiration très 90’s, pour un relooking des traits gothiques que les musiciens adoptaient avec fierté il y a quelques décennies. On pense évidemment à pas mal de choses sorties sur Century Media, sur Peaceville, à CREMATORY, à une version moins tape à l’œil d’ATROCITY, mais surtout, et avant toute chose, à un bal donné en l’horreur de fantômes qui susurrent dans l’ombre un greatest hits des SISTERS OF MERCY et un best-of de THE MISSION.

Agressif dans la forme, abordable dans le fond, Abstract Existence est certes assez conformiste dans ses opinions, mais il campe sur ses deux guitares sans gêne aucune. « Before the Rising Sun » appuie un peu plus l’oppression et la claustrophobie, pour mieux nous coincer entre nos trous de mémoire, quelque part entre l’enfance et la maturité d’un quinquagénaire qui a vécu plus qu’il ne le devrait. Sans être violent, A DEAD POEM est puissant, et ne rechigne pas à laisser la double grosse caisse s’agiter dans l’ombre des persiennes. Par l’embrasure, le duo se livre à un exercice de voyeurisme musical, admirant les courbes dénudées d’une prêtresse tout de noir dévêtue, qui prépare un sabbat pas comme les autres.

« Dressed in Black » est son hymne à la liberté, à l’amour de la mort, des candélabres fatigués et des portraits qui fanent sous la lumière d’un automne précoce. On apprécie cette redondance qui permet à une idée de s’exprimer pleinement, et on déguste ces crises d’intensité qui placent le chant doublé au centre des débats. Le volume est parfois déraisonnable, mais l’effet recherché est maximal : instaurer un malaise sur la frontière séparant le purgatoire des limbes.

Peut-être qu’une transition de cordes eut été choix judicieux. En préférant enfiler les titres sans vraiment les distinguer, A DEAD POEM glisse parfois sur la redite, que des soli à l’économie peinent à éviter. L’alternance des humeurs devient une routine, et instaure une atmosphère de gel temporel qui si elle n’est pas désagréable, reste quand même méchamment cyclique.

« Silent Tears Fall » décide alors de jouer le jeu de la lourdeur extrême pour éviter l’ennui, se permettant même un riff redondant très accrocheur. Dommage que les deux musiciens n’aient pas aéré la pièce avant de la quitter, l’odeur de renfermé gâchant un peu le plaisir. Mais les nostalgiques du Doom gothique des années 90 sauront reconnaître de vrais passionnés qui partagent leur obsession.

La prochaine fois, messieurs, tentez quelques variations. Un brin de fantaisie n’a jamais fait de mal à qui que ce soit.

                                                

Titres de l’album:

01. In Forgotten Dimensions

02. Abstract Existence

03. Before the Rising Sun

04. Dressed in Black 

05. Obedience

06. Prayers to the Void         

07. Silent Tears Fall


Facebook officiel

Bandcamp officiel

par mortne2001 le 17/01/2025 à 17:46
75 %    219

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Truesouth
@189.38.57.178
09/02/2025, 11:22:05

Um som genuíno e nostálgico.

Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o álbum que muitos esperaram por décadas para ouvir. Em suma, este álbum colocou o trem de volta nos trilhos. Estou ansioso para ouvir o que vem a seguir.

Ajouter un commentaire


Derniers articles

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Rodimus

Excellent !!

27/05/2025, 13:11

Ivan Grozny

Cool qu'ils aient signé chez Osmose !

27/05/2025, 12:19

Humungus

J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...

26/05/2025, 07:32

Oliv

Et Avatar lol 

25/05/2025, 20:35

Humungus

Et accompagné de PANTERA !!! !!! !!!

25/05/2025, 07:32

Boomer Killer

@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?

24/05/2025, 07:15

Moshimosher

Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après  plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)

23/05/2025, 19:55

Humungus

Amen.

23/05/2025, 09:41

Jus de cadavre

Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)

22/05/2025, 17:52

RBD

On lui doit bien ça !

22/05/2025, 12:08

Humungus

Y nous en faut des comme ça en ZEP...

21/05/2025, 19:27

Jus de cadavre

Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...). 

21/05/2025, 17:13

Moshimosher

J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...

21/05/2025, 16:13

Gargan

Ses élèves ne doivent pas moufter...   

21/05/2025, 14:31

LeMoustre

Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire

21/05/2025, 07:33

Moshimosher

Euh... si cet uploading particulier ne date que de 2 semaines, le morceau a, quant à lui, été dévoilé le 30 janvier dernier ! (Bon morceau au passage !)

20/05/2025, 22:13

Gargan

'même pas une ref à un film de 1984 ;)

19/05/2025, 10:45

Simony

Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)

17/05/2025, 18:12

Ivan Grozny

Très belle affiche.

17/05/2025, 16:57