Aggressive Hauntings

Midnight Priest

10/05/2019

Metal On Metal Records

J’voudrais bien, mais j’peux point. Mais quoi au juste ? Être né plus tôt et avoir commencé ma carrière à la fin des années 70 ou au début des années 80 pour avoir connu ces prémices brûlants et cette émergence métallique qui encore aujourd’hui, a d’énormes répercussions. C’est plus ou moins le rêve secret d’un paquet de musiciens actuels à travers le monde, qui, frustrés justement d’avoir vu le jour un peu tard, font tout ce qu’ils peuvent pour faire croire que, et l’illusion marche…ou pas. Dans la plupart des cas, et lorsque le mimétisme est poussé au paroxysme (production fanée, riffs décalqués, artwork estampillé, look étudié), on peut se prendre au jeu et oublier la date de péremption d’un album, tant il donne le sentiment d’avoir été enregistré trente ans plus tôt. Dans le pire des cas, et en ayant connu la vague initiale, tout ça prête à sourire, à rire ou suscite une indifférence polie pour ne pas verser dans le sarcasme. Mais vous pensez bien que si je vous parle ce soir de ce groupe lusophone, c’est que j’ai une bonne raison. Et elle est même double. D’une, ce combo a déjà rodé son excellent répertoire, et de deux, ses influences font partie de mes références les plus adoubées. Originaires de Coimbra, Portugal, les MIDNIGHT PRIEST et leur clin d’œil patronymique ne sont pas vraiment des débutants, puisqu’ils ont entamé leur carrière il y a plus de dix ans. Un an plus tard, première démo, puis un EP la même année, avant de débouler sur le marché pro avec un longue-durée dans les bottes (Midnight Priest, tout y était déjà). Huit ans plus tard, et un autre long sous le poncho (Midnight Steel, ils ne peuvent décidément rien faire avant minuit), les voici qui reviennent donc avec leurs histoires de fantômes qui vous poursuivent la nuit pour vous faire flipper avec leur imitation de MERCYFUL FATE et GRAVESTONE.

Les noms sont lâchés, et pas par hasard. Aggressive Hauntings, troisième chapitre de la saga MIDNIGHT PRIEST est en effet un joli mélange d’occultisme à la danoise et de pragmatisme lyrique Heavy à l’Allemande, et se paie le luxe de tenir le niveau de qualité de ses deux tomes aînés, qui ne faisaient pas semblant de croire au passé. Enrobé dans une splendide pochette au design casher, ce nouveau témoignage de la foi portugaise est une véritable leçon de nostalgie en riffs majeurs, et combine puissance, modulation et théâtralité pour vous faire encore plus rêver. Mais rêver à quoi ? A une sorte de mash-up géant de ces artistes que j’ai nommés, et auxquels je pourrais ajouter IRON MAIDEN, ACCEPT, JUDAS PRIEST évidemment, mais aussi des tonnes d’autres, puisque le cadre choisi permet de multiplier les pistes. Le quintette aux pseudos fleuris (Lex Thunder - chant, Iron Fist C. - guitare, Tiago Steelbringer - guitare, Speedfaias Axecrazy - basse et Alex "War Tank" Animal - batterie) n’a donc pas vraiment changé son optique, et a renforcé ce côté pluriel qu’on lui connaissait, au point d’incarner aujourd’hui la quintessence d’une mode old-school qui s’étouffe de son propre appétit de nostalgie. Toujours à cheval entre Heavy Metal emphatique et dramatique à la KING DIAMOND, MERCYFUL FATE et LIZZY BORDEN et efficience presque Speed et Power germanique, les cinq instrumentistes nous donnent une nouvelle leçon de savoir-faire à l’ancienne, en multipliant les interventions héroïques, les lignes de chant haut-perchées et au vibrato possédé, le pilonnage rythmique modulé mais affirmé, et ces neuf nouveaux morceaux (plus une intro), sont autant d’hymnes à une gloire ancestrale qui encore en 2019, fait vibrer la colonne vertébrale.

Headbanging guaranteed. C’est plus ou moins la synthèse que l’on peut faire de cet Aggressive Hauntings, qui sans égaler une fusion entre Don’t Break The Oath et Menace To Society, en atteint parfois l’intensité dans la tragédie, grâce notamment à une belle complémentarité entre une paire de guitaristes capables et un chanteur qui ne fait pas semblant de croire qu’il aurait pu incarner Don Giovanni ou Méphisto. Avouons-le, l’intérêt majeur de cette réalisation, en dehors de la qualité intrinsèque des compositions, c’est bien la voix unique de Lex Thunder, qui comme ce cher King Diamond, cet illustre Berti Majdan ou cet incontournable Lizzy Borden est capable de transcender n’importe quelle partie de guitare lambda pour la transformer en acte opératique aux conséquences harmoniques ténébreuses et opaques. Le beau se démène comme un diable, ou l’inverse, et utilise toute l’étendue de sa palette vocale pour suggérer une fascination pour le King ou l’autre Metal God, spécialement lorsque ses montées épidermiques dans les aigus rappellent les cris de fouine excitée de Rob Halford. Les fans savent évidemment tout ça depuis le début, mais si vous découvrez le groupe, « Funeral » fera une introduction tout à fait respectable au monde de MIDNIGHT PRIEST, qui une fois cette bombe de sorcellerie lâchée, ne déviera pas d’un pouce de sa trajectoire. Car malgré des ambitions sans cesse affichées, le reproche que l’on peut formuler à leur encontre est qu’ils ne varient que très peu leur approche, déjà testée sur des LP de l’envergure de Melissa, sans les inclinaisons progressives de l’ancien groupe de Hank Shermann.

Mais malgré les ressemblances, spécialement au niveau des tonalités et des tempi, les titres se montrent en tous points convaincants, osant même parfois des cavalcades typiques du MAIDEN de transition (« Aggressive Hauntings »), ou une agressivité virile symptomatique du PRIEST le plus velu (« Eyes in the Dark », le meilleur mélange corsé à base de MERCYFUL FATE et JUDAS que vous pourrez trouver). C’est évidemment très bien fait, très bien joué, avec une cadence qui augmente de temps à autres pour taquiner la vague Power germaine (« Eyes in the Dark », on s’y croirait, merci GRAVESTONE, HELLOWEEN et tous les autres, et même ACCEPT tiens), et surtout des idées condensées en une poignée de minutes. Et sous la barre des trente-cinq, cet album ne lasse donc pas, malgré ses répétitions un peu flagrantes parfois, puisqu’il y a toujours un solo, une tierce, une embardée vocale pour nous éviter l’ennui. Paroles gentiment occultes, accalmies Hard accrocheuses comme un succube sur la bouteille de chartreuse (« Sin for Satan », là sincèrement les gars, le Kink pourrait vous en vouloir de le copier à ce point…), et finalement, on se laisse séduire malgré les redites, les facilités, et cette tendance à mélanger inspiration et conspiration, avec des mélodies et des accroches qui paraissent plus chipées qu’empruntées avec le désir de les rendre. Un genre d’ENFORCER en version plus empruntée, et plus concrètement, un retour aux sources pour les portugais de MIDNIGHT PRIEST, qui reviennent vers leurs débuts pour alimenter leur présent et leur avenir. La boucle est donc bouclée, et ça tombe bien, car je voulais bien, même si je ne peux point…toujours.        

 

Titres de l’album :

                          1.The Law

                          2.Funeral

                          3.Aggressive Hauntings

                          4.Eyes in the Dark

                          5.Holy Flesh

                          6.Ecstasy

                          7.Sin for Satan

                          8.Iron Heart

                          9.On Your Knees for Metal

                         10.Black Leather

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par mortne2001 le 21/07/2019 à 19:02
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